La politique, un sujet trop sensible ? - Actualité manga
Dossier manga - La politique, un sujet trop sensible ?
Lecteurs
18/20

Introduction


Et oui, on va encore parler d'un sujet qui fâche, mais je pense que vous commencez par être habitué avec moi. Je vous rassure, on va aborder des séries qui ne parlent pas trop de sujets sensibles aujourd'hui, mais qui se servent de la politique pour augmenter la tension dramatique, plus dans une optique de vulgarisateur qu'autre chose. Je pense que vous connaissez la phrase « tout est politique », et c'est plus ou moins vrai. Chaque œuvre, même les shôjos les plus niais, sont politiques, dans la mesure où ils vont diffuser certaines visions de la société. Bien évidemment, on ne peut pas mettre sur le même un « Inspecteur Kurokôchi » chez Komikku et un « Blue Spring Ride » chez Kana. Ce ne sont pas des jugements de valeurs, les deux séries sont très bien dans leurs genres. En revanche, la première va être beaucoup plus engagée politiquement, la deuxième se contentera de transmettre une vision politique de la société, souvent inconsciente, de la mangaka. On retrouve ça dans n'importe quelle œuvre, cinématographique, littéraire, vidéoludique...  Je ne vais donc pas parler de ces œuvres politiques « inconscientes », mais plutôt de la deuxième catégorie, celles qui veulent en parler, que ce soit à titre pédagogique ou dans l'optique de dénoncer des dérives.


 
  
  


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Hurleguerre

De Hurleguerre, le 09 Avril 2020 à 17h10

18/20

Il y a une chose que je souhaiterai voir dans un dossier sur la politique dans les mangas, car il y a une tendance que j'ai remarquer dans beaucoup d'œuvres issues du Japon, tout supports confondus : une apologie très prononcée,  parfois excessive, de la magnanimité.
J'ai plusieurs exemples à citer, avec bien entendu beaucoup de spoilers.

Le premier, et le plus caractéristique puisqu'il met en scène le Japon contemporain «réel». C'est «Gate-Au-delà de la porte», manga issue d'un light novel ou une mystérieuse porte magique surgie au cœur de Tokyo pour déversé une armée d'envahisseurs d'héroic fantasy. La série est si populaire qu'elle a inspirée deux autres light novel, de qualité bien moindre, mais présentant un point commun : la réticence des japonais à utiliser la force armée face à leurs ennemis, qu'ils surclassent complétement, pour des raisons éthiques... alors même qu'ils sont confronté à une situation de légitime défense ou n'importe qui jugerait normal de se battre, aussi bien d'un point de vue moral que politique ou logique.
Dans Gate, les japonais sont étrangement bien disposé envers l'empire qui a tenté de les envahir, et pas simplement envers les civiles mais aussi les dirigeants. Que ce soit les soldats, les citoyens, ou même le gouvernement japonais, lequel n'envisage que de demander des réparations financières alors même que l'attaque de Ginza a causée des milliers de morts. Dans la réalité, après une agression pareil n'importe quel pays du monde viserai au minimum le renversement du gouvernement ennemi et le passage en jugement de ses membres, à juste titre d'ailleurs.
Le cas le plus révélateur est Tyuule, ancienne reine des guerrières-lapine devenue esclave sexuelle du prince Zorzal pour protéger son royaume vaincu, promesse que ce dernier n'a bien sur pas tenue, la quasi-totalité de son peuple ayant été réduit en esclavage. En apparence brisée et soumise, Tyuule ne vit plus que pour la vengeance, qu'elle exercera en manipulant Zorzal pour déclencher une guerre civile qui l'empire au bord de la destruction, car le responsable de ses malheurs n'est pas juste un homme mais la nation entière. Sa haine est présentée comme quelque chose de négatif, alors que même sans tenir compte de l'aspect émotionnel, l'empire est un ennemi mortel pour elle et les siens, et chercher à l'abattre à tout prix est la réponse la plus logique. Le contre-exemple présenté par l'auteur, placer au pouvoirs des dirigeants modérés et pacifiques ne discriminant pas les non-humains, est une fausse bonne solution car même traité en citoyens, les peuples conquis resterons des minorités ethnique noyées dans une société humaine et dépendant du bon vouloir de la classe dominante, comme les noirs aux États-Unis après l'abolition de l'esclavage.

Pour rebondir sur les compensations accordées aux vaincus, celles-ci aussi peuvent paradoxalement être un moyen d'oppression. Sun Tzu disait que laisser une porte de sortie a son ennemi est un moyen de le vaincre, et la série «Code Geass» l'illustre parfaitement.
Pour ceux qui ne connaissent pas, celle-ci met en scène un Japon conquis par l'empire fictif de Britania, sorte d'États-Unis monarchistes et totalitaires. Le héros, Lelouch, est un ancien prince trahis par sa famille qui tente de se venger de l'empire avec un pouvoir mystérieux, le geass, mais aussi en instrumentalisant la résistance japonaise pour en faire son armée personnelle, les chevaliers noirs. Or, la princesse Euphémia, placée à la tête du Japon, est pleine de bonnes intentions et déclare la création d'une zone spéciale ou les japonais retrouverons leurs droits. Elle le fait sans arrière-pensé, mais pour Lelouch, c'est de son aveux la pire manœuvre possible contre lui, car cela sapera la résistance bien plus efficacement que n'importe quel politique oppressive. D'ailleurs, si les autres britaniens désapprouvent cette initiative, le prince Schneizel, le membre le plus brillant de la famille impériale, s'en réjouit car tout comme le héros il y voit un coup mortel porté aux chevaliers noirs. En cela Code Geass change de la norme des stéréotypes du manga et de l'animation.

J'ai d'autres exemples, mais mon commentaire devient déjà trop long alors ce sera peut-être pour une seconde partie de ce dossier que j'ai adoré. 

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