La force avant la faiblesse - Actualité manga
Dossier manga - La force avant la faiblesse

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Bon, commençons par mettre les pieds dans le plat.  «La force avant la faiblesse », c'est le message de base de tous les shonens, ou quasi. C'est simple, cela fait partie du cahier des charges pour créer un shônen en fait, surtout si on veut que notre shônen devienne un gros succès. On le retrouve dans Bleach, avec Ichigo qui manque de mourir à chaque combat et qui, pour sauver ses amis, ne fera que se dépasser. On le retrouve dans « Naruto » quand ce dernier veut devenir Hokage, alors qu'il est vu comme le vilain petit canard de Konoha, en ajoutant qu'il abrite un démon à neuf queues en lui. Autant dire qu'il doit se battre contre le monde entier, et contre lui-même ! On le retrouve dans « Hikaru no Go » quand Hikaru, notre héros, se passionne pour le go et décide de tout faire pour battre son rival, Akira, ce jeune garçon qui courre après un fantôme. Sai, l'instructeur d'Hikaru, qui l'a hanté pour assouvir son envie de jouer au go, qui le forcera au début et deviendra ensuite son maître. Un maître dont la perte poussera Hikaru a sortir de son ombre, et à jouer avec son souvenir.


NARUTO © 1999 by Masashi Kishimoto / SHUEISHA Inc.


Dans les shonens, ce message est souvent de manière très littérale. En bref, le héros devra surmonter des obstacles pour parvenir à réaliser ses rêves. Luffy de « One Piece » devra affronter de nombreux pirates et officiers de la marine afin de trouver le trésor de Gold Roger. Ou tout du moins, « devenir l'homme le plus libre du monde ». Rikuo de « Nura, le seigneur des yokais » devra accepter sa part yokai pour protéger ses proches et accéder à la succession de son grand-père. Simon de « Gurren Lagann » suivra dans un premier temps son modèle, Kamina, avant que la mort de ce dernier ne serve de déclencheur et le pousse à devenir une véritable force de la nature, et un espoir pour toute l'humanité.


Là où le shônen est un peu limité... C'est justement dans son format adapté pour les « jeunes garçons ». Parce qu'on aura souvent un propos assez manichéen où notre héros est vu comme étant du bon côté, et ses adversaires comme des ennemis. Bon, bien évidemment, les ennemis des débuts des histoires deviennent souvent des alliés par la suite, pour affronter le « grand méchant loup ». Végéta qui devient l'ami et rival de Goku dans « Dragon Ball », tout comme Piccolo.


Bref, après tous ces exemples, on peut ressortir ce message : le shônen est inspirant. Il nous montre que la force du héros est son moteur pour réaliser son rêve. Cela peut-être une force intellectuelle (Hikaru), une force physique (Luffy), une force psychique, mystique (Ichigo). L'important, c'est que le héros croit en son rêve et croit avant tout en ses capacités à y arriver. Il aura ses moments de doutes, de faiblesse, mais qui ne seront là que pour le rendre plus fort. « La force avant la faiblesse », autrement dit, ne jamais laisser la faiblesse nous submerger, sans totalement l'ignorer. La faiblesse est en chacun d'entre nous, il faut apprendre à la connaître, à la dompter et à la surmonter. Un pas après l'autre.


ONE PIECE © 1997 by Eiichiro Oda / SHUEISHA Inc.


Bien sûr, tous les shônens ne sont pas exactement comme ça. « Death Note » est l'exemple qui confirme la règle, où on nous demande de suivre l'antagoniste. On reprend les codes, mais on les détourne et on ne peut s'empêcher d'admirer l'intelligence de Light, tout en étant dégoûté par son comportement. Tout simplement parce que le but de Death Note n'est pas de nous inspirer, mais de nous questionner sur notre sens de la justice.


Malgré tout, la plupart des shônens suivent ce schéma, notamment les gros succès, et le fameux « Big Three », le trio infernal « One Piece », « Naruto », « Bleach » qui a trusté les tops du Shonen Jump pendant des années. Même si une certaine tendance commence à ressortir récemment, avec des shônens plus sombres, plus torturés. On a « The Promised Neverland », « Demon Slayer » ou encore « Jujutsu Kaisen ». Je n'ai eu le temps de lire que le premier et j'ai tout juste démarré le deuxième mais si on excepte un début assez sombre et une toile de fond plus glauque qu'un shônen de base, ça en reprend vite les codes. Disons simplement que ces « nouveaux » shônens sont plus mélancoliques, tragiques et un peu moins manichéen dans le ton.



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Voq

De Voq [678 Pts], le 05 Juillet 2022 à 16h32

Effectivement, encore un thème ultra vaste, qui peut être abordé de bien des manières dans les mangas ou la fiction en général. Et c'est probablement la partie du message la plus problématique à prendre isolément, parce que si on oublie l'idée qui sous-tend la citation, les dérives peuvent très vite survenir, à commencer par la loi du plus fort (alors qu'il serait plutôt question de trouver la force de s'y opposer). Même en s'intéressant à la question du point de vue des héros plutôt que de tous ces méchants qui cherchent à s'imposer par la force, je reste un peu partagé quant aux applications qu'on peut en trouver ici et là.

En ce qui me concerne, quand c'est pris de manière prosaïque (la force de battre ses adversaires), ce n'est pas forcément ce qui m'attire le plus : ce type de shonen, j'aime bien, mais pas à trop forte dose. D'ailleurs, puisqu'il est question du fameux Big Three, je n'ai jamais lu plus de quelques chapitres de Bleach, Naruto ou One Piece, c'est dire.
Mais voilà, ça peut me parler tant qu'il y a une « vraie » raison derrière tous ces combats. Suivre un certain deuxième idéal, notamment : « I will protect those who cannot protect themselves. » ;-) Ce qui me pose plus problème, c'est que souvent, on trouve aussi l'idée de prouver qu'on est le plus fort / le meilleur, indifféremment de toute notion de bien ou de mal, d'amitié ou d'inimitié. Alors c'est sans doute parce que je n'ai jamais eu l'esprit de compétition, mais j'ai vraiment du mal avec ce genre d'ambition. (D'ailleurs, si on va par là, je ne m'intéresse pas le moins du monde aux mangas de sport. Ni aux compétitions sportives IRL.)

Et du coup, le passage quasi obligé du tournoi, je m'en tamponne un peu le coquillard. Ça me donne juste l'impression de voir une lutte stérile, les personnages qui combattent sans véritable enjeu.
Dans Dragon Ball, ça passe parce que les personnages sont rigolos, mais ce ne sont vraiment pas mes moments favoris, et je m'intéresse alors plus à ce qui se passe en coulisses et dans le public qu'aux combats eux-mêmes. Et en même temps, je me retrouve à apprécier la mentalité de Goku qui cherche toujours un nouveau combat à remporter, non pas pour s'imposer comme le guerrier le plus fort qui existe (il s'ennuierait si c'était établi de manière définitive !), mais pour avoir une nouvelle occasion de se surpasser.
Dans Fairy Tail, des éléments d'intrigue ont beau s'y intégrer, le grand tournoi de la magie me paraît interminable ; et oui, les méchants qui essaient de prouver que ce sont eux les plus forts en faisant des trucs de méchants ont bien besoin qu'on leur remette les idées en place, n'empêche que dans fond, il s'agit ni plus ni moins pour nos héros de retrouver le statut de meilleure guilde du royaume. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il aurait pu y avoir un meilleur moyen pour eux de retrouver leur crédibilité.
Et encore, dans ces deux exemples, la tenue d'un tournoi reste cohérente vis-à-vis de l'histoire. Parfois, ce n'est même pas le cas : le coup du tournoi dans Jujutsu Kaisen arrive vraiment comme un cheveu sur la soupe, une croix à cocher dans le cahier des charges du shonen et peu importe si ça paraît complètement déplacé dans l'intrigue (d'ailleurs, c'est une série que je trouvais plutôt sympa au début, et qui au fil des tomes a fini par m'indifférer complètement ; j'ai arrêté les frais et revendu mes tomes).
Après, ça dépend aussi de la manière dont c'est fait : je me suis laissé prendre au jeu dans le deuxième arc de The Irregular At Magic High School. Déjà, un peu la même remarque que pour Dragon Ball, parce que les personnages et leurs réactions sont amusants. De plus c'est aussi une bonne occasion de les approfondir (personnalité et pouvoirs), ainsi que de développer l'univers. Sans oublier qu'il s'agit avant tout d'une tradition de l'école de magie, où les personnages font de leur mieux à situation donnée, alors qu'on a un protagoniste qui aimerait mieux rester discret quant à ses compétences. Dans le fond, ça m'était égal qu'ils gagnent ou perdent : bien plus que le résultat, c'était la façon d'arriver à ce résultat qui m'intéressait (le voyage avant la destination, héhé)... Mais bon, c'est l'exception qui confirme la règle : en général, les tournois, ce n'est vraiment pas ce qui me fait vibrer.

Un peu dans le même ordre d'idée, si je peux comprendre l'intérêt scénaristique d'une rivalité, qui va pousser les personnages à donner le meilleur d'eux-mêmes, dans les faits, le comportement des rivaux a plus tendance à m'agacer qu'autre chose.
J'en suis actuellement à une vingtaine de tomes de Kingdom (qui est un seinen, mais dont le protagoniste est l'archétype même du héros de shonen), et avec les origines de Shin, sa volonté infaillible de devenir général est admirable... mais je trouve assez pénible sa manie de toujours vouloir surpasser les autres. Quand il monte en grade et qu'il commence à y avoir des rivalités pour continuer à grimper les échelons, on aboutit parfois à des passages où j'ai surtout envie de donner des baffes aux personnages : vous faites partie de la même armée, avec le même ennemi, vous auriez de bien meilleurs résultats en collaborant plutôt qu'en vous tirant dans les pattes ! Au final, c'est celui qui donne le moins l'impression de vouloir devenir général qui s'en montre le plus digne (ce qui est probablement volontaire de la part de l'auteur, donc j'espère que ça va faire évoluer un peu la mentalité du héros). Je ne dis pas que ce n'est pas réaliste, au contraire, c'est juste que je trouve ça agaçant.
Quitte à se coltiner un personnage qui veut devenir le plus fort, je m'y retrouve davantage dans l'approche d'Orient - Samurai Quest, où Musashi cherche à se lier sincèrement avec les autres plutôt que d'essayer de trouver un moyen de les dépasser en agissant dans son coin (et pas uniquement parce qu'il n'a pas tellement le choix dans le contexte).

Enfin voilà, d'une manière générale, j'ai du mal à voir d'un bon œil cet acharnement à prouver qu'on est le meilleur, ou à le devenir. Je suis bien plus réceptif aux personnages qui se retrouvent en position de force soit parce qu'ils ont donné le meilleur d'eux-mêmes, sans arrière-pensée... soit parce que ça leur est tombé dessus sans qu'ils aient voix au chapitre.
Dans Iruma à l'école des démons, le jeune héros n'aspire qu'à une vie tranquille, et au début de l'histoire, son unique point fort est une capacité exceptionnelle à éviter le danger. Quand un camarade se soumet et se met à l'idolâtrer après avoir subi une défaite, Iruma n'y voit pas l'établissement d'un rapport de force, il s'est juste fait un ami. Il finit par décider de devenir plus fort uniquement quand il se rend compte que c'est le seul moyen de protéger les autres, là où son talent pour la fuite ne protège que lui.
Dans Shy, le rôle d'héroïne est tombé sur Teru sans qu'elle le désire, et elle n'a absolument aucune envie d'être sous le feu des projecteurs, bien au contraire. Mais elle surmonte sa timidité maladive (sa faiblesse) non pas pour être vue comme une vraie héroïne (elle a du mal à se considérer comme telle), mais parce que c'est nécessaire pour venir en aide aux autres.
It's my life nous présente un ancien capitaine de la garde et jeune retraité dont l'ambition a toujours été de s'offrir une maison et d'y couler des jours paisibles. Sa grande force, il est tout prêt à la laisser au placard, et c'est le destin qui est bien décidé à ne pas le laisser en paix.
Bref, je trouve ce genre de protagoniste infiniment plus attachant qu'un fanfaron qui ambitionne d'être le plus grand / le plus fort / le meilleur dans quelque domaine que ce soit, et je vais prendre d'autant plus de plaisir à suivre ses aventures.

Après, encore une fois, tout dépend de la manière dont c'est traité. Si l'objectif est de devenir plus fort, même s'il ne s'agit pas de défendre une noble cause, la distinction n'est pas toujours très nette entre chercher à s'améliorer soi-même (un objectif louable) et chercher à être meilleur que les autres (une attitude que je ne trouve pas très saine). Et dans le premier cas, l'affrontement est alors plus un moyen de se mettre à l'épreuve plus que de chercher à s'imposer en vainqueur. C'est alors surtout une question d'état d'esprit, et la délimitation est parfois un peu floue... Quand en prime l'œuvre est manichéenne et pose son protagoniste comme un gentil sans équivoque, ça a tendance à m'interpeller.


Une autre approche qui peut être intéressante, c'est celle qu'on trouve par exemple dans Vinland Saga, où un personnage en vient à considérer que la vraie force, c'est de ne pas recourir à la violence et de chercher une autre voie... Pas si facile, surtout quand un passé sanglant se rappelle sans cesse à lui.

On en arrive alors à un autre type de force, qui s'éloigne de l'aspect physique / combat, et qui peut alors prendre de multiples formes.
Pour le coup, c'est un thème que l'on retrouve un peu partout, à différents degrés et de façon plus ou moins explicite. La force de surmonter les épreuves de la vie, de supporter la pression, de suivre ses convictions, de faire valoir son point de vue, de faire changer les choses, de changer soi-même ou à l'inverse de s'accepter tel qu'on est...
Et là, je dis chapeau pour avoir limité ça à trois cas particuliers, parce que pour ma part je n'ai pas d'exemple précis qui me vient à l'esprit... ou au contraire j'en ai beaucoup trop et ce commentaire va faire un kilomètre de long (déjà comme ça !) et me prendre du temps que je pourrais consacrer à me pencher sérieusement sur Metroid Dread ou à retourner sur L'Équateur d'Einstein, faudrait voir à ne pas exagérer !
...
En fait si, maintenant que j'y pense il y a bien un cas qui me vient à l'esprit, et qui a pas mal monopolisé mon attention ces dernières semaines (ça et le boulot, mais on peut laisser ce dernier de côté) : je sors de Trails In The Sky the 3rd, et il y était assez souvent question de force, et pas uniquement celle de venir à bout du donjon et de vaincre le boss final.
Je pense par exemple à un flashback de Kloe, qui entre au lycée en espérant trouver la force de vivre par elle-même et de suivre sa propre voie plutôt que d'être ballotée par les désirs des autres, surmonter sa faiblesse de « pauvre petite orpheline ».
Ainsi qu'à Schera, jeune recrue dans la Bracer Guild, qui s'impose de rester forte pour vivre une vie honnête, ne pas retourner à son existence d'enfant voleuse... sans se rendre compte que cette idée vire à l'obsession et pourrait bien la dévoyer d'une autre manière.
Ou encore à Tita, qui cherche la force de se confronter à Renne, non pas pour la vaincre mais simplement pour pouvoir lui parler sur un pied d'égalité et faire entendre ce qu'elle a à lui dire.
Sans oublier Kevin, qui est au centre de ce volet et qui devra trouver la force de surmonter un traumatisme passé avant de pouvoir envisager un avenir.
Et surtout... Agate aura-t-il la force de survivre à la tornade Erika Russell ?
Bref, en plus de combattre côte à côte, chacun aura son moment où il lui faudra trouver sa force intérieure ou s'interroger sur sa nature et ses objectifs. Si le jeu n'est pas le meilleur de la saga, j'ai bien aimé ces passages qui se concentrent sur les personnages et leurs défis personnels, sans forcément de lien avec l'intrigue plus générale.


Quant à The Elusive Samurai, le titre m'intéresse fortement, mais j'attendrai que la publication soit un peu plus avancée avant d'attaquer la lecture.

Sur ce...
Allez Samus, tu auras besoin de force pour échapper à la planète ZDR.
...Comment ça, ça dépend du joueur ?

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