Ailes Grises - Haibane Renmei - Actualité manga
Dossier manga - Ailes Grises - Haibane Renmei
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10/20

Exemple d'un univers bien pensé : les tenues

 
 
Comme dit précédemment, Haibane Renmei à bénéficié d'un énorme travail. Son auteur, Yoshitoshi ABe, a conçu près de 500 pages de script, afin de créer un univers cohérent et fourmillant de détails. Cette cohérence et ce souci du détail, nous avons déjà pu les voir à travers les richesses de la ville, le statut des Haibane, le rôle de la Haibane Renmei et des Toga... Un autre point représente parfaitement les petits richesses de l'oeuvre : les tenues des Haibane, ou comment un élément anodin prouve la cohérence d'un univers.

Dans de nombreuses séries, il ne sera pas vraiment question des vêtements. Pire encore, vous pourrez voir des héros se promener constamment avec les même habits. Dans Haibane Renmei, Yoshitoshi ABe a même pensé aux tenues des jeunes filles, qui peuvent varier ou porter tout un symbole.

L'aspect symbolique, il se voit dès le début, quand Rakka chute du ciel, puis quand elle naît. Lors de ces événements, son seul habit est un long bout de tissu blanc, aussi blanc que la pureté d'un nouveau-né. Juste après son réveil, la voici avec un vêtement assez similaire, une sorte de robe d'hôpital avec, dans le dos, des ouvertures pour les futures ailes. Par rapport à la première tenue, la couleur est d'un blanc plus terne, plus sombre, comme pour souligner la douleur que provoquera bientôt la poussé des ailes.
Une fois les ailes poussées et le magasin de vêtements de seconde main visité, vous verrez souvent Rakka dans une robe à col marin comportant dans le dos deux entailles permettant aux ailes de passer.
L'hiver, vous la verrez, comme tous les Haibane, se promener avec des cache-plumes, histoire de protéger les ailes du froid hivernal. Quant à sa robe à col marin, elle sera remplacée par une robe rouge, une veste foncée avec des bords blancs, des chaussettes foncées. Une tenue chaude faisant un peu tenue de Noël.
Vous pourrez aussi croiser la jeune fille en chemisier ou en pyjama, selon les situation.

Les autres personnages ne sont évidemment pas en reste, et voient leur garde-robe grandir au fil des épisodes.
Vêtue d'un sweat-shirt, d'un short et de chaussures de sport, Kuu verra sa panoplie s'agrandir quand elle achètera quand elle achètera un bonnet. Et la fillette ne sort jamais sans son sac, qui contient des crêpes faites par Reki sur sa demande.
Du côté de Hikari, en plus de ses lunettes, vous pourrez admirer une chemise blanche et une jupe brun foncé plutôt passe-partout. Elle est d'ailleurs la seule à porter une jupe arrivant au-dessus des genoux. L'hiver, elle la troquera contre une jupe plus longue et un pull couleur ivoire.
Kana possède une tenue très proche d'un vêtement traditionnel chinois, très pratique pour elle. L'hiver, elle le troque contre un duffle-coat et un pantalon qui collent très bien à son côté garçon manqué. Et quand elle travaille au clocher de la Vieille Maison, vous la verrez affublée d'un bleu de travail confirmant qu'elle ne fait pas un job de fille.
Nemu, de son côté, est vêtue d'un tricot léger et d'une jupe à hauteur des genoux qui collent bien à son rôle de bibliothécaire. L'hiver, vous la verrez avec un pull ras du cou marron, un gilet rose saumon et une jupe en tricot rouge foncé, le tout parfois accompagné d'un châle marron clair pour protéger les ailes du froid. Et quand l'heure de dormir est venue, la voici dans une longue robe de nuit, un peu vieillotte mais confortable, parfaite pour une fille comme elle qui adore dormir.
La tenue de tous les jours de Reki, quant à elle, se compose d'un haut en coton bleu marine en partie caché par un blouson bleu délavé, et d'un jupe longue de couleur rouge. Des vêtements qui se lavent rapidement, très pratiques pour elle qui exerce un travail qui n'est pas de tout repos. En hiver, le relais est assuré un pull à col roulé, un débardeur épais et une jupe en tricot épais, qui restent pratiques quand elle doit se déplacer en scooter. Vous la verrez également se couvrir un long manteau en laine marron clair et d'une écharpe... sans oublier les fameux cache-plumes.

En somme, voici une variété bienvenue et, surtout, bien pensée. En affublant ainsi des héroïne,s ABe reste cohérent et montre qu'il a pensé à tout, car les Haibane ne pouvant acheter que des vêtements de seconde main, leurs tenues restent simples, mais adaptées à leur travail et à leur caractère, et parfois fortes de symboles.
  
 
  
   
 

Et le scénario, alors ?

 
 
Il n'est pas oublié, rassurez-vous, et il risque de vous arracher quelques larmes. Commençant comme une série totalement contemplative, poétique, sereine, Haibane Renmei appuie entièrement, le temps des premiers épisodes, la découverte par Rakka d'un monde bourré de charme, que ce soit de par son architecture ou ses habitants. On suit avec plaisir le premiers pas de notre héroïne, plutôt paisible et chaleureux, des petites touches d'humour discrètes venant renforcer la sensation de bien-être qui émane de ce début de série.

Mais les choses deviennent plus dures après quelques épisodes, avec l'arrivée de l'hiver, de moments plus douloureux que je ne raconterai pas, pour ne pas en gâcher l'intensité. Séparation déchirante, maladie énigmatique... Des épreuves douloureuses arrivent pour Rakka, lui faisant comprendre que les Haibane ne sont pas là par hasard, ont un objectif à accomplir. Ce sera à elle de découvrir ce qu'il en est.

A partir de là, l'histoire de la série décolle pleinement, Yoshitoshi Abe mettant alors en place une histoire mélancolique, poignante, qui, grâce à un très forte symbolique, est portée par des thèmes forts : la mort, la rédemption, le péché, et, au final, l'amitié. Le grand final, particulièrement intense et émouvant, s'exerce à boucler la boucle avec intelligence, comme pour refermer le chapitre d'une histoire qui ne se finira jamais.

Mais arrêtons-nous là, en n'en révélons pas trop sur l'histoire. C'est au spectateur de la vivre lui-même.
  
  
  
  
 

Liberté d'interprétation

 
 
En dire trop ou ne pas en dire assez... Sur Haibane Renmei, le challenge est difficile, car la série imaginée par Yoshitoshi ABe fait partie de ses œuvres jonchés de mystères et de non-dits, que l'on prend plaisir à interpréter soi-même au fil de notre immersion poétique dans le monde de Gurii et des Haibane.

Ici, l'une des forces du récit est de ne pas offrir de réponses toutes faites, et d'inviter le spectateur à compléter par lui-même les trous, à chercher à s'immerger toujours plus dans l'univers des Haibane pour en découvrir toutes les richesses, au risque de ne plus jamais vouloir quitter ce monde aussi simple et chaleureux que bien huilé et envoûtant. Ou tout du moins, au risque de rester longtemps marqué par la série.

Ainsi, si les Haibane ont des apparences angéliques, le mot « ange » n'est jamais prononcé. De plus, pourquoi leurs ailes sont-elle grises ? Que représente cette couleur ? Peut-être y a-t-il un morceau de réponse dans la douleur et la violence visuelle provoquée par la poussée des ailes, douleur semblant devoir être la punition pour une faute passée...

Quant à la ville de Gurii, les interprétations peuvent être assez nombreuses. Pour ma part, j'y vois les restes d'une ville moyenâgeuse anglaise (les panneaux en ville étant anglais), reprise et reconstruite peu à peu par une société plus moderne (comme l'atteste la présence de scooters, de montres, d'éoliennes, d'électricité...), tout ceci dans un but mystérieux lié aux Haibane. Le tout dans un système inspiré de la féodalité, avec un Seigneur régissant la ville tout en veillant au bien de ses sujets, à ceci près que la Haibane Renmei remplace le Seigneur. Votre interprétation sera peut-être totalement différent, mais pas plus juste ou fausse que la mienne. Voici sans doute là l'une des forces du récit.

Mais je m'arrêterai là dans les interprétations, pour ne rien gâcher des questions que l'on se pose en regardant la série, et de la soif de découvertes et d'approfondissement que l'on ressent alors.

Les énigmes autour des Haibane et de Gurii sont encore nombreuses. En plus de leurs ailes grises, que symbolise les rêves faits par les jeunes filles juste avant leur naissance ? Que représentent les oiseaux, seuls êtres pouvant franchir le mur et quitter Gurii, et qui sont présents dès le début de la série, dans le rêve de Rakka ? Qui est exactement le Communicateur ? Que sont les Toga ?
Certaines réponses arrivent clairement au fil des épisodes, d'autres plus vaguement. C'est alors au spectateur de chercher à reconstituer toutes les pièces, s'il en a envie. Ca fait partie du charme de la série. Mais s'il n'en a pas envie, il pourra se contenter de suivre la vie quotidienne et les relations d'amitié (certaines étant très poignantes) des héroïnes, en se laissant envoûter par les charmes d'un univers aussi fascinant que bien pensé.
  
 

Ailes Grises : 2008 © Yoshitoshi Abe · Aureole Secret Factory

Commentaires

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rocketwarrior

De rocketwarrior [2127 Pts], le 30 Novembre 2012 à 18h30

19/20

bon on va remonter la note moyenne quand même de ce dossier même si le 1 ma bien fait rire ^^. très bon dossier pour une oeuvre que j'ai beaucoup aimé de part sa douceur et sa poésie. le cadre, les lieux et tout ce qui constitue l'ambiance est superbe. beaucoup de mystère et de liberté d'interprétation ! un poil déçu par la fin et certaines questions que l'ont se pose comme Rakka restent non résolues...ou que l'ont interprètes librement...

Olyus

De Olyus [876 Pts], le 25 Novembre 2012 à 12h56

Cest quoi cette note ??

Note des lecteurs 1 /20 ??????

Koiwai

De Koiwai [12669 Pts], le 23 Novembre 2012 à 18h52

Ah ben de mon côté, l'idée des Templiers ne m'était jamais venue à l'esprit. Le rapprochement est intéressant.

Comme quoi, côté liberté d'interprétation, c'est réussi ^^

VpourViennetta

De VpourViennetta [215 Pts], le 23 Novembre 2012 à 17h39

Le cadre est l'atout numéro un de la série. Le choix d'insister dessus semble des plus judicieux. En fait, comme dans Lain, l'histoire a surtout une fonction de fil rouge : apporter de la cohérence à l'ensemble. D'ailleurs, on le déduit naturellement du dossier.

Quant à l'analyse, tout pareil, en nettement moins réfléchi. *se la joue beaucoup moins* T_T

Par exemple, le coup des corbeaux, j'étais royalement passé à côté. Et les Toga, je les avais assimilés à de simples templiers : leur accoutrement, le cadre semi-moyenâgeux de Gurii, leurs rôles d'intermédiaires dans le financement de l'« organisation » et de protecteurs des Haibane (pélerins) m'avaient aiguillé dans cette direction. Le Communicateur pour moi, c'était juste un vieux templier avec un canne. :x

 

Koiwai

De Koiwai [12669 Pts], le 23 Novembre 2012 à 16h26

Dans le dossier, j'ai préféré m'intéresser à la richesse du cadre, en laissant un peu de côté l'histoire pour laisser une plus grande liberté d'interprétation aux lecteurs qui seraient tentés de voir la série :-)

 

Attention, risque de spoil pour qui n'a pas vu la série ! J'ai pris soin de ne pas trop en dévoiler dans le dossier, ici je vais répondre un peu à V, donc passez votre chemin si vous n'avez pas vu la série.

 

J'ai la même analyse que toi, V : un purgatoire caché dans un décor de paradis un peu paumé, hors du temps, un lieu où les suicidés ont tout à loisir de faire rédemption, protégés par cette curieuse Haibane Renmei. Le gris de leurs ailes symbolise leur péché, leur rêve est un souvenir de leur suicide (noyade, se jeter dans le vide, etc...). Le Communicateur me semble être un Haibane dont l'heure de l'envol n'est jamais venue, les Toga doivent sûrement être des Haibane déchus, qui ont raté leur envol. Sans oublier les corbeaux, symboles, de mort, qui sont les seuls à pouvoir franchir les murs de la ville...

Sinon, la fin dénote un peu par rapport au reste, on peu la trouver assez mièvre. De mon côté je me suis totalement pris au jeu de cette fin.

 

Et merci pour la note XD

VpourViennetta

De VpourViennetta [215 Pts], le 23 Novembre 2012 à 15h19

1/20

Bien vu, bien dit.

 

Le début de la série, avec le panorama de Gurii et le développement des personnages secondaires, reste mon meilleur souvenir : du contemplatif bien mené où on se laisse porter avec curiosité (et délice).

Par la suite, j'ai un peu décroché : plutôt que de ne pas avoir eu envie de compléter le puzzle, c'est la série et son déroulement qui ne m'ont pas encouragé à le faire. Pas grave, cette légère rupture n'a rien gâché.

En revanche, l'épilogue, lorsque le récit se focalise sur Reki… que c'est vite expédié et convenu. Dur à encaisser quand on attend une apothéose (j'en suis encore constipé). C'est là mon souvenir le moins convaincant de la série, et malheureusement, c'est celui qui domine.

 

Après avoir lu le dossier, on se prête davantage au jeu des interprétations. Plutôt qu'un paradis perdu, Gurii me fait penser à un purgatoire dans son sens premier — pas l'antichambre ardente et rédemptrice de l'enfer, mais celle du paradis, glacée et salvatrice. *se la joue, grave*

Ça me donnerait presque envie de revoir tout ça, avec un œil nouveau, mais pas tout de suite, je suis encore fâché. :p

 

Et non, pas de note à ce dossier. Ce serait malvenu.

Sinon 1, juste pour rire. :)

legna38

De legna38 [1044 Pts], le 23 Novembre 2012 à 13h14

Merci beaucoup pour ce dossier. Agréable à lire et en plus, j'ai appris des trucs =D .

Il devrait y avoir des séries aussi belles et aussi poétiques que celle-ci plus souvent.

Ce que je trouve incroyable, c'est que cette série a 10 ans et j'ai l'impression qu'elle n'a été faite qu'hier tellement la qualité visuelle est superbe. Alors que certaines séries récentes ou vieilles d'environ moins de 10 ans font un peu fades j'trouve = o .

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