Springald - Actualité manga
Dossier manga - Springald
Lecteurs
19/20

Mélange de genres


Mais ce qui frappe aussi beaucoup à la lecture de Springald, c'est son savant mélange de genres témoignant d'une inventivité intacte !

Quiconque a lu Karakuri Circus et Moonlight Act le sait, l'imaginaire de ce mangaka est particulièrement débordant, et il est capable d'assimiler les influences avec une aisance presque déconcertante.

Ainsi, ici, en plus d'offrir une enquête ayant parfois des allures de conte dans sa narration, il marie malicieusement un contexte historique crédible à des éléments plus proches du steampunk. Ses décors d'époque sont globalement saisissants de densité, que ce soit au niveau des extérieurs ou des intérieurs, et contribuent fortement à poser une ambiance assez réaliste à laquelle il ajoute l'évocation de plusieurs éléments, faits et personnages historiques, comme le rôle du Duc de Wellington (pour rappel, l'homme qui a battu Napoléon à Waterloo), la prison de Newgate si redoutée à l'époque... sans oublier les débuts du capitalisme accentuant encore les inégalités de classes sociales (on le ressent par exemple à travers le marquis et ses richissimes camarades de frasques d'un côté, ou au début avec la fille de joie de l'autre côté).

Dans ce contexte, Fujita immisce donc cette silhouette de Jack, montée sur ressorts, affublée de griffes métalliques, d'yeux ronds et vifs et d'une large bouche vomissant volontiers quelques étranges flammes...





Mother Goose


Notons qu'après la première histoire de près de 180 pages, le reste du volume se consacre à un deuxième récit, toujours dans le même univers, mais se déroulant quelques années plus tard.

Nommé "Mother Goose" (en référence à l'ensemble de contes/poèmes britanniques éponymes), il s'avère un peu plus comique, car porté par deux jeunes héros au caractère assez délicieux, et offre un prolongement vraiment plaisant, autant pour son rythme et son ambiance que pour ses nouvelles références (par exemple, l'essor de la photographie à l'époque) et pour ce qu'il nous laisse entrevoir de l'avenir de certains personnages de la première histoire.

En ce sens, on peut voir à travers ce deuxième récit que l'auteur a eu à cœur de peaufiner jusqu'au bout son univers et certains de ses personnages, en tête desquels figure Walter.


La patte Fujita


Pour le reste, il faut vraiment saluer le travail visuel et narratif de Fujita.
 
Les planches sont denses, ne sont jamais vides, mais conservent une clarté exemplaire, le travail d'encrage apporte une intensité folle aux instants cruciaux, le design expressif et dynamique des personnages fait des merveilles, et le tout est sublimé par un souci évident de mise en scène (celle-ci étant parfois presque théâtrale)... A ce titre, voir s'animer dans les airs la silhouette typique et improbable de Jack Talons-à-Ressort est un véritable régal.





La narration, elle, est claire et ne souffre jamais de baisses de rythme. Elle est même très maligne, puisqu'il s'agit d'une histoire dans l'histoire : l'enquête sur le meurtrier Jack est narrée par l'inspecteur Rockenfield à la conservatrice du Black Museum. On voit donc, à chaque début de chapitre, l'amusante conservatrice attendre de plus en plus impatiemment la suite du récit tout comme le lecteur, tandis que dans ces cas-là Fujita applique une excellente vue à la 1ère personne sur l'inspecteur (c'est comme si nous étions dans son corps, on ne voit que ses mains).
Et si, comme moi, vous vous posez des questions sur le fait que l'inspecteur raconte quelques éléments qu'il n'aurait normalement jamais dû connaître (l'enfance de Walter, ce que Francis cache à Walter lors de leurs retrouvailles...), sachez que le final répondra malicieusement à votre incrédulité.

Virtuosité graphique, ingéniosité narrative, merveilles d'inventivité, rythme emballant et immersif... La patte Fujita, c'est tout ça.
  
  
  


© Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd.

Commentaires

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Yuminekoi

De Yuminekoi [2120 Pts], le 05 Novembre 2016 à 15h04

19/20

Très belle oeuvre, merci pour ce dossier, une belle aventure.

Dommage que Moonlight Act soit aussi peu apprèciée(Kaze va tout publier mais je pense qu'on en finira en 2030 ou 2035).

J'ai connu cet auteur avec la série de OAV de Ushio & Tora. Un vrai coup de coeur.  Quand je parle de cette série les gens n'aiment pas les dessins, pourtant ils sont superbes et les histoires sont très bien travaillées.

J'espère qui Ki-oon aura les droits pour sa dernière oeuvre, car Kazé, ils comment en grand pompe une serie et après ils ralentissent la publication, mais bon si ils la finissent en respectant l'oeuvre cela me va. Mais 3 volumes par an ce serait mieux.

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