Re/Member - partie 1 - Actualité manga
Dossier manga - Re/Member - partie 1

Des personnages qui évoluent


Nombre de récits typés survival se contentent d'offrir des personnages classiques évoluant peu, dans la mesure où de toute façon la plupart d'entre eux mourront voire ne serviront que de chair à pâté. Dans Re/Member, ce n'est pas le cas.

De par le fait que les six adolescents ne meurent pas définitivement dans les parties de chasse au corps, chaque nouvelle journée et chaque nouvelle nuit sanglante qu'ils passent ensemble leur permettent d'évoluer petit à petit.

De base, le groupe s'avère nourri de personnalités certes plutôt clichées, mais hétéroclites. Asuka est une fille qui se décrit comme banale et qui cherche surtout à servir d'intermédiaire quand les esprits s'échauffent, ses amis d'enfance Rie et Takahiro sont respectivement la fille gentille et douce mais un peu fragile et le gars costaud qui fonce mais réfléchit moins. Rumiko est la fille caractérielle de la bande, qui peut s'emporter facilement et qui possède aussi un côté très franc, tandis que le binoclard Shôta est l'intello du groupe, toujours en train de réfléchir et d'émettre des hypothèses, mais un poil trop orgueilleux. Quant à Kenji, il s'agit d'un garçon plutôt taciturne, peu bavard.

Des personnalités très variées, qui forcément auront plus d'une fois du mal à totalement s'entendre (par exemple, ça chauffera souvent entre Takahiro, Shôta ou Rumiko), ce qui créera certains problèmes loin d'être rassurants, le plus important étant sans doute l'acte de "traîtrise" d'un des personnages à un moment.
  
  
KARADASAGASHI © 2014 by Welzard, Katsutoshi Murase / SHUEISHA Inc.
  
  
Pourtant, pas question pour Welzard de s'enfoncer exagérément dans des portraits négatifs de ses personnages : ils ont tous des défauts, mais aussi des qualités, ce qui les rend tous simplement très humains. Et malgré les heurts qu'il peut y avoir, malgré les traumatismes naissant de ces épreuves (la peur de finir en charpie dans une douleur très aiguë, de tomber sur ses amis morts, ou des phobies plus simples comme le vertige), tous ont parfaitement conscience qu'il leur faut coopérer pour avancer dans la chasse au corps. Et qui sait, peut-être même que cette morbide aventure leur permettra de mieux sympathiser, de mieux se comprendre, et de nouer des relations fortes ? Qu'on se le dise, entraide, amitié, et même amour pourront se développer au fil de ce terrible jeu de massacre...


Une aura de mystère omniprésente


Et de l'entraide, il en faudra bel et bien une dose dose à nos six héros pour résoudre les nombreux mystères faisant leur apparition au fil des pages. Car au-delà du jeu sanglant en lui-même, Re/Member a pour mérite de développer toute une vraie histoire de fond, sur la base de nombreux questionnements.

Cela commence par des interrogations évidentes. Qui est la Rouge-Sang ? D'où vient cette malédiction ? Pourquoi sont-ce ces six adolescents qui ont été choisis pour participer ?

Mais très vite dans leur macabre aventure, Asuka et ses compagnons d'infortune sont amenés à s'interroger sur bon nombre d'autres choses. Par exemple, qui est le régisseur ordonnant les apparitions de la Rouge-Sang par le haut-parleur, et qui est enfermé dans un studio où l'on ne peut apparemment pas entrer ? Qu'arrive-t-il à l'un d'eux qui semble perdre de plus en plus pied comme s'il était possédé ? Pourquoi, au fil de la recherche des corps la nuit, certains éléments de la journée du 9 novembre qu'ils revivent inlassablement se mettent à changer ? Pourquoi la Rouge-Sang veut se teindre en rouge ?
  
  
KARADASAGASHI © 2014 by Welzard, Katsutoshi Murase / SHUEISHA Inc.
  
  
C'est essentiellement de jour que nos héros effectuent leurs recherches pour tenter de comprendre, mettant assez vite le doigt sur une sombre affaire de meurtre vieille d'un demi-siècle qu'il leur faudra tenter d'éclairer... Concrètement, la teneur de cette affaire est on ne peut plus classique, mais elle s'avère très efficace, car entre cet aspect enquête/mystère et un aspect surnaturel, la série ne se résume définitivement pas à l'horreur, et s'offre un cocktail savamment dosé qui se relance constamment pour ne jamais lasser.

Et arrivé au bout de tout ceci, on constate que Welzard a bien pensé son scénario en parvenant à offrir une explication cohérente à tout. Pour sûr, on aurait préféré que certains éléments soient plus poussés, notamment autour du statut particulier de Kenji dans cette chasse au corps, mais il s'agit plutôt de détails. Et bien que la dernière ligne droite soit plutôt prévisible, elle a le grand mérite d'achever le récit de façon émouvante, tout en laissant ouverte la possibilité d'une suite sans pour autant frustrer.
  
  

KARADASAGASHI © 2014 by Welzard, Katsutoshi Murase / SHUEISHA Inc.

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