Sortie de route - Actualité manga
Dossier manga - Sortie de route

Trouver sa voie


Le ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis, on le retrouve chez Meiko, la protagoniste de Solanin. Un spleen dont elle prend conscience lors d’une pause à son boulot et qui l’incite à quitter la boîte qu’il l’emploie. La jeune femme sort ainsi du chemin tout tracé sur lequel elle s’était engouffrée. En dessinant la vie de couple de Meiko et son copain qui se lance dans la musique, Inio Asano se fait le porte-parole d’une jeunesse désœuvrée, en proie à un ennui existentiel comme l’ont fait Kazuo Kamimura ou encore Kyôko Okazaki avant lui. Des jeunes qui ont besoin de tumulte, de saveur, de passion et qui refusent un avenir plat et tout tracé dont ils ne seraient pas maîtres. L’auteur récidive avec Bonne nuit Punpun dans lequel il propose de suivre un garçon qu’il dessine sous la forme d’un oiseau, de son enfance à l’entrée à l’âge adulte. Un manga coup de poing, qui frappe la jeunesse où ça fait mal plutôt qu’essayer de la caresser dans le sens du poil. En résulte une série pessimiste et dramatique, mais remplie d’émotions intenses qui sonnent toujours juste tout en étant dictées par les questionnements internes d’un jeune homme qui va connaître les désillusions de la vie, rêver pour mieux être brisé. Si Solanin est un manga du cœur, Bonne nuit Punpun en est un du cerveau.

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Solanin.



En sortant du chemin tout tracé comme Meiko ou Punpun, on se heurte forcément à des murs. Les difficultés à avancer, on les retrouve justement dans Real, le manga sur le handi-basket de Takehiko Inoue. La série met en scène les destins croisés de trois jeunes hommes marqués aussi bien par le basket que par le handicap. Le premier est un basketteur qui a eu un accident de moto rendant handicapée la fille qui était derrière lui. Viré de son lycée, pris de remords, il se cherche à travers des petits boulots mais ne parvient jamais à trouver sa place. Malgré tout, il va tenter le tout pour le tout en essayant d’intégrer une équipe de basket professionnelle. Le deuxième est un ancien coureur handicapé depuis l’adolescence. Il est brillant au handibasket mais son égoïsme lui vaut d’être rejeté par ses coéquipiers. Et enfin le troisième est un petit merdeux, qui jouait au basket avec le premier, et qui se retrouve en fauteuil roulant du jour au lendemain. Déprimé, perdant peu à peu la plupart de ses proches, le jeune homme qui hiérarchisait les gens en fonction de leur utilité à la société se retrouve tout en bas de sa propre échelle sociale. Les trois personnages vont, à leur rythme, réapprendre à vivre, à rêver, essayer de trouver leur chemin. Mais il s’agit là de quêtes personnelles semées d’embuches où les protagonistes se heurtent à des murs ainsi qu’à leurs propres limites. Avec beaucoup de justesse, Takehiko Inoue dessine aussi bien leurs pas en avant que leurs chutes. Se relever quand on a l’impression d’être plus bas que terre est alors décrit comme une épreuve semblant insurmontable.


Roman d’Osamu Dazai incontournable de la littérature japonaise, La déchéance d’un homme a connu des adaptations par de grands mangakas. Junji Itô a dessiné une version fidèle de cette histoire, en y ajoutant ses thématiques fétiches de l’horreur et du grotesque. Mais c’est sans doute celle d’Usamaru Furuya que l’on retient le plus tant il réadapte le récit de base à sa sauce, tout en le modernisant. On y suit le parcours d’un jeune homme qui a tout pour réussir. Il est issu d’une famille riche, est beau, intelligent. Chose qu’il cache à ses camarades en faisant le pitre, en ne dévoilant jamais sa véritable personnalité. En réalité, il porte un masque en permanence. Et petit à petit, il ne le supporte plus. Il le retire, s’écartant ainsi du chemin tout tracé qui l’attendait. Lui qui méprise les humains tombe dans la drogue, dans la misère. Sa vie devient alors une succession de drames. Il subit son existence. Non seulement il rate sa vie mais il rate également sa mort, puisqu’il n’arrive même pas à se suicider. Usamaru Furuya signe un manga puissant, qui remue autant qu’il fascine, où comment un homme qui avait tout pour lui sombre dans la déchéance simplement en ayant fait le choix d’emprunter un chemin de traverse et de d’affirmer sa véritable personnalité.


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La déchéance d'un homme.



Une chute inexorable qui rappelle à quel point trouver sa voie est difficile pour peu qu’elle ne soit pas en accord avec ce que la société attend de nous. C’est pour cela qu’il est aisé de se reconnaître dans des mangas pointant du doigt les difficultés de la vie comme Solanin ou Real. Des titres qui racontent le mal-être de la jeunesse avec justesse et sincérité et dont les parcours des personnages peuvent faire écho à ceux de bien des lecteurs.



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