Comment ne pas t'aimer - Actualité manga
Dossier manga - Comment ne pas t'aimer

Du shôjo pur jus ?


Au Japon, Comment ne pas t'aimer débarque à une période où, côté shôjo romantique, l'heure est clairement aux choses assez naïves, fleurs bleues, et avec son titre français la série de Masako Yoshi semble totalement entrer dans ce créneau... Est-ce totalement le cas ?

Plusieurs grosses ficelles du genre tendent à laisser penser que oui, à commencer par les relations qui se mettent rapidement en place entre les principaux personnages, ceux-ci formant un petit imbroglio amoureux. Certains sentiments arrivent à la vitesse de la lumière, Ayumi tombant vite amoureuse de Narushima alors que ce dernier refuse en bloc cet amour. Quant à Hirai, il jette lui-même son dévolu sur notre héroïne, alors même qu'Asami n'arrête pas de lui courir après, pour un quatuor qui se veut surtout, la plupart du temps, très comique, surtout au sujet d'Asami et Hirai.
Ces petites histoires d'amour entremêlées se voient arriver de loin, de même que leurs petits rebondissements (la raison pour laquelle Narushima repousse Ayumi est très classique, par exemple).

Bien menée, ayant son importance sans être trop emcombrante, la facette sentimentale de la série prend toutefois plus d'importance dans le deuxième volume. Dans son interview offerte à Black Box, Masako Yoshi avoue qu'elle a dû de plus en plus composer avec les demandes de son éditeur, qui lui reprochaient un peu de ne pas s'axer assez sur la romance, et cela se ressent surtout dans le deuxième volume à travers des tourments sentimentaux loin d'être désagréables, mais qui semblent un petit peu forcés.
En disant cela, je pense surtout à la partie centrée sur le père du jeune Shigeo : en donnant des cours du soir, Ayumi fait la connaissance du petit Shigeo, un gamin intelligent dont la grande turbulence cache en réalité une souffrance : celle du récent divorce de ses parents. Sur demande du père de l'enfant, Ayumi devient la prof particulière de Shigeo, et décide de tout faire pour remplacer un tant soit peu sa mère. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est qu'elle commencerait à éprouver certaines choses pour le père de l'enfant... Ces sentiments pour le père, qui sont peu clairs pour Ayumi et qui l'embouillent, débarquent de manière un peu artificielle, comme pour apporter le quota voulu de tourments sentimentaux... Masako Yoshi parvient pourtant à offrir une pirouette bien fichue à la conclusion de ce passage, qui permet à notre héroïne d'évoluer un peu en se demandant si ce qu'elle ressent pour cet homme est vraiment de l'amour.
De cette manière, on peut également signaler quelques grosses facilités : en plus de la facilité avec laquelle Ayumi se met à ressentir des choses pour le père de Shigeo, on retient surtout le comportement de Hirai envers Ayumi à la fin.

Enfin, il y a évidemment Ayumi, qui, par plusieurs aspects, est un véritable stéréotype d'héroïne de shôjo romantique classique, de par son statut d'ignorante totale en matière d'amour. Un peu garçon manqué, élevée jusqu'à présent dans des établissements scolaires exclusivement féminins, elle n'a jamais fréquenté aucun garçon de près, est encore vierge à 20 ans, est loin d'être à l'aise en compagnie du sexe opposé, ce qui crée d'ailleurs quelques situations amusantes au tout début quand Asami essaie de la décoincer un peu, ou quand Hirai lui fait les yeux doux. Elle est donc plutôt naïve en matière d'amourn reste pure et un peu rougissante, mais cela ne la rend pas irritante pour autant, car là où la méconnaissance de l'amour tend à rendre pas mal d'héroïnes de shôjo niaises ou guimauves, Ayumi parvient à éviter suffisamment ces clichés et tnete clairmeent par elle-même de découvrir et d'assumer ses sentiments sans se laisser dépasser, sans rester passive. Ainsi, par exmeple, il ne lui faudra pas longtemps avant de se déclarer une première fois à Kazuyuki.

Bref, si sentiments typiques du shôjo romantique il y a, si ceux-ci sont loin d'être originaux et paraissent même parfois un peu forcés, ils restent plaisant car évitent les pires écueils et peuvent compter sur le talent de la mangaka pour les mêler à d'autres axes au ton très juste.
  
  
  
  
  

La vie tumultueuse d'étudiant


Sous son titre qui pourrait faire penser à n'importe quel shôjo d'amourette lycéenne, Comment ne pas t'aimer parvient donc à se démarquer en mêlant les sentiments à d'autres axes bien traités, à commencer par le statut de ses personnages : celui d'étudiants.

Ayumi, nouvelle étudiante, est une jeune femme qui a toujours vécu dans le cocon familial, et qui a alors tout à découvrir de la vie étudiante. C'est donc précisément ce qu'elle va faire au jour le jour, en compagnie des quelques compagnons et amis qu'elle se fait : Asami, Ikuko, Hirai et Kazuyuki principalement.
On notera que chacun de ces personnages sont un peu des stéréotypes estudiantins : les deux dragueurs sociables et fêtards bien décidés à profiter de leurs années estudiantines que sont Asami et Hirai, la bosseuse plutôt renfermée incarnée par Ikuko, l'étudiant mâture et plutôt mystérieux en la personne de Kazuyuki... et, bien, sûr, Ayumi, jeune fille encore pure propulsée dans les premières années de sa vie de jeune adulte. Que des clichés qui n'en sont aps tant que ça, puisque tout étudiant a forcément connu ces différents types de personnes... Peut-être même avez-vous été l'un de ces stéréotypes ?

Sur ces bases, la mangaka enrobe parfaitement son récit dans un quotidien estudiantin qui sonne juste. Car dès lors qu'Ayumi démarre sa vie d'étudiante, elle doit faire face à tous ces petits tracas propres à cette période de la vie que nous avons tous vécue : les cours et relations avec les autres qui peuvent évoluer dans n'importe quelle direction, les repas très succincts et répétitifs à cause du manque d'argent (nous avons les pâtes, les Japonais ont les râmen instantanés), les fêtes alcoolisées entre amis (et tout a vite fait de devenir prétexte à la fête !), l'absence des parents parfois un petit peu pesante, la joie toute bête à l'achat de ses premiers appareils ménagers, la recherche d'un petit job...

Autant d'événements anodins qui animent la vie d'étudiant, tandis que d'autres, plus sérieux, poussent forcément ces jeunes adultes à évoluer et à gagner en maturité. Ainsi, on peut citer le travail de prof en cours du soir qu'Ayumi se trouve pour gagner un peu d'argent et subvenir à ses besoins... ou la question de l'avenir, incertain et pas encore bien fixé, qui se pose chez chaque étudiant, le principal exemple de la série étant celui de Kazuyuki Narushima, qui, à un moment, décide subitement de partir en voyage pour réfléchir à son avenir.

Nous sommes, pour beaucoup, tous passés par la plupart de ces événements du quotidien estudiantin, et le récit de Masako Yoshi pourrait alors réveiller en vous quelques souvenirs nostalgiques.

L'auteure n'oublie aucun de ces petits tracas qui font la vie d'étudiant, on ressent chez elle une petite pointe autobiographique (nous y reviendrons) et nostalgique tant les choses sont dépeintes par un oeil avisé et bienveillant. Et en réalité, les sentiments évoqués dans la partie précédente ne sont qu'une composante parmi d'autres de cette vie d'étudiant.
L'amour est plus présent dans le volume 2 que dans le tome 1, au risque d'atténuer l'aspect tranche de vie de ce quotidien étudiant haut en couleur. Heureusement, la mangaka parvient à trouver un certain équilibre, en n'oubliant pas de s'intéresser réellement aux interrogations d'une héroïne dont la vie d'adulte commence à peine, et qui a encore énormément à apprendre. Au vu du final et des dernières phrases que Kazuyuki et Ayumi s'échangent dans la série, le fin mot semble d'ailleurs se situer là : riches en rencontres, en petites joies et petits tracas, les années étudiantes ne sont pourtant que le premier pas d'une vie d'adulte qui ne fait que commencer.
  
  
  

© 1983 Masako Yuki. All rights reserved

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation