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Publié le Jeudi, 22 November 2012
La réalisation
Dès le début, difficile de résister à l'ambiance contemplative de la série, où la mélancolie se mêle à une véritable poésie des images : une jeune fille recroquevillée sur elle-même tombant infiniment du ciel, les herbes des prairies de la Colline des Vents doucement balayées par le souffle de l'air, les éoliennes tournant paisiblement, les vieilles habitations de pierre au style authentique, les boutiques aussi simples que chaleureuses... ABe est parvenu à créer un monde en tout points fascinants, que ce soit par sa beauté simple ou son aura de mystère, et la réalisation s'applique parfaitement à faire ressortir cela.
Ainsi, le design, retravaillé par Akira Takata (pourtant eu habitué à ce poste), reste fidèle au style original de Yoshitoshi ABe et offre des décors travaillés, complexes, réalistes, immersifs, et des personnages expressifs sans en faire trop, très attachants. L'univers paraît très dense et vivant, sans jamais perdre pour autant l'impression de sérénité qui s'en dégage, le tout étant encore embelli par un ton posé et de jolis jeux de lumière, et par une colorisation légèrement défraîchie donnant un cachet unique à Gurii. Comme un goût de paradis perdu.
En somme, afin de nous faire profiter au mieux de la beauté de cet univers, la réalisation se veut très contemplative, et y parvient parfaitement, encore embellie par les musiques de Kô Ôtani. Ici, le compositeur livre une performance admirable, où les compositions aux sonorités un peu classique du piano ou du violoncelle donnent la réplique à des sons qui font plus penser à des inspirations médiévales. On ne pouvait rêver mieux pour faire ressortir l'aspect à la fois authentique et contemplatif de ce monde. L'ending envoûtant chanté par Masumi Itô parachevant le tout de superbe manière.
Le doublage japonais est évidemment excellent, sonne très juste, mais le doublage français n'est pas en reste. Emmenée par la talentueuse Patricia Legrand (Ed dans Cowboy Bebop, Merle dans Escaflowne, Sakura dans Card Captor Sakura...) qui campe une Rakka aussi douce que rafraîchissante, l'équipage de doublage offre une prestation correcte. La candeur et la vivacité de Kuu ressortent bien, de même que l'espièglerie de Hikari, l'aspect posé de Nemu ou le côté virulent de Kana. L'excellence vient de Suzanne Sindberg : doubleuse de Kana et Reki, elle offre à cette dernière une aura chaleureuse et bienveillante, remise en cause dans les derniers épisodes par des tourments intérieurs que la comédienne parvient à faire ressortir avec intensité et émotion. Seul gros point faible : le nombre restreint de comédiens, qui se ressent vite quand on se met à reconnaître une même voix d'un personnage secondaire à l'autre.

En quittant Gurii...
Difficile de ne placer que quelques mots sur Ailes Grises, l'univers créé par Yoshitoshi ABe étant d'une richesse, d'une beauté, d'une fascination à hanter longtemps les esprits, au point que certains d'entre eux aimeront sans doute revenir régulièrement à Gurii, en tentant de percer quelques mystères encore intacts, ou tout simplement en se laissant bercer et plonger dans un univers d'une rare qualité, cet univers totalement à part, qui fait sans doute d'Ailes Grises l'une des séries animées les plus marquantes des années 2000.
Une série qui parle directement au coeur, où tout est question de sensibilité personnelle.
Sources :
Coffret de la série chez Dybex
Haibaniki
Wikipedia
Sources :
Coffret de la série chez Dybex
Haibaniki
Wikipedia
Dossier mis en ligne le 23/11/2012.
Dossier réalisé par Koiwai
Ailes Grises : 2008 © Yoshitoshi Abe · Aureole Secret Factory
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