New York New York - Actualité manga
Dossier manga - New York New York
Lecteurs
18/20

Un pionnier inégalé du genre...

      
En dépit de la pléthore de yaois ou shonen-aï envahissant le marché, New York New York parvient à se détacher considérablement de la masse. Après Zetsuai 1989, ce fut l’un des premiers à voir le jour en France, perçant les à priori sur l’homosexualité dans la littérature. Depuis longtemps déjà ce sujet est abordé dans la bande dessinée française (dès les années 1960), mais jamais encore un tel phénomène n’avait soulevé un jeune lectorat. Supplantant tous ses confrères, New York New York étonne, surprend, charme, tout en restant le seul à réussir un tel prodige : parler de l’homosexualité au jour le jour, avec tous les obstacles que cela implique. Plus qu’une simple amourette entre deux hommes, c’est un véritable catalogue humain et quotidien de deux vies qui se rencontrent pour ne plus se séparer. Après des débuts laborieux dans le premier tome, la série s’envole et atteint souvent des degrés impressionnants d’authenticité. Au fur et à mesure du récit, Kain et Mel témoignent de la difficulté de vivre un amour considéré comme « anormal » ou « pervers ». La fiction se passant il y a quelques années de ça, la société dans laquelle le couple évolue est remplie d’intolérance et d’incompréhension parfois violente envers ce qu’ils considèrent comme une « tendance innommable ». Aujourd’hui encore, pourtant, nombre de couples sont mal perçus sous le regard méprisant des autres. C’est là que l’on peut se poser la question de l’uniformisation totale de l’amour. Depuis quand peut on définir un Amour unique et semblable pour tous ? La morale doit elle intervenir ? C’est ce genre de questions que le sérieux et la véracité de cette histoire nous amène à poser. Où se situe la limite de l’Amour face à la perversion ? Sans doute au consentement des deux partis. Mais cette ébauche de définition est bien trop limitée, et la série nous ouvre des pistes d’exploitation sans en avoir l’air.

Mis à part ce concept de l’Amour, Marimo Ragawa soulève bien d’autres thèmes, aussi variés que liés dans la trame de son histoire. On peut trouver une pluralité de sujets bien réels, tels que la fidélité, le viol, le rejet familial ou amical, la vision de l’homosexualité qui évolue peu à peu, la prostitution, le sida, le mariage homosexuel, le suicide, la tolérance (notamment avec Brian et la mère Kain), le sexe, la complexité des sentiments … Tous ces aspects d’une vie commune reflètent en fait une grande diversité de problèmes, qui généralement n’arrivent pas à une même personne … Pourtant ici, tout est amené par la vie difficile de Mel, sa fragilité et sa malchance. On y traite également, en fin de série, de l’homoparentalité et de l’adoption. Cette dernière notion est cependant abordée un peu facilement, sans réel approfondissement quant à la difficulté des démarches nécessaires. Comme s’il était simple pour deux pères d’avoir une fille, bien que la présence de l’assistance sociale et de ses régulières consultation enlève un peu cette idée toute rose.




Ce manga a l’énorme avantage d’ouvrir des portes sans les refermer, laissant les lecteurs se faire leur opinion sur le bien fondé d’une homoparentalité, redéfinissant le mot « anormal » et permettant à l’esprit éventuellement étriqué du lecteur curieux de s’épanouir dans une réflexion en toute connaissance de cause. Jamais au grand jamais la lecture n’est considérée comme subie. Le dernier tome de la série est d’ailleurs remarquable de ce point de vue : Erika raconte son histoire avec un calme, une présence d’esprit et un recul magnifiques, qui permettent de forger sa propre impression sur sa condition. Anodine au premier abord, la lecture de New York New York est en elle-même une véritable invitation à la tolérance, ne serait ce que de prendre le temps de reconsidérer la chose sans la pression extérieure que peut exercer la société via le regard de la masse. Il invite un lecteur curieux à porter un œil juste sur une façon de vivre finalement pas bien différente des autres. C’est ce qui fait que le titre s’ouvre à un large public, sans restreindre ses lecteurs aux jeunes filles perdues dans leur imagination parfois débridée en matière de yaoi.

D’ordinaire, une telle lecture est mise en scène au plus grand détriment de l’histoire, piétinant parfois la logique, le bon sens et la réalité. On a plus l’habitude d’un grand éventail d’exagérations des sentiments, et d’une intrigue (quand il y en a !) se déroulant sur quelques jours. Ici au contraire, on peut avoir le plaisir de suivre les personnages dans leur ascension vers le bonheur, dans leur amour et l’affection qu’ils se témoignent. Et, même si elle est un tantinet précipitée, la fin fait office de la plus agréable conclusion que l’on ait pu lire dans un yaoi / boy’s love / shonen-aï. Le traumatisme de Mel est réaliste, dans le cadre de toute l’enquête policière du troisième tome, ainsi que de ce qu’il a enduré. Son rétablissement prend du temps, nécessite des efforts et le jeune homme passe par plusieurs phases très dures à surmonter, ce qui a des répercussions sur sa vie sentimentale. Bref, un parcours plus qu’authentique dans un contexte plus sombre et réel que nos habitudes. D’ailleurs c’est ce qui fait tout le prestige de l’œuvre, qui n’avait aucune garantie quant à la réaction du public. A priori, lorsque l’on ouvre un yaoi, on cherche autre chose que ce que l’on peut trouver dans New York New York, ce qui rend ce manga audacieux et novateur, même des années après sa sortie. Le ton de l’auteur est assez juste pour rendre la narration fine et habile, tout en ne perdant jamais de vue ce qui sert le réalisme de son histoire. On est ici bien loin des yaois loufoques à la Gravitation, fantastiques comme Les larmes d’Anges ou Pure Love, avec la légèreté de Gakuen Heaven ou Fake … Alors à part l’écrasant stéréotype et principale règle du genre, c'est-à-dire la vision du seme (dominant / actif) viril (parfois très sensible, du reste) et du uke (soumis / passif) efféminé, on ne peut même pas comparer ce manga aux autres titres du genre.
                    
                               

NYNY © by Marimo Ragawa / HAKUSENSHA Inc.

Commentaires

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cicipouce

De cicipouce [3179 Pts], le 25 Janvier 2015 à 17h08

J'ai été choquée de me rendre compte que c'était Panini qui l'avait édité ... 

 

J'ai cru à une erreur jusqu'à ce que je vérifie des mes yeux vus .... et là non non c'était pas pour rire, merci seigneur j'ai eu le temps de tout acheter, ils seraient capable de nous faire payer le double pour une réédition baclée !!!

Aigakin

De Aigakin [4138 Pts], le 03 Juillet 2010 à 22h04

20/20

Merci pour tous ces infos complémentaire,j'adore cette série et quel joie qu'il soit enfin rééditer(pour mon plus grand plaisir).

hana

De hana [236 Pts], le 18 Mars 2010 à 03h18

15/20

Deja c'est vrai que ny ny a des qualités comment ne pas pleurer à la fin tres dur! c est vrai qu'il aborde l'hommosexualite dans la societe actuelle en plus un policier! c'est vrai qu'il parle d'homophobie de la relation avec les parents qui acceptent pas le commit outmais...je trouve que l'enlevement et le viol de mel ne sert à rien et anglout un peu ny ny car ce garçon à deja vecu un tas de trucs et la mangaka lui recolle un viol et un enlevement sur le dos ça fait tres pathos et ce volume 4 gache un peu la serie! apres certes fake est moins realiste mais de là a dire que c'est loufoque je ne suis pas trop d accord car malgres un humour present fake parle de themes assez noirs il y a un certain realisme dans les missions des deux heros qui sont aussi policiers et le manga va jusqu'a parler de pedophilie ou de jeunes filles violees je ne trouve pas ces themes tres loufoques! apres c'est vrai que l'amour entre dee et ryo est tres idealisés mais ça reste tres touchant et ryo est un seme qui change aussi de se qu'on voit d'habitude car deja il n'est pas dependant de dee pour existe alors que dans beaucoup de yaoi le uke est un peu toujours colle derriere son seme si on peu dire mais se n'est pas general! en plus on peu dire aussi que c'est ryo qui mene la barque et non dee dans la relation amoureuse, c'est lui qui decide on est loin du seme qui impose toujours ses desirs sexuels au uke! le couple est plus egale dans fake il y a pas de forcing si on peu dire ioi! donc faka ça a beaucoup de qualite aussi, les perso sont tres attachants et il est parfois noirs et dragique malgres son humour mais bon vu les horreurs qui voyent dans leurs enquetes si il y aurait pas d'humours ca serait vachement tristes ils ont raison de garder une certaines distance face à leurs travail! apres bon c est sur leur commisariat est pleine de tolerence mais on pardonne!

Aigakin

De Aigakin [4138 Pts], le 11 Février 2010 à 17h13

Je sais qu'il doit être réediter,mais je me demande pour quand,car depuis le temps que j'entend parler,je souhaîte vivement l'acquérire!

Chamine

De Chamine [1437 Pts], le 27 Mai 2009 à 13h36

19/20

Et la note (l)

Chamine

De Chamine [1437 Pts], le 27 Mai 2009 à 13h36

Je suis vraiment contente que tu ais pu les trouver et qui plus est chez moi, je voulais vraiment savoir ce que tu en pensais, vu que moi j'avais adoré, même si je gardais surtout en mémoire Mel et sa poisse légendaire et sa vie impossible xD Mais l'histoire m'avait vraiment plu.

D'ailleurs tu m'as pas envoyé de message pour me dire ce que t'en pensais en les finissant, c'est pas gentil !

 

Bref, un très bon dossier, dommage qu'ils soient introuvables, il faudrait les rééditer, mais Panini... Sans commentaire. Bravo ! J'ai eu beaucoup de plaisir à le lire et j'ai envie de me replonger dans mes tomes ^-^

cicipouce

De cicipouce [3179 Pts], le 25 Mai 2009 à 09h11

17/20

Mini Pouce je comprends pas trop ou est la différence pour toi entre Manga Gay et Yaoi ??? O.O ....

En tout cas merci pour le dossier il est super sympa et le manga l'est aussi

mini pouce

De mini pouce, le 24 Mai 2009 à 01h26

J'aime énormément cette série que j'ai eu la chance d'acquerir. J'ai été assez étonné de la voir classé dans la catégorie "yaoi". Pour moi c'est plus un manga gay. Traité avec (à priori) verracité et sensibilité. Quelque soit ses préférence, cette histoire est assez riche pour toucher tout un chacun. Vivement qu'ils la rééditent. Peut être qu'Asuka accepterai?...

PS: si tu peux, essaye les boutiques d'occasion sur Paris tel que Gibert (j'y trouve souvent des séries rares en prenant mon temps), et aapoum bd (métro cluny), ainsi que celle du côté de Konci et de la librairie Tonkam (mais moins de chance pour des anciennes séries).

Nell

De Nell [34 Pts], le 23 Mai 2009 à 01h21

20/20

Merci pour cet excellent dossier ! Ce manga est l'un des premiers "yaoi" que j'ai lu et je trouve que c'est un titre à conseiller (très fortement !) aux néophytes aussi bien qu'aux personnes "réfractaires" au genre, malheureusement encore trop nombreuses...

 

Comme dit précédemment, ce manga a le mérite d'aborder des thèmes réalistes, ce qui n'est hélàs pas vraiment le cas dans les titres que les éditeurs français nous proposent depuis quelques temps. Leur démarche de promouvoir ce genre littéraire est louable (si ce n'est finalement logique au vu du succès au Japon !) mais leur choix éditorial est (pour le moment) trop accès sur la romance, au détriment du réalisme. Il serait bon de proposer différentes facettes du genre, à l'image des "josei" dont certains titres sont romantiques et peu réalistes, tandis que d'autres se veulent introspectifs et mâtures.

Je pense que le "yaoi" proposé en France ne doit pas s'adresser uniquement aux filles mais aussi aux homosexuels et même aux hommes hétérosexuels. Editer seulement des romances risquent de faire plus de dégâts auprès de ceux qui considèrent ce genre comme "étrange", "écoeurant", et j'en passe. Ils n'ont déjà (trop souvent !)  pas une très bonne image des "shojos", alors le "yaoi"... 

 

Un sujet à creuser... Mais gardons espoir ! La France vient de faire un pas de géant au profit des transexuels. A quand des romans, BD et mangas gays et lesbiens disponibles dans toutes les librairies ? La littérature hétérosexuelle sentimentale (Harlequin,...) a déjà bien du mal à se faire accepter... Comme dit l'autre : wait & hope !

noutish

De noutish [136 Pts], le 22 Mai 2009 à 14h31

16/20
je suis homo et je lis presque uniquement des shonens. j'ai plusieurs fois essyé divers yaoi mais je n'ai jamais réélement acroché...sauf sur new york new york! meme mes potes hétéros on aimé! pour une foi les themes abordé son ceux auquels on doit faire réélement face (coming out,sida...)le passé de mel est un peu abusé (a sa place je me serai tiré une balle depuis belle lurette!) mais qu'importe,c'est une tres jolie histoire!je trouve la fin tres belle.des yaoi de cette qualitée,j'en redemande!
NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 22 Mai 2009 à 12h21

Merci à vous deux !
Martel essaye dans les boutiques d'occasion ou, au pire, sur internet. Certains sites proposent encore la série, même si c'est vrai qu'il faut y mettre le prix ... Mais ce titre vaut vraiment le coup.

Martel

De Martel [443 Pts], le 22 Mai 2009 à 11h57

Très bon dossier... ça me donne vraiment envie de le lire ! TT__TT Et j'ai toujours rêvé de le lire... mais impossible de le retrouver... j'espère qu'on pourra en trouver un jour dans un magasin :(

yaku

De yaku [1338 Pts], le 22 Mai 2009 à 11h51

20/20

Un très bon dossier qui présente l'un des plus beaux mangas yaoi que j'ai jamais lu! Si vous ne connaissez aucun yaoi, je vous recommande vivement de commencer par New York New York!

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