Ping Pong the Animation - Actualité manga
Dossier manga - Ping Pong the Animation
Lecteurs
20/20

Portraits de jeunesse


Une galerie de personnages déterminante


Le profil psychologique des personnages de la série est un élément majeur pour en apprécier les qualités. Ils sont simples mais distincts. Smile est l'archétype du jeune dans les mangas sociaux, désabusé, sans motivation, pas particulièrement agréable. Il est secondé par Peco, moins apathique mais qui ne possède aucun recul sur les événements : il fait preuve de trop de légèreté. En face d'eux, il y a Wenga, l'expatrié chinois très réputé dans le milieu du tennis de table, qui a tout perdu et qui doit tout prouver, ainsi que Démon, rival proclamé des héros. Au-dessus d'eux, il y a Kazama, qui vient du meilleur lycée concernant le Ping Pong, héritier des fondateurs de ce lycée, et qui a tout du faire-valoir : le vaincre, c'est hériter de la légende qui l'entoure.

Ces caractères, donc, s'expriment sans un background dramatique particulier. C'est-à-dire que les personnages sont des lycéens normaux, qui n'ont aucun poids dans la vie (en tout cas de prime abord). Ils sont juste un caractère à l'état brut, et lorsqu'ils s'entrechoquent, il y a risque d'étincelles. Le ping pong n'est alors que le prisme qui va permettre aux auteurs de manifester ces différences de tempérament. Le ping pong a d'ailleurs plusieurs qualités pour ce type de scénario : c'est un sport individuel de duel, qui est « modeste » (il n'en met pas plein la vue contrairement à son grand frère le tennis, en raison d'un champ de jeu plus restreint), et qui peut facilement être pratiqué par des lycéens. Au vu des thématiques abordées par l'auteur original, Taiyou Matsumoto, on pouvait se douter que son but ne pouvait être autre que de dépeindre des personnages, en utilisant l'artifice du sport. Matsumoto ne déclare pas son amour au ping pong comme Takehiko Inoue l'a mainte fois fait pour le basket, par exemple. Il n'a pas non plus le but de s'en servir pour montrer la transcendance de ses personnages, comme dans les shônen nekketsu à la EyeShield 21. Le ping pong est un prétexte pour faire s'affronter des personnages qui n'ont pas les mêmes qualités et le même système de pensée.





Le nihilisme des héros


La première chose qui frappe dans Ping Pong, c'est que les héros sont Smile et Peco. Malgré le soin apporté aux autres personnages, c'est un fait communément admis en raison de leur description et leur présence en premier plan sur les visuels de la série. Pourtant, ce sont des héros à la norme totalement inversée par rapport au système de valeurs des mangas. Ils sont particulièrement apathiques, voire antipathiques. En dehors de son talent et sa façon de prendre de haut ses adversaires, Smile ne semble n'avoir aucun plaisir dans la vie. Si le ping pong est le centre d'intérêt total de la série, et que Smile en a de fortes aptitudes naturelles, il n'en absolument rien à faire, du moins au début de la série. Peco, lui, est constamment dans la lune, prenant pour des gens trop simples les personnes qui l'entourent et de ce fait, se met lui même à l'écart.

Ainsi, lors du visionnage des premiers épisodes, le spectateur lambda est déstabilisé. Dans les fictions, et à plus forte raison dans les séries ayant pour sujet le dépassement de soi, le héros est censé être marquant, dans un sens ou dans l'autre. Il peut être soit valeureux et fort, soit un antihéros sombre ou drôle, ou encore un homme normal qui se révèle au fur et à mesure des évènements. Chez les héros de Ping Pong, il se dégage une drôle d'impression d'ultranormalité, de manque d'ardeur, comme si en se projetant dans la série, on imagine les héros si peu motivés qu'ils en deviennent totalement fades. Ceci est bien sûr une fausse impression, et sans se détacher complètement de leur caractère nihiliste, Smile et Peco vont trouver leur force de caractère parmi les personnages secondaires, qui apparaissent eux flamboyants dès le départ. Il est assez amusant de constater que des héros d'anime doivent faire leurs preuves non pas en tant que personnages faibles amenés à progresser, mais comme protagonistes forts dans leur domaine qui doivent montrer aux spectateurs qu'ils sont aussi intéressants que l'environnement dans lequel ils évoluent. Le développement psychologique est donc l'enjeu dominant de la narration, preuve que l'on n'est pas dans un nekketsu sportif (visant à divertir), mais dans une série adulte.





La patte Matsumoto


Toutes ces qualités, nous les devons à l'auteur original du manga, Taiyou Matsumoto. Cet auteur s'est souvent attardé sur des personnages jeunes, enfants ou adolescents, et leur rapport à un environnement qui les broie : la jungle urbaine dans Amer Béton ou la faiblesse des parents dans Sunny. Dans Ping Pong, on sent bien à travers le portrait de ces jeunes gens le poids du monde adulte qui leur vaut bien des frustrations. En propulsant le sport au rang de compétition nationale, les adultes annihilent le développement personnel de leurs enfants, en les empêchant de s'amuser, en leur inculquant à écraser l'adversaire ou en faisant peser le poids de tout un business sur leurs épaules. Ping Pong s'intègre ainsi parfaitement dans la mangagraphie de Matsumoto.

Plus, Smile est sans doute le héros le plus emblématique de l'auteur. Le manque de motivation de Smile est son trait de caractère principal, très mis en avant dès le début de la série. Dans un monde compétitif où il faut être l'exact opposé pour gagner, Smile est en quelque sorte celui qui remet le plus à sa place les adultes que dénonce tant Matsumoto. Malgré tout, son tempérament ne lui assure pas un équilibre. Matsumoto ne s'y est pas trompé, nous allons le développer par la suite.
  
  
  


© Taiyô Matsumoto / Shôgakukan / Ping Pong Production Committee

Commentaires

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anon

De anon, le 04 Mars 2017 à 18h53

20/20

A quand la sortie en France ?????

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