Dossier manga - Satan 666
Lecteurs
20/20

Une aventure qui fait mûrir ses personnages


Au cours de la série, les personnages évoluent beaucoup et Seishi Kishimoto semble avoir voulu mettre particulièrement l'accent dessus. Si dans de nombreux shonens le héros reste plus ou moins le même au fil de l'aventure bien que gagnant en maturité, dans Satan 666 Jio est constamment face à des questions sans réponses qu'il ne peut trouver que par lui même. Il évoluera beaucoup lors de sa quête, et ces changements seront dus à son entourage qui lui fera prendre confiance en lui et accepter l'idée qu'il n'est plus tout seul.
En fait, chacun semble avoir un rôle défini vis-à-vis de Jio. Par exemple Ruby a clairement le rôle de médiateur, c'est la seule personne capable de calmer un tant soit peu notre héros lorsqu'il est possédé par Satan et parvient à le faire revenir à lui-même. Mais lors de la seconde saison, son rôle prend une toute autre ampleur, on ne dira pas pourquoi, mais sachez qu'elle tient une place importante dans la série et n'est pas simplement le protagoniste féminin parmi les héros masculins juste pour remplir le quota, ce qui donne de l'intérêt au personnage. Il en est de même pour Ball qui à mon sens est bien plus que le vulgaire "ami du héros"; Ball est sans cesse dans l'idée de devenir plus fort, et même s'il est très peureux, il ne recule pas devant les combats, considérant Jio comme son ami autant que comme son rival. L'auteur en fait rapidement un personnage charismatique, et surtout drôle, car c'est sur lui qu'est centrée la majorité des passages comiques de la série avec notamment Jajamaru le chien de Kirin. Lors de la seconde saison, Ball devient encore plus charismatique, notamment grâce à une maîtrise du combat plutôt époustouflante et aussi par le trait de l'auteur qui a transformé son physique.

Certains antagonistes ont aussi une évolution remarquable, on pense par exemple à Jin, un des tout premiers méchants croisés dans le manga, mais aussi un ancien ami à Jio. Suite à son combat avec celui-ci, sa façon de penser va clairement changer tout comme ses motivations, faisant de lui un personnage qu'on aime retrouver et voir évoluer. Son affrontement contre Shuri, membre de Zenom qui possède un leitmotiv particulier pour un méchant, est sans doute un des combats des plus intéressants du manga (même si certains défauts sont à noter, mais nous en parlerons plus tard). Le personnage de Kujaku, un des quatre piliers de Zenom, présente un intérêt tout aussi notable : particulièrement méchant, il semble ne pas être vraiment lié aux autres membres de Zenom et suivre ses propres intérêts. De plus, ses liens avec un certain personnage de la série viendront nourrir davantage son histoire et en faire clairement un des protagonistes majeurs de Satan 666.
Cross lui a un rôle tout à fait autre, c'est un peu le "gentil méchant", c'est un ennemi de Jio, mais ne possède pas un mauvais fond, au contraire même puisqu'il ne cherche juste qu'à venger sa soeur. On pourrait presque le considérer comme le second héros, notamment lorsque nous comprenons son rôle au sein du gouvernement, ses intentions et tout simplement son style de combat époustouflant. Ce qui restera sans doute surprenant au niveau de Cross, c'est son évolution dans la seconde partie - pas pour la cause qui elle était prévisible -, mais plutôt pour ce que devient tout simplement le personnage en soit, que ce soit pour le bon ou le mauvais.
Enfin, Satan est sans conteste l'éternel ennemi de Jio, il est la raison de toutes ces choses misérables qui aient pu lui arriver. Jio luttera toujours contre son emprise jusqu'à le défier et lui tenir tête, mais le démon est fort et dès les premiers tomes nous savons qu'un jour, ces deux êtres devront se battre afin de surpasser l'autre de manière définitive.

Au final, le nombre de protagonistes n'est pas énorme dans Satan 666, ce qui est un bon point, car l'auteur ne se perd pas à créer 20000 persos dont plus de la moitié serait juste figurante. Nous avons droit à des alliances improbables, des personnages qui tissent des liens entre eux tout en nous surprenant, mais cela ne veut dire que les défauts sont absents et on peut noter quelques problèmes sur lesquels on reviendra dans une prochaine partie.





Les sentiments, ou la plus grande force de l'homme


Si chaque shonen essaye d'instaurer un message à travers un univers souvent hors du commun, il est clair que Satan 666 cherche avant tout à mettre en avant les sentiments, et ce sur toutes leurs formes possibles. Amour, haine, amitié, nous les trouvons tous, mais cette fois-ci peut être de manière plus forte que dans un autre manga. En effet beaucoup de séries d'aventure mettent surtout en avant l'évolution du héros à travers ses combats, il cherche à devenir plus fort pour une telle raison et ses obstacles se font nombreux. Dans Satan 666, on se rend compte que l'on démarre l'aventure avec quasiment un antihéros : Jio ne souhaite pas se faire d'amis, il est pessimiste, car il a déjà vécu un passé douloureux et ne veut pas se risquer à vivre la même chose. En fait, on a l'impression qu'il suit le chemin inverse de tout héros de shonen classique : il poursuit l'objectif de conquérir le monde, mais ne part pas en quête vers cela pour autant, à la base il ne cherche pas à découvrir quoi que ce soit sur son identité et ne veut que s'enrichir en argent, seule chose en laquelle il croit. On comprend donc rapidement que l'enjeu principal de la série sera l'évolution de Jio, le fait qu'il réussisse à se faire des amis ainsi qu'à être accepté par eux; mais aussi à comprendre qui il est réellement et pourquoi Satan est en lui. Une bonne grosse question qui prendra beaucoup de temps avant de trouver sa réponse...

Quand on y pense, chaque personnage est dirigé par son leitmotiv, chacun éprouve un tel sentiment qui le pousse à agir, que ce soit pour la bonne ou mauvaise cause. Cross se bat pour la vengeance, c'est un personnage empli de haine envers Satan prêt à tout pour devenir plus fort et anéantir le monstre qui a tué sa seule famille. Il en est de même pour Jin qui toute sa vie aura cherché à retrouver Jio en croyant qu'il est la véritable cause de l'assassinat de ses parents. Même histoire pour Shuri qui a perdu sa famille et qui a rejoint Zenom afin de se venger et anéantir le gouvernement de Stea. Nombreux sont les cas comme ça, et cela devient encore plus intéressants quand l'auteur étend cette idée sur les divinités de la Kabbale : on pense à l'ange Michael qui se demande quel est le pourquoi de son existence, rêvant de liberté tel un oiseau, mais enchaîné par ses maîtres qui ne voient en lui rien qu'une arme, voire même un objet. Tous ces objectifs à travers chaque personnage font que nous avons plaisir à les suivre, il est donc agréable que l'auteur décide de les faire apparaître plusieurs fois quand on se laisse à croire qu'on ne les verra plus dans le manga.





Un des moments majeurs de la série restera sans conteste lorsque Jio, Ruby et Ball s'installeront chez Wick et sa femme. Pendant ce temps, la série est comme dans une transition, un passage en dehors du fil rouge : Jio ne pense plus à ses malheurs et ses ennemis et se retrouve comme chez soi, considérant peu à peu le couple comme son père et sa mère. C'est un grand pas pour lui et on sent clairement l'évolution du héros à travers ce passage charnière de la série...mais toute cette euphorie sera bien courte jusqu'à l'arrivée d'un évènement inattendu. La mise en scène de ce passage s'avère très bien construite et à partir de là tout va prendre une toute autre tournure, l'aventure de nos héros deviennent moins naïve et les sentiments, encore une fois sous toutes leurs formes, sont accentués.
On reprochera cependant à l'auteur de parfois trop miser sur ce jeu-là et de proposer sans doute trop de discours sur l'amour et tout ce qui s'en suit. On le sait que c'est un élément fort des shonens, que les méchants sont souvent trépassés, car "leur coeur est enfoui sous leur haine et blablabla", seulement ici le discours s'avère parfois redondant et employé de manière trop simple. Cela ne dérangera certainement pas les plus jeunes qui n'ont pas encore trop lu de manga du genre, mais pour un habitué cela sautera aux yeux et on aura vite fait de trouver quelques passages peut-être trop gnangnans, bien que d'autres sont très bien réussis et parviennent complètement à nous émouvoir.
  
  
  

© 2001 Seishi Kishimoto / SQUARE ENIX Co. Ltd.

Commentaires

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Schouf

De Schouf [619 Pts], le 03 Avril 2015 à 16h43

20/20

Très bon dossier que j'ai eu plaisir à lire!

Et je suis d'accord avec la plupart des points. J'ai lu le manga il y a longtemps, au temps de sa publication en France, donc ça remonte... Il m'avait beaucoup plu dès le début. Mais on voit qu'à la fin, c'est légèrement baclé.

Je pense que ça doit venir de la popularité du manga à l'époque, au Japon (d'où le fait aussi qu'aucun jeu ou anime n'a été adapté), du coup la maison d'édition a dû (à mon avis) demander à l'auteur d'écourter...

Comme ça doit arriver souvent, mais ce n'est pas la pire fin que j'ai lue, au contraire! (je repenserai toujours à Shaman King... :'( )

En tout cas j'ai pris beaucoup de plaisir à l'époque à le lire, et grâce à ce dossier, je crois que ce sera le prochain manga de ma collection que je vais me relire ! ^^

Hitsuji

De Hitsuji [5905 Pts], le 03 Avril 2015 à 16h10

De Satan 666, je me rappelle surtout du final complétement WTF qui réussissait malgré tout à rester cohérent avec tout le reste du manga.

Sinon, c'était un manga sympa, sans plus, qui ne va pas casser les poncifs du genre ou s'en amuser. Au contraire, on a le droit à la plupart des clichés, le déroulement est convenu et les persos stéréotypés. Pas une mauvaise lecture, mais ça ne révolutionne pas le genre.

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