Les nouveaux héros
Rubis
Ce jeunes garçon plein d'élégance est natif de la région de Johto. Il emménage à Hoenn avec ses parents lorsque son père, Norman, prend ses fonctions de champion d'arène de Clémenti-Ville.
Si son père aurait aimé qu'il suive sa trace, Rubis a des ambitions totalement opposées. C'est un fada des concours de beauté Pokémon, si bien que sa première intention est de passer outre l'accord de ses parents et fuguer pour honorer cette voie. Avant son départ, il fait la rencontre du professeur Seko et de sa fille, Saphire, avec laquelle les relations sont pour le moins électriques. Tous deux se lancent un défi : Accomplir leur objectif en 90 jours. Rubis entame ainsi son voyage pour remporter les concours de la région. Seulement, cet amour des compétition de beauté ne cacherait-il pas quelque chose ? Bien qu'il déteste les combats Pokémon, Rubis n'aurait-il pas une affinité avec ces derniers ?
Saphire
Saphire est une jeune fille fougueuse, pour ne pas dire sauvage. Fille du professeur Seko, chercheur Pokémon de la région de Hoenn, elle n'hésite pas à aller sur le terrain et s'adapter aux environnements naturels pour épauler les recherches de son papa.
Sa rencontre avec Rubis sera houleuse, tant les deux jeunes gens sont différents. Adepte des combats Pokémon, Saphire rêve d'accomplir le défi des arènes de la région. C'est ainsi qu'ils se lancent le défi d'honorer leurs rêves respectifs en 90 jours maximum.
Mais comme Rubis cache un secret autour des combats Pokémon, Saphire n'a peut-être pas toujours été cette fille si endiablée.

POCKET MONSTERS SPECIAL © 1997 Hidenori KUSAKA, Satoshi YAMAMOTO / SHOGAKUKAN
Les jeux à l'origine du manga
Comme le titre de l'arc l'indique, Pokémon : La Grande Aventure – Rubis et Saphir s'appuie sur les deux versions sorties le 21 novembre 2002 au Japon, puis le 25 juillet 2003 en Europe. Le diptyque est symbolique puisqu'il ouvre une nouvelle ère à la saga des monstres de poche. Si Satoshi Tajiri prévoyait initialement de conclure la série avec Or et Argent (puis Cristal), la machine lancée était sans doute trop fructueuse pour arrêter la locomotive roulant à une telle allure. Il fallait alors poursuivre, et le passage à la nouvelle portable de Nintendo qu'était la Game Boy Advance était l'occasion idéale.
Si les deux premières générations constituent une suite scénaristique évidente, Rubis et Saphir amenait une rupture en ne tissant que de très modestes liens avec les deux aventures précédentes. Cette fois-ci, pas de Team Rocket qui tente un énième retour, ou bien un protagoniste qui retrouverait les personnages des zones précédentes. Les versions se déroulent dans la région de Hoenn, lieu où déménage un jeune enfant depuis la région de Johto. Le message est évidente, il est l'heure de quitter le socle de la deuxième génération pour passer à autre chose. La suite de l'histoire est traditionnelle puisque la quête des 8 badges régionaux, une complétion du pokédex et une confrontation contre une équipe de malfrats aux ambitions démesurées viendront ponctuer l'aventure.


Et parce qu'il fallait inaugurer une nouvelle ère détachée de la précédente, Rubis & Saphir ne se sont pas contentés de reprendre le schéma des deux générations précédentes avec comme seul apport les graphismes permis par la Advance. Satoshi Tajiri laisse cette fois la barre à Junichi Masuda pour mener le projet, devenant producteur exécutif (un poste qu'il conserve encore aujourd'hui sur chaque jeu et qui nourrit bien des hypothèses). Il dirige les jeux avec un certain brio en permettant un enrichissement de l'épopée et de plusieurs de ses dimensions. Ainsi, Rubis & Saphir accueillent le concept des Natures qui, encore aujourd'hui, constitue un élément solide de la stratégie Pokémon. Du côté des quêtes secondaires, il y a celle des concours Pokémon où il n'est plus question de combattre mais de remporter de vrais compétitions de beauté en augmentant des statistiques parallèles de nos créatures via les « noigrumes », des bonbons à fabriquer avec des baies mais dont l'affinité avec nos petits monstres dépend de leurs natures. Le système est finement rodé et permettait au joueur de ne pas seulement penser à l'exploration de la région, la collecte de badges ou l'enrichissement de son pokédex, mais aussi à tout un autre pan de jeu qui s'avérait un poil plus reposant. Et histoire de faire une halte, les jeux sont toujours les seuls à explorer le système de « bases secrètes », des lieux logés dans des arbres ou des petites cavernes, dans lesquelles le joueur et dresseur peut se faire un vrai petit cocon à base de tout un tas d'objets achetés, gagnés ou donnés. Un autre type de collectionniste est donc permis dans les jeux, celle de ces items qui permettent à chacun de créer la base secrète qui lui est la plus adaptée. Malheureusement, si cette mécanique se retrouvera dans les remake de 2014, elle sera ensuite mise à la trappe. Les récents remake de Diamant et Perle ont certes tenté une réutilisation de l'idée, mais celle-ci n'est que de la poudre aux yeux et ne procure pas vraiment le même plaisir que le concept d'origine.
Il y a donc bien à dire sur les versions Rubis & Saphir. Sur le plan scénaristique, les jeux ont l'audace de planter deux teams ennemies : La Team Aqua et la Team Magma. La première a pour projet d'étendre les mers du monde, tandis que la seconde vante les mérites des territoires terrestres. Des ambitions farfelues (mais loin d'être les plus absurdes pour des antagonistes de Pokémon, les versions suivantes le prouveront) mais traitées avec intelligence dans cette idée de binômes de jeu. Car selon la version sélectionnée, l'une des teams devenait l'ennemie, et l'autre l'alliée. Leur introduction dans l'histoire a aussi plus de pertinence de par leur interaction directe avec la trame des pokémon légendaires principaux de cette génération : Kyogre et Groudon. Ce scénario sera rendu encore plus saisissant avec Pokémon Emeraude, version complémentaire qui voit le jour le 16 septembre 2004 au Japon, et le 21 octobre 2005 chez nous. Le jeu amène ses propres ajouts et modification, parfois sans grande conséquence tandis que d'autres rallongent aussi la durée de l'expérience, avec notamment la possibilité d'affronter de nouveau des champions, quand quelques finitions supplémentaires aident à la complétion du Pokémon en tenant compte des récents ajouts de gameplay, comme celui des Natures.
Concernant ce qui nous intéresse le plus dans ce dossier, l'arc Rubis & Saphir du manga La Grande Aventure, il est à noter que les auteurs anticipent certaines directions scénaristiques d'Emeraude et s'adaptent à quelques ajouts de cette dernière, parue au Japon avant la fin de la prépublication de l'arc dont il est question ici. La version bénéficiera même de son propre arc que nous analyserons dans un prochain dossier.
POCKET MONSTERS SPECIAL © 1997 Hidenori KUSAKA, MATO / SHOGAKUKAN