Gate - Partie 1 - Actualité manga
Dossier manga - Gate - Partie 1

L'isekai détourné


On a déjà eu l'occasion d'en parler par le passé, l'isekai, est un type d'oeuvre plus que jamais en vogue au Japon. Ce type de récit tire son nom de la contraction entre deux mots japonais, dont la signification est en gros « autre monde ». A partir de là, on comprend tout naturellement que ce mot désigne ces nombreux récits qui propulsent leur héros dans un autre univers généralement typé fantasy, alors qu'à la base celui-ci vivait une existence plutôt banale.

Si l'on remonte loin et que l'on ne s'attarde pas uniquement sur le Japon, ce procédé de propulsion de quelqu'un dans un autre monde inconnu est loin d'être nouveau, et on le trouve par exemple dans bien des récits littéraires occidentaux, tels que Le Monde de Narnia ou, plus anciens, Peter Pan ou Alice au Pays des Merveilles, pour ne citer que les noms les plus connus. Mais le nom isekai, typiquement japonais, se réfère essentiellement aux œuvres nippones et a réellement percé ces dernières années. Parmi ses premiers vrais représentants très connus, on peut nommer Zero no Tsukaima, light novel lancé en 2004.

L'isekai peut lui-même se diviser en certains sous-genres.
Certains récits, comme Re:Zero ou The Rising of the Shield Hero, choisissent le procédé de la propulsion dans l'autre monde sans crier gare.
D'autres choisissent le procédé de la réincarnation : le héros meurt d'abord dans son monde, pour se réincarner ensuite dans l'autre monde. C'est le choix qui a été fait pour des light novels/mangas comme Re:Monster, Mushoku Tensei ou Moi quand je me réincarne en slime.
Enfin, il y a le cas des univers virtuels, dont la frontière isekai/pas isekai reste indécise, dans la mesure où les personnages sont à l'origine dans un jeu, qu'ils peuvent y être coincés, mais qu'ils reviennent parfois dans leur monde. On pense ici à Sword Art Online, à Log Horizon, ou encore au manga à la française Outlaw Players.

Que ce soit en light novel, en manga ou en animation, ce type de récit a littéralement explosé depuis 10-15 ans, et les auteurs doivent alors rivaliser en idées pour démarquer leur œuvre.
Il y a les récits qui vont faire du personnage principal une autre créature dans sa réincarnation, comme pour Re:Monster (le héros est un gobelin) ou Moi quand je me réincarne en slime (tout est dans le titre !)... Toutes les créatures semblent possibles, promettant alors une grande diversité de possibilités.
Il y a aussi les récits qui vont choisir un personnage principal un peu plus sombre, dans une moindre mesure pour The Rising of the Shield Hero, ou totalement concernant Overlord dont le héros est un nécromancien mort-vivant de pure dark fantasy.
Overlord, d'ailleurs, fait aussi le choix malin de détourner un peu les codes des univers virtuels : son héros est à la base un joueur de MMORPG, mais le jeu sur lequel il passe son temps finit par se matérialiser comme un vrai monde de fantasy à part, et il ne peut plus en sortir et va y mener une nouvelle vie.
A l'opposé de récits sombres comme Overlord, il y a les œuvres jouant sur l'humour et la parodie d'isekai, on pense ici à Kono Subarashii Sekai ni Shukufuku o!.

Dans tout ceci, le cas de Gate apparaît assez unique dans son concept, puisque notre monde et l'autre monde fantasy, nommé « zone spéciale », sont connectés par une porte. Et c'est en exploitant cette idée de base que le récit laisse d'emblée deviner énormément de possibilités, qui ne se limiteront pas à la simple exploration de l'autre monde.





Diplomatie : les enjeux de deux mondes connectés


Dans un premier temps, on peut dire qu'il faut un peu s'accrocher pour bien se plonger dans la lecture du manga Gate, qui balance assez vite sa phase d'introduction, puis qui rentre rapidement dans le vif du sujet en s'éparpillant sur nombre de pistes à la fois. Mais une fois que l'on s'y est fait, on a, comme espéré au vu du pitch de base, vite fait de découvrir un univers foisonnant et aux multiples possibilités. Un univers qui a donc sans doute, comme première qualité, de ne pas se limiter à l'exploration de l'autre monde, et de s'intéresser également aux enjeux qui se dessinent sur le plan diplomatique dans notre réalité au sujet de ce nouvel univers. En effet, ni 100% fantasy ni 100% réel, Gate se présente très rapidement comme un mix intelligent des deux.

Forcément, la découverte d'un tel univers attire rapidement les grandes puissances de notre monde. Les Etats-Unis aimeraient y exploiter à l'infini les ressources, la Chine y fonder une nouvelle nation chinoise... mais le seul accès vers cet autre monde se situant au Japon, on devine que l'oeuvre, sur la longueur, pourra être animée par des négociations et des conflits diplomatiques . Mais pour l'heure, dans cette première partie de l'oeuvre, cet aspect n'est pas encore hyper détaillé, même s'il y a déjà des dangers et des visites de personnage de la zone spéciale dans notre monde, mais nous y reviendrons un petit peu plus tard. Pour l'instant, ces aspects diplomatiques dans notre monde ne sont que mis en place, de façon plus ou moins musclée par moments, afin de bien nous faire comprendre dès le début que nous n'aurons pas là un énième titre de fantasy lambda.





Exploration : à la découverte de la zone spéciale


Pour le reste, les débuts de Gate invitent surtout le lecteur à découvrir diverses premières facettes de cet autre monde, et bien que le tout s'éparpille un peu sur beaucoup de choses à la fois sans donner immédiatement des informations ultra précises (par exemple, au départ on cerne très mal les relations d'alliance ou de conflit entre les différentes nations de ce monde). On peut se dire que cette découverte assez hasardeuse a son charme, car elle suit relativement bien le rythme des découvertes des FJA, et elle entretient une envie de découverte, avec un monde à déterminer et à cerner petit à petit au fil de l'exploration, un peu comme on le ferait dans un jeu de rôle.

Une chose est sûre, cela s'annonce très intéressant, car rapidement on a bien conscience que ce vaste univers typé fantasy possède son propre fonctionnement où se côtoient différentes espèces, et que la volonté d'amener un aspect réaliste à tout ça passe également par des éléments importants comme les problèmes de langue, qui empêchent les FJA de communiquer efficacement avec Tuka, Rory et les autres. On pourra également s'amuser à essayer de repérer les clins d'oeil dans les noms des personnages (aaaah, Pina Co Lada), ainsi que les références des noms de lieux et de rivière. Au-delà des différentes espèces qui feront rêver les amateurs de fantasy, certains personnages  laissent bien déjà deviner certaines bases de l'univers global. Ainsi, la mage humaine Lelei permet d'emblée de comprendre que la magie existe dans ce monde. Mais il y a surtout le cas de Rory, l'apôtre du dieu de la mort Emroy, capable de tuer sans états d'âme, connaissant même la jouissance quand les âmes des morts la traversent, et laissant deviner la présence de religions assez nébuleuses.

Dans la première partie de l'oeuvre, la découverte de la zone spéciale se limite avant tout à une nation : L'Empire. Une contrée à laquelle Takumi Yanai offre clairement des influences de l'Antiquité gréco-romaine et méditerranéenne. Ne serait-ce que par les noms de lieux et de rivière : Italica (l'Italie), Tessalia (la Thessalie étant une région historique grecque), Elbe (sans doute un clin d'oeil à l'île d'Elbe située entre la Toscane et la Corse), la rivière Roma (Rome). Ou par les noms de certains personnages comme l'Empereur Molt Sol Augustus dont le nom fait référence à l'Empereur Auguste, Cicero La Moltose dont le nom renvoie à Cicéron, ou des noms en « us » comme Marcus qui rappellent le latin. Ou encore par l'architecture des bâtiments de l'Empire, parfois assez gréco-romains avec leur style assez imposant, leurs colonnes...
Au-delà de ses influences, l'Empire n'est pas là pour faire de la figuration, et on cerne assez vite que le pays, au-delà des nouveaux soucis qu'apporte l'apparition de la Porte, est également sujet à des conflits internes : menaces de bandits, ambitions de certains ministres... Des problèmes internes sur lesquels les FJA pourraient bien avoir une forte influence.
  
  
  


Gate Jieitai Kanochinite, Kakutatakaeri © SATORU SAO, TAKUMI YANAI by AlphaPolis Co.,LTD., Tokyo

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