Focus sur l'érotisme japonais
Parmi les mises en avant qui, cette année, ont retenu notre attention, il y a en premier lieu celle sur l'érotisme japonais, dans le cadre de laquelle s'inscrivait parfaitement la venue sur le salon de l'artiste qui évidemment intéressait le plus Manga-news : Yamatogawa, le plus emblématique des auteurs de la collection hentai de Taifu.
Eros in Japan
En fers de lance de ce focus, on trouvait l'exposition Eros in Japan, espace précautionneusement caché derrières des rideaux noirs et (plus ou moins bien) gardé par le staff afin d'empêcher les yeux baladeurs de certains mineurs de s'y aventurer.
On y trouvait, bien sûr, un petit focus sur l'auteur de Power Play et Witchcraft, avec une présentation d'une dizaine de ses planches (photocopies en vf fournies par Taifu), clairement pas à mettre à la vue de tous.
A côté, on apercevait également une galerie d'illustrations sur le thème du yaoi, au sens large du terme, puisqu'on avait moins droit à des images d'œuvres publiées professionnellement (3 images des couvertures du Jeu du chat et de la souris, d'In These Words et de Rihito Takarai, et basta) qu'à des reproductions faisant honneur aux différents amateurs présents sur le salon, où l'on trouvait également un peu de bara.
Dans un recoin, il y avait la possibilité de tester un eroge, un de ces fameux jeux vidéo de drague érotique typiquement nippons, au graphisme clairement typé manga, et qui s'inscrit donc là aussi dans le domaine de la culture pop japonaise.
Mais l'exposition, témoin du souhait du salon de s'étendre à un aspect culturel dépassant la culture manga qui a fait son succès, proposait aussi des focus dans d'autres domaines. Les deux derniers coins de l'exposition se consacraient ainsi clairement à un aspect culturel différent.
D'un côté, l'occasion nous était donnée de découvrir le travail de photographe de Romain Slocombe, artiste multifacettes, aussi bien auteur de bande dessinée à ses débuts (il fut l'un des fers de lance de Métal Hurlant, et on lui doit le controversé et longtemps interdit Prisonnière de l'armée rouge, disponible depuis quelques années édition du Lezard Noir) que photographe ou romancier. Affirmant depuis toujours son intérêt pour certains fétichismes nippons (bondage, uniformes), il est considéré comme le père de ce que l'on appelle l'Art Médical. Les photographies ici présentées donnaient un bon aperçu de ses talents de photographe et de sa vision de l'érotisme japonais (clairement plus sous-entendue et fantasmatique que Yamatogawa ou le Yaoi), même si elle manquait un peu de variété (il y avait clairement plus d'images de femmes en uniforme que de cordes, par exemple).
De l'autre côté, le maître des cordes Hwajae Yong proposait des initiations au shibari, jeu des cordes que l'on pourrait en quelque sorte rapprocher du bondage, et qui a pour vocation de procurer une forme de plaisir assez méconnue chez nous, le fait d'être attaché sans échappatoire devant naturellement effacer tout sentiment de honte. Cordes placées à terre, menottes au plafond, ambiance tamisée et plutôt agréable... tout était réuni pour que les plus téméraires s'essaient à cet art en compagnie du maître, pour une expérience qui devait, sans nul doute, être assez unique. Autour de cet espace dédié, on trouvait quelques photographies présentant diverses facettes du shibari.
Enfin, la face extérieure de l'exposition offrait une galerie visible par tous : des nus à l'encre, où les tracés à l'encre japonaise laissaient simplement deviner des formes sensuelles.
L'exposition se voulait assez hétéroclite, avait pour but de présenter différentes facettes de l'érotisme japonais, et de ce côté-là c'était réussi. On pouvait toutefois regretter le manque d'explications, de panneaux explicatifs. On ne notait pas de présentation détaillée de Yamatogawa, ni de notes précises sur l'art du shibari (heureusement, le maître et ses compagnons de voyage étaient souvent là pour en fournir). Le panneau présentant le Yaoi restait extrêmement sommaire, de même que la présentation de Romain Slocombe (une petite biographie, et c'est tout). Quant à l'espace eroge, disons-le clairement, il faisait pitié, se limitant à un simple ordinateur dans un coin, sans aucune indication, et où donc personne ne s'arrêtait malgré les brèves tentatives d'approche d'un gérant (le "préposé à l'ordi") qui semblait clairement s'ennuyer.
Les conférences érotiques
Plusieurs conférences étaient là pour appuyer un peu mieux ce que l'on pouvait voir dans l'exposition, ce qui était clairement une bonne idée.
On pouvait ainsi noter les conférences successives sur la présentation passionnée d'In These Words par Taifu, puis sur le Yaoi avec la participation d'Event Yaoi (éditeur et organisateur de la Yaoi Yuri Con) et de la boutique en ligne Japan's Doors. Les deux intervenants de cette deuxième conférence s'avéraient intéressants à suivre et dotés de visions assez complémentaires sur le genre.
Il s'agissait néanmoins de conférences assez sommaires, présentant les bases, et qui n'avaient pas forcément d'intérêt pour qui connaît déjà In These Words et le Yaoi.
Le maître des cordes Hwajae Yong tint lui aussi sa conférence, à laquelle nous n'avons malheureusement pas pu assister. Autre conférence à laquelle nous n'avons pu être présents, celle nommée "Amour, sexe et beauté. L'esthétique du caché au Japon", tenu par Agnès Giard, journaliste et puits de science sur les mœurs sexuelles au Japon, à qui l'ont doit notamment les ouvrages L'imaginaire érotique au Japon et Les histoires d'amour au Japon.
L'une des dernières conférences du salon fut également celle qui attira le plus de monde : "L'érotisme japonais fantasmé par l'occident" réunissait Agnès Giard, Romain Slocombe et Event Yaoi pour une table ronde passionnante, car elle permettait de confronter trois visions assez différentes et complémentaires, donnant lieu à des "débats" limpides et prenants, où les principales frustrations venaient de l'absence de Yamatogawa (annoncé sur le papier, finalement pas là, sans doute à cause d'une certaine timidité et d'une fatigue accumulée) et de la brièveté de la conférence. Les 45 minutes dédiées, à ce rythme, passèrent beaucoup trop vite, et donnèrent l'impression que la conférence s'achevait alors qu'elle commençait à peine. La brièveté des conférences (30 minutes pour les plus courtes, 45 minutes pour les plus longues) était d'ailleurs un problème récurrent, qui ne permettait pas ou peu d'entrer dans les détails.
Les dédicaces d'invités érotiques
Hormis le maître des cordes qui s'adonna plutôt à une présentation de son art sur la scène, les invités du focus érotique s'adonnèrent tous à des séances de dédicaces.
Avant sa première séance de dédicace, Yamatogawa (qui, rappelons-le, sortait pour la première fois du Japon et donnait à Lyon les toutes premières séances de dédicace de sa vie) avouait craindre de ne pas attirer de monde... il fut vite démenti ! Comme nous le confirma le directeur du salon plus tard, les dédicaces de l'auteur hentai furent clairement l'un des beaux succès de cette Japan Touch, d'autant que Yamatogawa se montrait souriant et disponible envers les fans qui lui posaient des questions.
De par leur statut parlant beaucoup moins au public "manga" habituel des Japan Touch précédentes, Romain Slocombe et Agnes Giard eurent évidemment moins de succès, mais attirèrent quelques personnes qui purent feuilleter et se procurer leurs ouvrages sur le salon. Dans tous les cas, les deux auteurs n'hésitaient pas à parler avec les curieux qui venaient les voir, pour des rencontres enrichissantes.
Autres couleurs du Japon
Exposition Bonsaï
En marge de ce focus sur l'érotisme, le Japon était représenté par quelques aspects plus récurrents de Japan Touch, à commencer par l'exposition habituelle de l'Ecole de l'Art du Bonsaï, proposée par Bruno Heller. Ses travaux furent présentés sur 400m², dans une zone dans un coin du hall. Malgré son éloignement avec le reste de l'effervescence du salon, l'exposition attira beaucoup de monde et des ateliers étaient même proposés pour s'initier à cet art si délicat. Les plants présentés étaient étonnants de diversité dans les formes et les couleurs, mais l'on notera l'absence des éléments les plus imposants et du jardin zen de l'an dernier.
Arts martiaux
Egalement situés au fond du festival, les arts martiaux étaient moins bien mis en avant cette année. S'ils purent toujours profiter de la scène le temps de prestations matinales, leur espace en lui-même disposait d'assez peu de tatamis pour multiplier les prestations. Toutefois, les différentes associations de la région disposaient de stands dédiés pour présenter leurs activités respectives.
Ateliers
Nouvelle venue en 2013, l'association Ota'Sekai a proposé une nouvelle fois un espace matsuri composé de quelques jeux traditionnels. Mais ils passaient quelque peu inaperçus à côté de leur attraction principale : les combats de sumo ! Autour de cet espace, nous retrouvions également des jeux de plateau traditionnels (go, mahjong, hanafuda), auxquels se mêlaient des jeux de cartes plus récents, proposés par Hokatsu Animation : Pokemon XY et Cardfight Vanguard.
Pour les plus jeunes, un espace présentait des ateliers toute la journée, consacré aux arts traditionnels comme à l'origami ou la calligraphie, mais aussi une initiation à la langue japonaise ou au dessin manga. Plus loin, la cuisine était à l'honneur avec un espace dédié, proposant une cérémonie du thé, mais aussi la confection de gyoza, de pâtisseries japonaises... sans oublier les autres spécialités du continent asiatique ! Nous pouvions également déguster du thé ou du saké sur un espace zen, ou encore tester notre odorat sur un atelier situé à proximité des stands asiatiques.
Concerts
La culture japonaise s'est également distinguée du côté de la scène avec la présence de plusieurs invités musicaux. Nous n'avons pas pu assister à toutes les prestations, aussi voici celles que nous avons eu la chance de voir et d'écouter.
Déjà présents l'année dernière, le collectif français The Neko Light Orchestra était venu offrir un petit showcase, à quelques jours du concert lyonnais dans le cadre de leur tournée, Les échos de la vallée du vent, dédiée aux musiques des oeuvres du studio Ghibli. Cependant, la prestation a été avancée à la dernière minute au samedi matin, et le groupe n'était pas au grand complet, se limitant à un trio en « civil ». Il est vraiment dommage qu'après le coup de cœur de l'année dernière, cette nouvelle prestation soit passée inaperçue, mais quelques fans étaient tout de même au rendez-vous.
Plus tard dans la journée, ce fut au tour du chanteur japonais Tezya de brûler les planches. Ayant débuté en 1992 avec le groupe Grace ModE, cet artiste a collaboré avec des artistes japonais comme internationaux et s'est lancé depuis 2007 dans une carrière solo. Il puise ses inspirations dans le glam rock, dans le courant de David Bowie ou du groupe T-Rex. Sur la scène de Japan Touch, Tezya a ainsi proposé un show très frénétique en occupant toute la scène à lui seul, avec une certaine sensualité.
Dans un autre genre, le samedi s'est achevé avec le groupe SAGA, un trio dont la particularité est que chacun de ses membres est originaire d'un pays différent : Ramy la chanteuse coréenne, Kevin le chanteur originaire de Chine et Rio, DJ et producteur du groupe, issu du Japon. Leurs musiques électro-pop ont fait danser les visiteurs ayant pourtant déjà une journée de convention dans les pattes, ce qui n'est pas un mince exploit !
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De Minkunette [6811 Pts], le 17 Novembre 2014 à 13h56
Merci pour le dossier.