Satan 666

Ange ou démon, il faut choisir !

Malgré l'analyse précédente qui énonce plusieurs bons points dans la série, il faut malheureusement avouer que celle-ci ne manque pas non plus de défauts qui entacheront peut-être la lecture. Comme il a été dit précédemment, Seishi Kishimoto a fait le choix de ne pas créer trop de personnages. Dans un premier lieu, ceci est donc un bon point, car cela permet de les développer davantage et surtout de ne pas se perdre avec trop de protagonistes et en en mettant certains en arrière-plan. Le problème, c'est que la série est plutôt courte pour le genre, et ce faible nombre de personnages que l'auteur cherche à développer de bout en bout fait qu'on les retrouve presque tous tout le long de la série, pour le meilleur comme pour le pire ! Ainsi, on retrouvera pas mal de situations improbables ou plutôt peu cohérentes, ce qui s'avère parfois bien dommage. Ce qui saute aux yeux est sans aucun doute le tournoi de Rockbird : rien que dans un premier temps, ce tournoi est présent plus comme si c'était un passage obligatoire comme dans tout shonen que pour une véritable raison. En effet, nos héros s'y retrouvent sans raison valable, et le côté fan service pousse à mettre dans les combattants des personnages déjà croisés afin de faire des combats que l'on n'aurait pas imaginé. Ma foi, cela a du bon aussi, car ce tournoi offre un combat entre Jio et Ball, un fait rare dans un manga de voir deux héros s'affronter de la sorte, et pour cause cet affrontement s'avère particulièrement intéressant à lire.

Alors que de nos jours on reproche souvent aux mangas de ne pas savoir s'arrêter et de s'éterniser sur des dizaines de tomes, j'ai trouvé personnellement que Satan était justement trop court ! Le problème avec ce faible nombre de tomes, c'est que la série change de vitesse à partir de la seconde saison et le tout devient peut-être un poil too much. Explications. Dans la première partie, on ne sait pas qui est le chef de Zenom, mais on sait qu'il y a 4 généraux surpuissants. Kujaku le premier est largement mis en scène, on comprend que c'est un personnage puissant et il viendrait jusqu'à nous donner des frissons. C'est là qu'il est dommage de voir que l'entrée en scène des 3 autres gardiens est selon moi bâclée, notamment du fait qu'ils arrivent tous trois en même temps dans la série, mais aussi, car leur rôle s'avère bien moins crucial. Il en est de même avec les anges et les démons. Si au début de l'histoire ceux-ci sont présentés au compte-gouttes, et ce de manière marquante, la seconde saison joue la carte de la facilité à cause du faible nombre de personnages : en gros c'est simple, presque tout le monde a un ange ou un démon en lui, cassant complètement l'aspect imposant de ces divinités. C'est dommage, car cela rend vraiment le manga simple et limite expéditif. D'ailleurs c'est dans la seconde partie que tout s'active comme ça, et qui fait donc que ces derniers tomes semblent peut-être un peu moins construits. D'ailleurs, peut être trouverez vous tout comme moi que les personnages perdent de leur saveur dans la seconde saison : Jio se retrouve presque sans caractère (et ça, ça choque !) et d'ailleurs sa relation avec Ball devient plutôt fade, l'auteur ayant choisi de joueur sur un humour qui marche peu pour le coup. Cross semble aussi complètement vidé de toute haine (on peut comprendre pourquoi avec certains évènements, mais quand même...) et d'autres personnages voient leur traitement un peu raté. Il est dommage que certains acteurs de l'intrigue principale se voient dotés d'un rôle pas clairement défini, se retrouvant donc vite au second rang en n'ayant qu'un rôle majeur le temps d'un chapitre ou deux : pour ça, on pense par exemple à Ponzu, à Amidaba ou encore l'homme cyborg du gouvernement de Stea. Les rares nouveaux personnages que sont Mei et son frère s'avèrent aussi peu travaillés, dommage, car leur histoire aurait pu être émouvante si leur traitement aurait été plus long. On notera également l'apparition de fan service dans cette "new gen" avec des personnages féminins à la poitrine qui a étonnement largement grossi pour certaines et qui sera moins couverte.
Pour continuer dans les défauts on notera un dernier arc où tout le monde se retrouve, mais de manière assez WTF faisant perdre quand même une belle part de cohérence à la situation. Il est aussi dommage de se rendre compte que la mise en scène soit prévisible au possible, du moins quand on est habitué au genre, l'auteur cherchant à ménager son suspens sans réellement brouiller les pistes.

Malgré tout, il ne faut pas croire maintenant que la série est pleine de défauts ! En réalité, on pourrait presque dire qu'elle corrige ceux que l'on reproche à la majorité des titres comme le fait de partir dans toutes les directions, de rallonger la série trop facilement, etc. Mais d'un autre côté, on se rend compte que Satan 666 est un manga vraiment destiné à ceux qui n'ont pas encore trop lu de shonen, autrement il sera facile de cerner les grosses ficelles du récit. Pour une fois donc, quelques tomes supplémentaires pour étaler la seconde saison n'auraient pas fait de mal, et auraient certainement pu améliorer le traitement des personnages. A noter par contre que la fin s'avère de bonne facture, et même si on a la vague impression que le tout se coupe net et qu'il manque juste trois ou quatre pages, l'auteur parvient à achever la série telle qu'elle aurait du finir, en répondant à toutes ses questions sans en apporter de nouvelles.

Et au niveau du dessin ?

A présent, faisons un petit point sur le dessin. Comme dit auparavant, Seishi Kishimoto est le frère jumeau de l'auteur de Naruto et sans surprise les deux traits se ressemblent. Cependant Seishi lui use d'un chara design plus approfondi à mon sens : alors certes, certains personnages paraissent un peu cliché ou ont un look vraiment improbable, mais au moins aucun des protagonistes se ressemble et certains possèdent un véritable charisme. Le meilleur à remarquer dans tout ça est l'évolution du dessin à travers la série qui  s'affine au fil des tomes jusqu'à être vraiment excellent pour le genre. Les flash-back usant des vieilles cases sont récurrents et il est donc facile de remarquer le progrès. L'ellipse est là pour confirmer la chose à tel point que cela en est presque choquant, tant le dessin gagne en maturité tout autant que les personnages (Ball et Jio en tête). Notons également que les anges et démons ont droit à un travail remarquable, les démons semblant tout droit sortis d'un livre de Lovecraft.

Au niveau des combats le trait de l'auteur offre des affrontements plutôt pêchus, le découpage s'avère bon dans l'ensemble et jamais je n'ai ressenti personnellement le fait de ne pas comprendre ce qu'il se passe au cours de l'action. Cependant, Seishi Kishimoto est du genre expérimental et tente parfois une mise en scène quelque peu déroutante avec des cases qu'il faut lire la tête penchée : dans le fond ce n’est pas grave, mais peut rendre la lecture parfois légèrement confuse.
Les lieux visités aussi sont intéressants, mais dommage qu'il n'y en ait pas beaucoup et que le côté aventure et découverte passe vite à la trappe au profit des combats, surtout dans la seconde saison.