Danganronpa - Actualité manga
Dossier manga - Danganronpa

Une histoire d'espoir et de désespoir... mais pas que


Sous le contrôle de cette espèce d'ours bien frappé qu'est Monokuma, le groupe de 15 lycéens n'a forcément pas fini d'en baver, d'autant plus que pour les motiver à vite désespérer, paniquer et donc s'entretuer, le proviseur n'hésitera jamais à leur faire miroiter diverses choses.

A chacun des grands chapitres correspondant à l'arrivée d'un nouveau meurtre, une nouvelle idée apparaît. Une nouvelle menace, un nouvel élément ayant de quoi susciter la folie, la panique, l'attrait... et, au bout du compte, le désespoir. Montrer des photos d'un monde extérieur cataclysmique où les proches et les rêves de chacun n'existent peut-être plus. Menacer de dévoiler des secrets gênants voire traumatisants. Appâter avec une folle somme d'argent. Etc, etc... Monokuma ne manque pas de ressources pour plonger ses personnages (et nous par la même occasion) dans le désespoir, non sans avoir fait miroiter l'espoir avant, le tout rien que pour se délecter encore plus de la situation avec son sadisme aussi inquiétant qu'excentrique.





Qui plus est, le scénario taré imaginé par Kazutaka Kodaka se fait le plaisir, bien souvent, de tirailler les personnages entre ce qui est juste ou injuste: plus d'une fois les coupables de meurtre ont des circonstances atténuantes car ils ont surtout été pris dans l'engrenage infernal de Monokuma, et les voir mourir s'avère alors tout aussi cruel que pour les victimes des meurtres (mention spéciale au chapitre 4, prévisible, mais si bien tourné dans le désespoir qu'il suscite).

Et puis, il va sans dire qu'au fil de la découverte de ces personnages, de leur histoire, de leurs traits de caractère, la façon dont ils sont pris dans cet enfer, ils deviennent tous (ou presque) facilement attachants, si bien que chaque joueur aura forcément ses quelques préférences dans le casting. Et que l'idée de les voir mourir en tant que victimes ou coupables peut vite devenir un gros stress stimulant...

Mais l'histoire de Danganronpa ne repose pas uniquement sur sa confrontation espoir/désespoir et sur ses meurtres et enquêtes. Au-delà de ça, un réel scénario en fil rouge s'installe et se développe toujours plus, avec de multiples pistes: interrogations sur l'état du monde à l'extérieur de l'école, sur la possible existence d'un traître, sur le mystère de Kirigiri, de son talent ultime et de ce qu'elle recherche, sur qui est le vrai "cerveau" derrière la manipulation de la "peluche" Monokuma et son véritable but... Bien sûr, tout trouvera une réponse au bout de l'aventure, et l'exploitation de la thématique espoir VS désespoir sera poussée assez loin...

Notons également le cadre très réussi de l'académie, un lieu où tout est fait pour se sentir oppressé. Couleurs inquiétantes, huis-clos, fenêtres condamnées si bien qu'on ne voit rien de ce qu'il y a à l'extérieur, horaires très stricts avec réveil à la même heure tous les matins et couvre-feu (annoncés directement par Monokuma via des caméras et téléviseurs présents partout jusque dans les chambres, bonjour l'angoisse)... sans oublier de nombreuses règles que l'ours ajoutera au fil du jeu. A chaque nouveau chapitre, Monokuma débloque également un nouvel étage de l'académie, si bien que les lieux sont de plus en plus nombreux à découvrir et à visiter, assurant un renouvellement constant à ce cadre qui ne lasse jamais. La seule petite ombre au tableau ? Les phases de déplacement dans les couloirs en 3D, qui sont un peu rigides et pataudes... heureusement, on peut tout de même courir pour passer plus vite ces moments un brin pénibles.





Un gameplay ingénieux, et une réalisation aussi léchée que stimulante


Un bon scénario, une bonne galerie de personnages, un bon concept dans l'exploitation des thématiques, c'est bien beau... mais concrètement, comment fonctionne le jeu en lui-même ? Eh bien, on peut dire que Danganronpa est, en quelque sorte, un mix entre visual novel, battle royale et jeux d'enquêtes/procès façon Ace Attorney.

Chaque chapitre se découpe un peu de la même manière, avec une première phase de "temps libre" ponctuée de quelques événements (notamment le premier matin de chaque chapitre où il faut explorer le nouvel étage débloqué, et des moments où Monokuma expose ses nouvelles menaces ou où il faut enquêter sur la véritable raison de tout ceci et sur l'identité du cerveau), une deuxième phase où arrive un meurtre au bout de quelques jours, une troisième phase de procès visant à révéler l'identité du tueur à l'aide des indices accumulés, et une quatrième phase où le coupable subit son châtiment exercé par Monokuma. Cette dernière phase vient conclure chaque chapitre avec fracas, dans une atmosphère folle, barrée et désespérée, dans la mesure où les mises en scènes des exécutions, toujours en rapport avec le talent du coupable, font volontiers dans le grotesque, le grandiloquent et la barbarie, histoire d'être sûr d'avoir des scènes pleines d'impact qui, pour certaines, ont de quoi rester gravées en nous un bon moment.


Le temps libre


Mais revenons à présent plus en détails sur chacune des trois autres phases, à commencer par la première.

Les phases de temps libres sont les seuls moments où l'on peut souffler un peu et connaître des instants plus doux.





Elles permettent surtout d'aller librement à la rencontre des autres personnages pour leur parler, en apprendre plus sur eux, leur offrir des objets...

L'intérêt est double: premièrement s'attacher toujours plus à eux, et deuxièmement atteindre un niveau d'amitié suffisant pour débloquer différentes compétences qui seront surtout très utiles pendant les phases de procès.


Les meurtres et l'enquête


La deuxième phase est celle de la découverte des meurtres (souvent marquante, que ce soit dans le son ou dans la mise en scène) et de l'enquête qui s'ensuit.

Il s'agit donc de la partie celle où il vous faut interroger tout le monde, analyser la scène du crime et le cadavre, découvrir tout ce qui semble suspect à différents endroits...





Le tout ne comporte aucune réelle difficulté: cela reste très dirigiste, sans possibilité de se planter en occultant quelque chose. Mais assurément, plus on trouve les indices et éléments étranges, plus on se plaît, dans notre esprit, à faire nos propres hypothèses avant l'arrivée de la troisième phase...


Les procès, le nerf de la guerre


Cette troisième phase, il s'agit donc du nerf de la guerre, de celle qui occupe la plus grosse partie de chaque chapitre, à savoir le procès, où il faut débattre avec les autres personnages, argumenter, contre-argumenter, relier les indices pour, au bout du compte, lever toute la vérité sur comment a eu lieu le meurtre... et autant dire que, généralement, il y a un sacré paquet de rebondissements ! Même si généralement il est facile de deviner à l'avance le plus gros, ne serait-ce que le premier chapitre qui, en tant que "mise en bouche", est très évident quant à l'identité du tueur.

Mais les procès ne reposent pas uniquement sur découvrir le tueur: il s'agit vraiment de tout expliquer (arme du crime, heure du meurtre, chronologie des événements, etc)... en somme, d'établir toute la vérité, qu'à la toute fin de chaque procès vous devrez d'ailleurs retracer avec un mini-jeu où il faut replacer des vignettes dans une sorte de manga. Et puisque l'on parle de mini-jeu, on arrive ici à ce qui fait le sel des procès...





En effet, loin de proposer un déroulement barbant fait uniquement de longs textes sans rien d'autre, les procès proposent toute une panoplie de "mini-jeux" qui viennent en permanence agiter les débats.

Les "Nonstop debates" vous demanderont, pendant que les autres personnages parlent à tour de rôle, de balancer façon jeu de tir vos "truth bullets" (en gros, vos indices) sur les paroles douteuses pour les contredire... si tant est, bien sûr, que vous avez sélectionné avant le bon indice dans votre "gâchette d'indices". Une idée dynamique qui, plus tard dans le jeu, est complétée par deux choses.

Tout d'abord, une variante, avec la possibilité d'"aspirer" les contradictions des débats pour ensuite les utiliser en tant que "truth bullets".

Ensuite, des phrases en mauve (souvent des exclamations et remarques HS des autres personnages) qui viennent parasiter l'écran et qu'il faudra vite briser en appuyant sur X, ce qui vous octroiera en plus un bonus de temps. Notons que si vous choisissez le niveau de difficulté débutant, ce dernier élément n'est pas présent, car il corse pas mal les choses.





Les "nonstop debates" sont ce qu'il y a de plus présent, mais d'autres "mini-jeux" sont bien sûr au rendez-vous. Il y a du très basique, où il faut simplement sélectionner la bonne réponse parmi 4 propositions ou désigner un personnage suspect ou un coupable parmi les adolescents. Mais aussi des choses sympathiques comme le "Gambit", où, il vous faudra tirer sur des lettres qui apparaissent à l'écran pour reconstituer un mot-clé.

Sans oublier les phases arrivant à chaque fois qu'un coupable est sur le point d'être découvert, où vous devrez "briser" ses arguments en restant dans le bon tempo dans un petit jeu de rythme énergique. En gros, il faut y appuyer sur X pour cibler les phrases ennemies, et appuyer sur triangle pour les détruire avant qu’elles n’explosent et ne vous infligent des dégâts. Mais notons que, là aussi, ce mini-jeu aura droit au fil des chapitres à des enrichissements (pas dans le mode débutant) : appuyer sur carré pour recharger ses munitions, déjouer des phases "négatives" où vous ne pouvez plus tirer... le tout est d'être bien synchro !

En somme, lors des procès, toutes ces phases sont faites pour varier les plaisirs, ne pas laisser le temps de lasser, et accentuer grandement la dose d'adrénaline tandis que l'on découvre petit à petit les terribles vérités sur les meurtres... d'autant plus que pour soutenir encore plus tout ça, il y a évidemment un temps limité dans chaque étape des procès (souvent assez large, cela dit) ! Un moyen idéal de faire du jeu un véritable ascenseur émotionnel, où rien ne laisse indifférent. Mais si vous vous sentez trop stressés malgré tout ou que vous n'avez pas envie de revivre certaines choses après avoir "perdu" (même si on ne perd pas vraiment: on recommence juste à un checkpoint), il y a aussi deux autres choses à signaler: le bouton R1 permet d'activer un ralentissement temporaire du temps pour aider dans certaines tâches (par exemple, bien viser au bon moment avec sa "truth bullet" (mais attention: il faut ensuite un petit temps que que ce ralentissement se recharge), et le bouton rond permet d'accélérer les phases de textes.





Et c'est d'autant plus efficace que, techniquement, les phases de procès sont survitaminées par les images ! Alors qu'il est souvent reproché aux visual novels leur aspect très bavard et, surtout, très statique, ici il n'en est rien. En plus de dialogues certes nombreux mais très bien écrits, offrant plein de climax/rebondissements et très souvent entrecoupés des mini-jeux, les visuels à l'écran ne sont jamais statiques: il y a plein d'effets de caméras, de travellings, de zooms, de changements soudains, mais aussi de changements d'expressions chez les personnages (chacun ayant sa petite palette), pour qu'il se passe toujours quelque chose à l'écran, sans jamais laisser le temps à l'intensité de retomber. Sans oublier les musiques, conçues par Masafumi Takada, qui changent très régulièrement et qui soulignent toujours avec force les différentes phases. Certains thèmes ont largement de quoi rester dans la tête, à l'image de celui bien déglingué de Monokuma.
  
   


© Spike Chunsoft Co., Ltd.

Commentaires

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Voq

De Voq [678 Pts], le 12 Décembre 2020 à 17h31

Je ne serais peut-être pas aussi dithyrambique, mais concernant le jeu je suis globalement d'accord, Danganronpa vaut vraiment le détour. En fait il n'y a qu'un seul point de la conclusion sur lequel mon avis diverge complètement : le sujet de Danganronpa 2. Pour ma part je lui ai trouvé plus de longueurs superflues, moins de surprises (gros point noir pour les grosses révélations finales éventées depuis longtemps quand on y arrive), et une ambiance certes toujours aussi barrée mais moins oppressante et, de fait, un peu moins prenante. C'est un bon jeu, je ne dis certainement pas le contraire, mais à mon avis nettement moins marquant que le premier.

Concernant les adaptations, je n'ai pas vu l'anime et je n'ai lu que la version manga du premier volet qui m'a surtout servi de rappel quand j'ai joué au 2 puis à Danganronpa Another Episode. Effectivement, c'était fidèle mais court. En tout cas, le nombre de mangas différents autour de la série est assez impressionant !

Maintenant il me reste à m'attaquer au 3, je ne sais pas trop quand mais ça devrait venir d'ici quelques mois.

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