Black Torch - Actualité manga
Dossier manga - Black Torch

La patte Takaki : visuellement époustouflante


La première impression que peut laisser Black Torch, sur le plan visuel, est particulièrement forte. Tsuyoshi Takaki à une patte extrêmement dense, vive et détaillée, ce qui se ressent dès les premières pages avant que les scènes d'action viennent sublimer cette impression. Il y a un soucis du détail chez l'auteur : ses personnages ont des lignes fines, mais sont aussi enrichis de bons nombre de détails. S'il y a bien une caractéristique qui ne concerne pas le style de Tsuyoshi Takaki, c'est l'épuration, tant celui-ci prend soin de densifier les personnages de son œuvres par des petits très qui viendront leur donner du relief, ou des jeux de noirs impressionnants qui apporteront une toute autre dimension à la situation. Encore une fois, l'amour de l'auteur pour le noir se ressent, tant la couleur est présente et donne du sens et de l'impact aux planches. Du côté des scènes d'action, on salue cette impression d'estampe, constamment dépeinte. Dès que Rago jaillit de Jiro, ou que ce dernier fait appel aux pouvoirs du félins, de grandes étendues noires sont projetés. Présentées avec la patte Takaki, ces attaques donnent l'impression de grandes giclées d'encre, conférant au tout un rendu particulièrement somptueux et unique, sans compter toute l'efficacité apportée aux moments de combat. On pourrait associer cet aspect estampes à cette volonté d'ancrer la série dans un folklore très japonais avec différents concepts. Ainsi, l'esthétique de Black Torch a du sens, preuve que l'artiste sait faire de son style un élément cohérent de son récit.

Pourtant, ce n'est pas forcément ce qui retient le plus l'intention de l'auteur lorsqu'il dessinait ses planches. Tsuyoshi Takaki prend met un point d'honneur à rendre sa narration lisible, notamment lors des scènes de combat. Le découpage est ce qui l'intéresse le plus, afin de rendre la lecture efficace. Il cherche alors à jouer avec les plans, les cases larges comme les zoom sur les personnages. Sa puissance graphique dans tout ça ? Peut-être qu'elle est tout simplement innée, que l'auteur n'a pas fait d'effort particulier, et que le dessin présenté est un style tout à fait naturel chez lui. En ce sens, sachant que Black Torch est sa toute première série, cela atteste tout le potentiel du mangaka.


L'après Black Torch


Après Black Torch, il s'est écoulé quelques mois avant que Tsuyoshi Takaki lance sa nouvelle série. Une période de temps durant laquelle le mangaka n'a pas dû chômer, toute préparation d'une nouvelle œuvre nécessitait une phase de réflexion et de documentation. La prépublication de Black Torch s'est achevée en juillet 2018, et c'est en avril 2019 que le mangaka lance Heart Gear, sa nouvelle série. Celle-ci est prépubliée sur la plateforme Shônen Jump+, à raison d'un chapitre par mois. Sans surprise, c'est Ki-oon qui proposera chez nous la série, dès la rentrée 2019. En attendant, le premier chapitre a déjà été proposé gratuitement par l'éditeur en guise d'extrait.

Dans Heart Gear, Tsuyoshi Takaki délaisse le Japon contemporain et ses légendes à base de Mononoke pour dépeindre un univers de science-fiction post-apocalyptique. Après une guerre qui a décimé une énorme part de l'humanité, la planète est ravagée. Les robots y ont trouvé leur place, même si certains d'entre eux sont devenus fous et dangereux. On appelle ces derniers les « insanes ».
Humaine, la jeune Roue a été élevée par Zett, un robot pacifique qu'elle surnomme son tonton. Au cours d'une exploration, elle découvre Chrome, un autre engin qui n'a pas de programme de base, et donc pas d'objectif en tant que robot...


Et on n'en dira pas plus, ne serait-ce pour laisser la surprise à celles et ceux qui voudraient découvrir au moins le premier chapitre. Un premier épisode qui permet déjà d'apprécier le style nouveau que tente de développer Tsuyoshi Takaki, qui troque un binôme endiablé et pétillant contre un duo touchant au plein d'harmonie. Zett et Roue forment une vraie petite famille tandis que Chrome vient ensuite compléter cet harmonieux tableau. Tout porte à croire que la série va se diriger vers une dimension contemplative, le premier chapitre faisant justement dans ce registre. Certaines planches sont même impressionnantes par la quiétude dégagée, des instants d'admiration graphique d'un univers mécanique dévasté, que Tsuyoshi Takaki semble prendre plaisir à dépeindre. On trouve, dans ce chapitre, une petite référence à l'écrivain de SF Isaac Asimov. Mais du côté du manga, c'est plutôt à Blame ! De Tsutomu Nihei qu'on pensera par moment, dans cette manière d'accorder de l'importance à cet univers façonné par une technologie futuriste à l'abandon.

La première impression laissée par Heart Gear est donc radicalement différente de celle que l'on peut avoir sur Black Torch. Pour voir si ce premier avis se confirme, il faudra évidemment tenter la série, qui devrait nous dévoiler une autre facette de Tsuyoshi Takaki.

Édition française


Pour son édition française, Ki-oon nous livre un format shônen classique, donc un peu plus petit que les ouvrages seinen. On y trouve les qualités récurrentes de l'éditeur, à savoir un papier de bonne épaisseur, et par conséquent de qualité. Chaque tome propose une double page couleur à déplier, une sorte de mini poster en ouverture de tome qui permet d'apprécier un peu plus le style de l'auteur.

La traduction a été confiée à Sébastien Ludmann, qui s'est occupé des textes d'autres séries de Ki-oon comme Isabella Bird, Golden Kamui ou Kasane. Le traducteur semble donc avoir un petit intérêt dans les mythes et cultures, aussi lui confier Black Torch et ses références au folklore nippon n'était pas une bête idée. En ressort une version français plus que convaincante, avec un texte vivant et cohérent.

BLACK TORCH © 2016 by Tsuyoshi Takaki / SHUEISHA Inc.

Commentaires

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Baby Mojo

De Baby Mojo, le 29 Juillet 2019 à 17h53

Je n'ai jamais trop compris les déceptions sur la fin de Black Torch. Enfin si, mais quand on s'intéresse à la génèse du titre, ça n'a rien d'étonnant que la série ne fasse que 5 tomes. Surtout que la fin est tout à fait honorable, et respecte le lecteur à mon sens.

Tout jeune auteur dont c'est la première série, il ne fallait pas s'attendre à ce que celle-ci soit longue (même s'il doit y avoir des antécédents d'auteurs de nekketsu qui cartonnent avec leur premier titre, mais je ne les connais pas).

Pour moi, Black Torch était un test. On sent bien que ça aurait pu être plus long, et les veilletés de l'auteur allait dans ce sens. Mais en vrai, non merci ?!
Le talent de Tsuyoshi Takaki est indéniable, notamment en terme de dessin. Mais Black Torch c'était chiant Oo
Dans le sens très peu d'originalité ou de surprises. Beaucoup trop classique.

C'est bien mieux qu'il se soit lancé dans une saga, qu'on sent déjà bien plus ambitieuse et maîtrisée (le dossier l'explique bien d'ailleurs). Mais ceci a été permis grâce à l'expérience Black Torch. 

 

Bref, Black Torch c'était bien mignon, mais 5 tomes c'est pas si déconnant. En étant à 100 % honnête, une dizaine aurait été beaucoup mieux oui. Mais ça n'aurait donc pas été beaucou plus long, il ne faut pas se voiler la face.

Maintenant, place à Heart Gear :))

Vraiment hâte de le découvrir plus lui, en espérant que le succès soit au RDV aussi au Japon cette fois !

 

Audrey4588

De Audrey4588 [1222 Pts], le 27 Juillet 2019 à 12h08

Quel dommage qu'il n'y ait pas de réelle fin au manga. L'histoire était prenante et les personnages attachants, sans parler du style graphique de l'auteur que j'ai vraiment beaucoup aimé. Mais du coup, on reste quand même sur quelque chose d'inachevé, et ce n'est malheureusement pas les explications (sous forme de texte) de fin de tome 5 qui nous consolera. Un gâchis vraiment!

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