Dragon's Crown - Actualité manga
Dossier manga - Dragon's Crown

Chacun son rôle, pour le meilleur et pour le pire

 
 
Comme nous l'avons évoqué précédemment, les personnages, les lieux et les monstres sont très emblématiques d'une forme d'Heroïc Fantasy très classique. D'un côté, cela peut avoir un côté très rassurant pour les fans du genre, et plus spécialement pour ceux qui ont adoré le jeu-vidéo et ont adoré l'ambiance du soft. Mais d'un autre côté, cela présente un gros inconvénient qu'on ne peut pas ignorer, surtout dans le cadre d'un manga.
  
On le remarquera très vite à la lecture, les six aventuriers de Dragon's Crown ne sont que très peu développés dans le manga, alors que le format papier aurait pu permettre de le faire. Cependant, pour des raisons inconnues la série ne tient que sur deux tomes dans sa version originale, et cette brièveté du récit se ressent très fortement sur les protagonistes.

Déjà, il faut que souligner que nos six héros n'ont même pas de nom. Ils en sont réduits à leur fonction et en héritent du nom correspondant (le guerrier s'appelle... Guerrier etc). Si ce choix colle au jeu-vidéo, cela peut créer une forte distanciation chez le lecteur, qui risque de n'éprouver aucune empathie pour ce groupe qui est pourtant au cœur du récit et accomplit de hauts faits.

Plus gênant encore, ils n'ont droit à un aucun développement. Leurs motivations et leurs origines sont expliquées de façon brève dans le premier chapitre dans lequel on va faire leur connaissance, mais aussi dans le sixième chapitre, qui a pour titre "Six flammes". Ce chapitre va nous dépeindre nos héros dans une action du quotidien; en l’occurrence un pique-nique; où aucun danger ne les menace. Si elle n'est guère palpitante de par son manque d'action, cette séquence n'en reste pas moins très intéressante car ce sera la seule fois dans le récit où nous aurons l'occasion de suivre nos protagonistes dans une ambiance légère et conviviale. Et au final ce chapitre s'avère très plaisant à lire : l'auteur aurait pu tisser des liens très intéressants s'il avait accordé plus d'importance aux interactions entre ces personnages. Cette négligence est vraiment l'un des points faibles du manga : elle lui empêche d'avoir une âme qui lui est propre et fait de lui une simple adaptation d'une œuvre préexistante.

L'autre point à souligner, c'est que lorsqu'on a compris qui est qui et qui fait quoi au sein du groupe, nous n'avons que très peu de surprise dans la suite du récit, ce dernier devenant hautement prévisible. Par exemple, on sait que l'amazone est une vraie tête brûlée qui va irrémédiablement se mettre en danger à chaque combat. Le guerrier, qui suit son code chevaleresque, va systématiquement sauver un membre du groupe. La sorcière va se mettre toujours dans une situation délicate qui mettra en valeur son physique avantageux, tandis que le nain fera des blagues. C'est à peu de choses près toujours comme ça, tant et si bien qu'après une centaine de pages, les réactions des aventuriers sur telle ou telle menace ne nous surprennent plus, et on finit par croire (à juste titre) qu'ils ne sont que les esclaves de leur fonction, alors qu'ils auraient pu être des personnages à part entière...
  
  
 
    
  

Erotic Fantasy

   
L'autre caractéristique de Dragon's Crown est sa propension à multiplier les scènes de fan service. Si dans le jeu, l'amazone et la guerrière étaient des personnages sexy, dans le manga elles deviennent carrément des objets sexuels, et chaque scène en leur présence devient un moyen pour l'auteur de mettre en valeur leurs courbes avantageuses.

Pour l'amazone, d'emblée on est un peu interloqué par sa tenue très minimaliste qui se caractérise par des bottes, des gants, un string et un soutien-gorge trop petit. Son seul accessoire est une longue hache qu'elle manie à la perfection, et que des mauvaises langues pourraient presque considérer comme une métaphore phallique... En tout cas, au fil du manga on aura l'opportunité de découvrir toute l'anatomie de la demoiselle, qui est mise en valeur durant ses combats durant lesquels l'auteur utilisera des plans astucieux pour tout nous montrer de ce personnage, à l'aura "dominatrice".

Pour la sorcière, la température va encore plus monter car avec ce personnage, Yuztan essaie d'éveiller le désir sexuel de son lecteur. En plus des plans très suggestifs comme on peut le voir avec l'amazone, l'auteur va créer des situations à forte connotation lubrique. Dans la chapitre du manoir hanté, la scène où la sorcière se fait mordre par le vampire évoque un suçon dans le cou, et lorsqu'elle se fait capturer par le kraken, nous avons droit à une planche qui nous rappellent certaines productions de Toshio Maeda, celui qu'on surnomme "le maître des tentacules". A noter également que le nain, qui est un peu pervers, va à plusieurs reprises tenter de "mater" la sorcière, lorsqu'elle dort notamment, et ces scènes renverront bien évidemment au fantasme du voyeur.

Si la présence de fan service, en quantité acceptable, n'est pas gênante en soi, dans Dragon's Crown elle a vraiment une place prépondérante dans le récit, au détriment de tout le reste. On se demande parfois si on lit un récit de fantasy ou un titre ecchi lambda comme on peut en lire partout. C'est vraiment gênant à la longue, et on finit par se demander à quel public se destine cette œuvre : aux fans du jeu-vidéo avide de découvrir ce portage sur papier, ou aux lecteurs d'ecchi / hentai ?
      
  
  
     
     

Dragon's Comedy Club

   
Même s'il est beaucoup moins prépondérant que l'aspect fantasy ou le fan service, l'humour reste une composante non négligeable dans la série.

Son meilleur serviteur dans Dragon's Crown est bien évidemment le nain. S'il est guerrier puissant, le nain a également un petit côté papy gaffeur : il fait souvent des bourdes qui mettent en danger le groupe entier, mais qui font sourire le lecteur.
Par exemple, lors d'une incursion dans un donjon tenu par des orcs et des gobelins, le nain va malencontreusement faire tomber sa torche juste à côté d'un liquide inflammable, provoquant une panique générale aussi bien chez l'ennemi que chez nos héros ! Dans certaines situations périlleuses, l'auteur se plait à déformer son visage, le réduisant à quelques traits simplistes qui lui donnent un air loufoque ! Et puis en bon petit pervers, notre bon nain va tenter à plusieurs reprises de regarder ce qui se cache sous les minces vêtements de nos héroïnes, mais malheureusement pour lui ses ruses seront irrémédiablement découvertes, ce qui créera des quiproquos sympathiques !

L'autre élément comique du groupe est dans une moindre mesure l'elfe. Elle a les attitudes d'une jeune fille effarouchée, ce qui contraste beaucoup avec son statut d'aventurière. Elle peut par exemple prendre peur lorsqu'elle est surprise par un monstre et verser quelques larmes ! Disposant du corps d'une jeune adolescente, elle est souvent très jalouse à la vue des plantureuses amazone et sorcière, et d'ailleurs elle exprimera sa jalousie à quelques reprises. Elle peut aussi commettre des petites gaffes amusantes, comme lorsqu'elle se cogne sans le faire exprès la tête sur l'énorme poitrine de la magicienne alors qu'ils sont en infiltration dans un donjon.

En plus de ces deux personnages, le récit va rapidement prendre l'habitude de caler un bonus à la fin de certains chapitres. Il s'agit d'un sketch de trois cases qui a pour un titre "Pendant ce temps, à la taverne". Il met en scène les héros qui n'ont pas participé à la mission du chapitre dans une situation burlesque. Ce bonus, bien que court, utilise un humour léger et pertinent qui est vraiment sympa à lire !!
 
 


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