Nozokiana - Actualité manga
Dossier manga - Nozokiana
Lecteurs
17.50/20

Huis-clos érotique ? Thriller psychologique ?


De l'érotisme travaillé, où se mêlent des ambiances diverses et des portraits de personnages aux mœurs parfois troubles... On en arrive à une interrogation que l'on est en droit de se poser : a-t-on bien affaire à un manga tel que Kurokawa l'a présenté ? Est-ce bien un « huis-clos érotique » ? Ou, pour reprendre des mots utilisés par Grégoire Hellot, le directeur éditorial de Kurokawa, un « thriller psychologique avec du sexe dedans » ?

Difficile de répondre, tant la série joue un peu sur tous les tableaux à la fois sans y entrer totalement.

L'ambiance de huis-clos est souvent présente, de par le statut secret, privé du jeu d'Emiru et Tatsu, mais concrètement on s'en écarte très souvent.

Pour l'aspect thriller, c'est un peu la même chose : il est parfois présent quand la situation devient vraiment dangereuse pour nos héros (par exemple pendant les menace de Rie Ueda), mais la série alterne cela avec des atmosphères qui s'en éloignent beaucoup, ces changements d'ambiance étant justement l'une des principales forces de la série.

Quant à l'aspect psychologique, il existe clairement à travers le travail sur les personnages que nous avons évoqué précédemment, travail témoignant de l'errance de la plupart des caractères qui, de Rie à Tamako en passant par Shôko, sont un peu en perte de repères sur le plan sexuel et amoureux. Mais même s'il existe, il faut bien avouer que cet aspect reste plutôt basique ou exagère un peu les choses pour offrir des personnages à même de faire constamment rebondir le récit, Nozokiana restant avant tout un pur divertissement, tout aussi bien huilé soit-il. Pour trouver un manga où l'érotisme apporte une réflexion psychologique réellement travaillée sur les personnages, il faut plutôt se tourner vers des titres comme La fille de la plage d'Inio Asano ou Blue de Naoki Yamamoto, pour ne citer que ceux-là.

Bref, difficile de poser une définition totalement exacte sur la série de Wakoh Honna. Il y a de l'érotisme à profusion mais qui n'est pas gratuit et est porté par une thématique originale, des ambiances diversifiées allant de l'humour et de la légèreté à des choses plus dramatiques, plus sombres et très riches en tension, un certain travail sur les personnages qui flirte avec le psychologique sans réellement tomber dedans... C'est sans doute ce mélange qui a fait le succès du manga et qui, finalement, le rend tout à fait unique.

Mais une chose est sûre : elle fait partie de ces rares séries parvenant sans mal à justifier la grande majorité de ses nombreux moments de coucherie qui sont rarement gratuites. Pour vous le prouver, une seule constatation : enlevez à Nozokiana ses scènes érotiques, et vous ne comprendrez plus rien à l'histoire.





Qui es-tu, Emiru ?


Ces différents éléments, l'auteur parvient à les exploiter suffisamment pour démarquer son oeuvre, au fil d'événements qui sont autant d'occasions d'intriguer toujours plus sur la fille la plus complexe du lot : Emiru Ikuno, évidement. Si nous n'avons quasiment pas parlé d'elle précédemment, c'est bien parce qu'elle méritait un traitement à part. Tantôt charmante et bienveillante, tantôt manipulatrice et inquiétante, souvent coquine et malicieuse et pourtant si mystérieuse et fuyante... Qui es-tu vraiment, Emiru ?


Emiru, belle et érotique


Pas besoin de beaucoup de pages pour s'en apercevoir : en tant qu'héroïne d'un manga à forte tendance érotique, Emiru a pour elle des charmes ravageurs, sans tomber dans la surenchère sur le plan physique. Une silhouette fine mais non dépourvue de forme, une dégaine mignonne à croquer, une façon d'être au quotidien à la fois un peu froide et élégante mais aussi malicieuse avec une pointe de fragilité... Elle incarne une sorte d'équilibre de beauté, auquel vient s'ajouter un aspect coquin irrémédiablement attirant quand elle est avec Tatsu : son goût pour le voyeurisme, sa façon de se toucher sans honte, ses expressions de plaisir emplies de malice... Emiru fascine dans sa manière de paraître décomplexée et plutôt forte quand la situation l'exige.


Emiru, insaisissable objet de convoitises


Une telle créature, forcément ça attire l'oeil, et les prétendants fascinés par cette demoiselle si unique sont multiples.

Il y a ceux qui, comme Horii, rêvent de la posséder pour mieux la briser, lui effacer cette expression neutre qu'elle a si souvent en public.
Ceux qui, comme le jeune étudiant du tome 4, sont conquis par sa beauté et lui vouent un amour extrêmement pur et naïf.
Ceux qui, comme Makiko, sont naturellement tombés sous son charme à force de la fréquenter.
Et même Tatsu, tout au long de la série, aura tout le loisir d'appréhender son désir pour la belle avant même de comprendre les sentiments qu'il ressent. Les exemples sont nombreux : il a les yeux fixés sur elle à la plage alors que Yuri lui parle, le visage d'Emiru vient remplacer celui de Yuri quand il lui fait l'amour...

Mais il y a aussi ceux qui, comme Madoka, finissent par la haïr... Emiru ne laisse personne indifférent, que ce soit en bien ou en mal.

Mais dans tous les cas, Emiru apparaît insaisissable. A chaque fois, elle trouve un moyen d'échapper à celles et ceux qui la convoitent, quitte à paraître méchante, provoquant Horii, brisant les espoirs du jeune étudiant, enclenchant une brouille avec Makiko...





Emiru, manipulatrice et inquiétante


En cela, la si attirante Emiru apparaît alors, également, très inquiétante, de façon constante. Sa façon de traiter parfois les autres peut paraître dure, violente, cassante, et elle prend alors une tout autre allure, jouant soit les désespérées, soit les femmes fortes ayant du répondant. Le tout devant un Tatsu qui est aux premières loges pour observer toute l'ambivalence de la jeune fille... Et lui-même est loin d'être épargné, car il est souvent la première cible de la demoiselle, qui montre plus d'une fois une aisance insondable dans l'art de la manipulation (ne serait-ce qu'en lui imposant le jeu au tout début)...


Emiru, ange-gardien mystérieux


Mais cette facette plus sombre d'Emiru est-elle si mauvaise que ça ? A plus d'une reprise, Kido peut se poser la question, à commencer par la façon dont elle accepte d'encaisser les remarques et les coups de Madoka sans répliquer... Emiru serait-elle une figure de bienveillance ? Il faudra du temps à Tatsu pour le comprendre, pourtant les exemples ne manquent pas...

Concernant Tamako, elle lui inculquera une jolie leçon.
Idem avec le cas Chisato : Emiru est présente là où on ne l'attend pas et c'est elle qui décante la situation en montrant à nouveau qu'elle est capable d'une vraie bonté.
Et elle est la première à pousser notre héros vers Madoka... Est-ce uniquement pour satisfaire ses jeux pervers, ou pour aider Tatsu à retrouver le sourire et le bonheur après sa rupture avec Yuri ? En tout cas, quand il comprend qu'il doit au plus vite mettre fin au jeu de voyeurisme s'il veut protéger Madoka, il se retrouve alors face une Emiru étonnamment compréhensive, plus gentille, plus douce....

La bienveillance dont elle fait régulièrement preuve n'est-elle vraiment que le fruit d'un plaisir pervers et égoïste de voir des gens s'ébattre ensemble ? Ou a-t-elle réellement un bon fond et une sensibilité qu'elle préfère cacher derrière son jeu pervers et manipulateur ?

Ces interrogations sont l'un des cœurs essentiels de la série, conférant constamment à Emiru une forte aura de mystère qui la rend impossible à cerner réellement... à moins qu'un homme franc et naturel ne parvienne enfin à lui faire révéler ce qu'elle a au fond d'elle. A extérioriser ses pires douleurs du passé. Tatsu.





Emiru et Tatsuhiko


Car grâce à son caractère qui ne ment jamais, à sa sincérité à tout épreuve, Tasuhiko est celui qui parviendra à enfin toucher Emiru.

Les exemples ne manquant pas. Par exemple, dans ce fameux tome 7 où  notre héros emmène Madoka chez lui un samedi et est désormais décidé à ne plus s'occuper du jeu coquin imposé par sa voisine. Alors que l'orage gronde dehors, les deux amants s'entrelacent sans la moindre gêne. Mais là où Tatsu pense avoir obtenu une victoire sur Emiru, il va être bien surpris en retrouvant ensuite sa voisine. Celle-ci a brièvement perdu son habituelle mine neutre et manipulatrice, au profit d'un visage qui ne trompe pas quant à ses sentiments... Pour la première fois, ont voit réellement une Emiru un peu plus émotive, plus faible, plus sentimentale, semblant enfin être entièrement sincère dans ce qu'elle ressent...

Mais Tatsuhiko n'est pas en reste, et, même s'il tente pendant longtemps de se défaire de cette impression, ne peut que craquer peu à peu pour sa voisine. L'un des déclics à notamment lieu quand, déprimé, il reçoit tout le soutien d'une Emiru qui serait visiblement prête à s'offrir à lui. Intrigué depuis toujours par sa si particulière sa voisine, le jeune homme se rappelle alors de toutes les fois où Emiru l'a soutenu, et est à deux doigts de céder à la tentation...

Entre Emiru et Tatsu, un lien complexe s'est finalement installé, un lien à la fois fort et où les sentiments se devinent de plus en plus fortement, mais où la jeune femme continue de préférer la fuite, comme apeurée par ce qu'elle pourrait faire... Pourquoi ? Ce sont finalement les derniers rebondissements et l'insistance d'un Tatsu métamorphosé qui, dans le volume 12, permettent enfin de dévoiler les drames ayant conditionné la belle Ikuno.

On y découvre alors une Emiru à des années-lumière de la fille renfermée et énigmatique qu'elle est devenue. Alors âgée de 17 ans, elle montre une joie de vivre et une curiosité qui en font une jeune fille adorable, y compris pour Tsugumi, sa future belle-sœur avec laquelle elle s'entendait à merveille à l'époque, et surtout avec Tomoya, son frère qu'elle adule et son plus grand soutien au sein d'une famille difficile. Joviale et plutôt innocente en apparence, notre Emiru n'en reste pas moins curieuse de tout et notamment du sexe, et c'est sur ces bases que l'auteur amène vite et bien les événements qui feront changer la demoiselle. Comment est né son intérêt pour le voyeurisme ? Quelle terrible découverte a fait qu'elle a soudainement perdu sa vision joviale et naïve des choses ? Tomoya est-il totalement le grand frère parfait ?

"Quand j'observe la nature, je me dis toujours que c'est en cachant des choses que nous autres, êtes humains, nous rendons la vie impossible."

Soudainement, les seuls facteurs de bonheur d'Emiru ont disparu. Un simple trou dans un mur a eu raison de sa confiance aveugle et de tout ce en quoi elle croyait. Elle qui pensait avoir tissé des liens sincères a découvert qu'il y a toujours un mur séparant les gens, un mur qui les empêche de laisser parler leur vraie personnalité. Qu'il est difficile de réellement connaître l'autre...

Et pourtant, c'est à travers un autre trou dans un autre mur qu'elle a enfin découvert, en la personne de Tatsu, un homme qui ne se voile pas, qui a toujours agi sincèrement et en qui l'on peut faire confiance...



Mélange de manipulation, de perversité, de fragilité, de bienveillance, de mystère, d'érotisme... Emiru Ikuno, c'est tout ça à la fois. La demoiselle, dans sa personnalité et son physique tout en contrastes, est fascinante et est sans nul doute la plus grande réussite de la série.
  
  
  


© 2009 Wakoh Honna/ Shogakukan Inc.

Commentaires

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Molina

De Molina, le 04 Février 2023 à 18h46

Quisiera saber si hay una continuación, luego del último capítulo, me gustaría ver a kido feliz junto a emiru aunque sea solo por un capítulo, se merece un poco más después de todo lo que sufrió, me dejó un vacío el final😭😭

damian

De damian [4646 Pts], le 16 Novembre 2015 à 14h32

18/20

excellent dossier qui me donne envie de lire ce manga

ShakuganKenshin

De ShakuganKenshin [565 Pts], le 14 Novembre 2015 à 01h16

17/20

Mon dieu, Nozoki Ana,

C'était mon premier du genre comme pour 2 autres de mes tomodachi à qui je leur ai conseillé aussi ^^ & aucun regret .

Il y a quelques années lors d'un article sur manga news en rapport avec celui-ci:

Je cite:

Au Japon, où le titre rencontre un grand succès (30 millions d'exemplaires vendus en numérique, 10ème volume en version imprimée classé 14ème du top des ventes).

Déjà, là, (rire), ça m'a fait un déclic, et puis c'est ce personnage!! qu'est Emiru chan.. je voulais en savoir tellement plus, plus sur elle, son histoire, etc >.<

Emiru chan, elle rend dingue.

Ses yeux complétement 'succube' enfin envoutant déjà sur la premier tome.., je n'ai pas de mots ai été séduit et m'étais laissé tenté.. la cursiotiée m'y poussa xD

Et puis les dessins sont plaisant (moi qui suis difficile) en bref son histoire que ses protagonistes que le dénouement entre autre est des plus appréciables


Je ne suis clairement pas expressif quand il s'agit de faire une critique développée alors voyant ce dossier, par la même occasion et subtilement décrit de A & Z, je ne peux que dire merci! si cela peu permettre à d'autres de découvrir ce sacré manga ^^

Encore bravo au mangaka Wakoh Honna, et arigato à Kurokawa

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