Re/Member - partie 1 - Actualité manga
Dossier manga - Re/Member - partie 1

Un petit jeu aux règles bien pensées


En guise de démarrage, signalons que dans Re/Member la chasse au corps ne se déroule pas n'importe comment : il existe des règles bien précises, qu'il faut toujours veiller à bien respecter, même dans la panique, si l'on ne veut pas finir en charpie plus vite que prévu. Voici les règles essentielles.

La Rouge-Sang hante les bâtiments du lycée après les cours, la nuit, et fait venir les 6 « joueurs » qui n'ont pas d'échappatoire et ne peuvent refuser de jouer.

Elle peut surgir devant n'importe quel élève isolé, en suivant toutefois les instructions émises par le haut-parleur de la salle audio par une mystérieuse personne.

Celui ou celle qui l'a vue ne doit surtout pas regarder en arrière. S'il ou elle regarde en arrière malgré tout, la fillette meurtrière apparaît immédiatement devant lui et le/la démembre.
  
  
KARADASAGASHI © 2014 by Welzard, Katsutoshi Murase / SHUEISHA Inc.
  
  
La partie se poursuit inlassablement jusqu'à ce que les 8 parties du corps aient été rassemblée dans le cercueil situé dans le hall d'entrée.

On ne meurt jamais définitivement dans une partie de chasse au corps. Celui peut tout aussi bien durer quelques jours que quelques années, tout dépend de l'efficacité des joueurs et de leur entente...

Evidemment, ce sont les règles de base, et plusieurs nuances et surprises viendront se glisser au fil des pages...


Un jeu mortel où survival et horreur font bon ménage


On peut dire que Re/Member, de par son jeu "mortel sans l'être définitivement", s'inscrit dans le genre du survival, tellement en vogue depuis quelques années, notamment auprès du public adolescent. Mais de par le fait que les morts ne sont pas définitives, le récit intrigue d'emblée tant il pourrait profiter de cette spécificité pour développer des choses intéressantes... à condition d'éviter un problème : la répétitivité que pourrait provoquer le fait que les 6 ados revivent constamment la même journée. En plus d'éviter cet écueil, Welzard dans le roman et Katsutoshi Murase dans le manga en tirent pleinement parti pour développer des choses dépassant la simple horreur gore.

L'horreur est pourtant bien là, tout au long du roman. Nuit après nuit, les personnages ne manquent jamais de mourir, et cela se fait toujours dans un bain de sang que Welzard a le mérite de bien faire ressentir sans avoir besoin d'entrer dans moult détails. Par exemple, il arrivera simplement que l'un des personnages voie l'un de ses camarades mourir horriblement, ou qu'il entende des bruits de craquement ou d'agonie sans voir ce qui se passe, ou encore qu'il marche dans le sang d'un cadavre qu'il découvrira dans la foulée au détour d'un couloir, pour que s'installe sans mal une atmosphère morbide justement rendue. Katsutoshi Murase, de son côté, exploite très bien l'impact visuel propre au manga pour offrir des dessins pleins d'impact, mais nous y reviendront plus tard.

A cela s'ajoute évidemment la peur constante des adolescents de tomber sur la Rouge-Sang, d'entendre de plus en plus près sa comptine morbide signifiant qu'elle s'approche d'eux... Dans ces cas-là, seront-ils suffisamment bien cachés pour lui échapper ? Vaut-il mieux tenter la fuite ? On cerne sans mal leurs craintes, on comprend leurs réactions tantôt paniquées tantôt plus réfléchies, leur angoisse constante, mais aussi leur besoin de se contrôler et de raisonner pour tenter d'en finir au plus vite en retrouvant les parties du corps de Haruka.

Qui plus est, pour accentuer les choses, la narration prend quasiment toujours un parti intéressant : celui de se focaliser exclusivement du point de vue de l'une des six victimes, Asuka. C'est elle qui raconte l'histoire, c'est toujours au plus près d'elle que nous vivons les choses, ce sont uniquement ses pensées que nous découvrons... et dès lors, pendant les parties de chasse au corps, il est impossible pour elle de savoir ce qui est en train de se passer du côté des ados qui ne sont pas près d'elle. Ce qui, mine de rien, ajoute une sacrée dose d'angoisse en laissant toujours des éléments de flous. Sans oublier le fait que ce choix narratif nous invite aussi à suivre ses mises à mort par la Rouge-Sang, qu'elle a l'occasion de détailler plus d'une fois au point de nous donner quelques frissons dans le dos. Raconter en live sa propre mort douloureuse, ça n'a pas de prix...
  
  
KARADASAGASHI © 2014 by Welzard, Katsutoshi Murase / SHUEISHA Inc.
  
  
Mais le récit imaginé par Welzard n'est pas malin uniquement sur ce point : dans le roman, son écriture propose bien d'autres qualités, à commencer par le fait que le romancier évite totalement les longues phases descriptives. Pas question pour lui de portraire avec moult détails les lieux, ni même les personnages dont les caractéristiques physiques restent très sommaires :on sait que Shôta a des lunettes, que Takahiro est costaud... et concrètement c'est à peu près tout, même si la lecture laisse aussi comprendre qu'Asuka se considère comme banale et n'est pas très athlétique. Dans le manga, Murase se fera un plaisir de reprendre les quelques caractéristiques données avec fidélité. Ne se perdant pas dans les longueurs descriptives, le récit a alors tout le loisir d'entretenir l'ambiance et le rythme, que ce soit en exploitant les spécificités et l'agencement du lycée (par exemple, passer devant telles fenêtres donnant sur l'extérieur pourrait permettre à la Rouge-Sang de repérer les ados depuis l'autre bâtiment...), en alternant les phases plutôt calmes (le jour, certains moments de réflexion la nuit...) et plus mouvementées/tendues (courses-poursuites pour échapper à la petite démone ensanglantée, tentatives de se cacher alors qu'elle passe à proximité... sans oublier les nombreuses mises à mort !). Il faut aussi souligner les apparitions souvent géniales de Haruka pour demander jour après jour aux ados de chercher son corps (elle déboule souvent dans des moments de calme, histoire de faire remonter la tension d'un coup), ou bien sûr l'excellente utilisation de la comptine de la Rouge-Sang. Sur ce dernier point, on adore évidemment comment ce chant macabre sert de repère aux ados pour savoir qu'elle approche et donc pour accentuer la peur, mais on aime tout autant les passages où la démoniaque fillette la chantonne doucement tout en serrant la taille des proies qu'elle a attrapées, et qu'elle ne tuera qu'une fois sa mélodie finie. Dans ces cas-là, le mélange entre les paroles de la comptine et les pensées des personnages offre un très bon rendu horrifique !
  
  

KARADASAGASHI © 2014 by Welzard, Katsutoshi Murase / SHUEISHA Inc.

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