Bilan Manga-News 2011 - Partie 3

Ils progressent

   
 

Kurokawa

 
Du côté du nombre de parutions, rien ne change du côté de Kurokawa. Depuis quelques années, le nombre de volumes sortis varie entre 75 et 80, et c'est toujours le cas cette année. Et en prime, les ventes sont toujours au beau fixe, l'éditeur restant quatrième du marché, le tout sans l'inonder : bravo !
Pourtant, en 2011, Kurokawa devait faire face à un problème de taille : la fin de sa meilleure vente, Fullmetal Alchemist. Une fin habilement compensée par le succès d'autres nouveautés.
Sincèrement, qui aurait parié sur le succès des Vacances de Jésus et Bouddha ? Début 2011, l'éditeur prend le pari de lancer dans nos contrées cette série de Hikaru Nakamura, jugée très particulière. Pourtant, grâce à une campagne de pub intelligente et ne se limitant pas aux lecteurs de manga, l'éditeur a su tirer le meilleur parti de cette série, et de son sujet qui avait tout pour parler à un large public occidental.
De même, Kurokawa a pu compter sur la réussite du lancement de Pokemon, tout d'abord avec le one-shot Zoroark, puis avec l'arrivée de Pokemon noir et blanc, collant avec l'actualité des jeux. Avec également l'arrivée d'un titre comme Inazuma Eleven, on constate une orientation toujours plus focalisée vers des séries adaptées de jeux, et plus précisément vers des séries destinées à un public très jeune. Cet aspect a toujours été important chez Kuro, avec, dès leurs débuts, des titres comme Megaman Net Warrior, Satan 666 ou Mermaid Melody. Avec la réédition de ce dernier et les arrivées de Phoenix Wright et Blazer Drive, 2010 laissait déjà entrevoir la prise d'importance de cet axe jamais oublié, et 2011 a vu les choses continuer dans cette direction.
Reste l'énigme de l'éditeur : le shôjo. Après avoir édité des titres forts comme Life (qui s'est d'ailleurs fini en 2011) ou mignons comme Pichi Pichi Pitch, Kurokawa s'engage petit à petit sur la voie de la facilité avec ce que l'on aime tant appeler le "shôjo pouffe", déjà beaucoup représenté. Ainsi, après Prince Eleven en 2010, c'est Cosplay Animal qui débarque en 2011. Du côté du manga pour filles, on ressent une lente perte de personnalité chez l'éditeur. Dommage. Mais si ça marche, tant mieux pour eux.
  
  
  
  
  
A côté de ça, difficile de ne pas évoquer la réédition tant attendue de Yotsuba, série culte au Japon, ayant eu droit à son dossier sur notre site, mais dont les ventes françaises étaient si médiocres au départ que la réédition peinait à se montrer. Le bouche à oreille aidant, la gamine aux couettes vertes à fini par se trouver une niche de fans qui n'ont cessé de la promouvoir, et c'est donc en 2011 que Kuro prend le pari de ressortir enfin les volumes indisponibles de la série, comptant sur les fans pour pousser la réédition, mais n'oubliant pas non plus de jouer son rôle en communiquant abondamment dessus. Au final, d'après Kurokawa, la réédition est plutôt un succès, fans et libraires jouant pleinement le jeu, et les volumes suivants devraient tous être réédités courant 2012.
Ajoutons à cela les arrivées de l'excellent Magi – The Labyrinth of Magic et de The Civilization Blaster, et l'on obtient un nombre de nouveautés très correct, pour un nombre de séries terminées à peu près équivalent.

Finalement, Kurokawa, c'est un nombre de nouveautés pas trop important, un nombre de sorties mensuelles correct, et cela permet à l'éditeur de bien promouvoir chacun de ses titres, sans jouer les morfales : bravo, tout simplement.
Reste que pour 2012, on peut émettre quelques craintes: Soul Eater va voir sa parution japonaise rattrapée, Saint Seiya – The Lost Canvas se rapproche tranquillement de sa conclusion, et difficile de croire que ces absences pourront être compensées par les Vacances de Jésus et Bouddha, qui sort à un rythme de deux tomes par an, ou par Pokemon noir et blanc, dont la parution est déjà rattrapée. Pour pallier ça, pour l'instant Kurokawa semble donc notamment toujours compter sur FMA, qui ressortira dans une édition double. Reste à voir si le succès sera au rendez-vous, en attendant l'arrivée, peut-être, d'un nouveau blockbuster.
Il reste également quelques interrogations : aurons-nous la suite d'Ippo ? Celle de Genshiken ? Et peut-on encore espérer avoir The !! Beach Stars, la suite en 2 tomes de Beach Stars, dont le septième et dernier volume s'achevait sur un prometteur "ainsi s'achève Beach Stars, pour le moment..." ? Quant à Emma, série boudée à son époque, n'y aurait-il pas eu moyen de la relancer en profitant de la notoriété de Bride Stories, de la même auteure, avant de la mettre aux oubliettes ?
  
  
  
  
  

Kazé Manga/Asuka

Après une arrivée remarquée mais encore fragile en 2010, 2011 concrétise les ambitions de ShoPro, qui installe Kazé Manga parmi les éditeurs au plus grand nombre de sorties. Le nombre est proche de celui de 2010, l'éditeur est désormais stabilisé et bien implanté avec des succès comme Beelzebub et Beyblade Metal Fusion, et la présence de Shueisha et Shogakukan derrière leur assure un soutien de poids.
L'éditeur n'oublie aucun des grands genres, que ce soit shônen (Beelzebub, Toriko, Gate 7, Hatsukoi Limited...), shôjo (L'arcane de l'aube, Cosplay Cops, Mademoiselle se marie...), seinen (Sprite, Suicide Island, Un bus passe...), ou même kodomo (Beyblade Metal Fusion) ou josei (Dolls). Pourtant, 15 à 17 nouveautés par mois, n'est-ce pas un peu trop ?
Au total, plus de 20 nouvelles séries et one-shot, contre la moitié du côté des séries terminées. Alors qu'en 2010 l'éditeur avait déjà proposé un nombre conséquent de nouveautés, les choses ne se calment pas pour autant en 2011: des séries dont la parution a été rattrapée ont dû être remplacées, mais attention à l'overdose.
  
  
  
  
  
Du côté d'Asuka, on constate une stabilisation un peu déclinante. L'éditeur est désormais 100% boys' love depuis la fin de Bokurano. Le Be x Boy connaît toutefois une parution de plus en plus espacée. Au total, on ne note qu'une seule fin de série, celle de School of the Muse, pour 5 nouveautés dont 3 one-shot (Junjô Romantica, In god's arms, In the name of beauty, Lost memories, Open 24 hours a day). Après Viewfinder l'année précédente, Asuka met à nouveau la main sur un pilier du yaoi avec Junjô Romantica, ce qui lui assure une certaine pérennité, et a également pu compter sur la présence de Hinako Takanaga à Japan Expo.
Pas de changement annoncé dans la recette pour 2012.
  
  
  
  
  

Ki-oon

Après une année 2010 assez charnière pour Ki-oon, qui a pu continuer à se tailler une belle place sur le marché avec des titres vendeurs comme Artelier Collection ou Pandora Hearts, l'année 2011 peut être considérée comme une année de stabilisation. Stabilisation au niveau du nombre de sorties, qui a fluctué entre 6 et 9 selon les mois. Stabilisation au niveau du catalogue, l'éditeur profitant de ses cartons pour nous offrir, comme avant, des titres qui ont tout du pur coup de cœur éditorial.
Ainsi, on constate un rééquilibre entre titres vendeurs (les "shônen pour filles", notamment, sans oublier le carton Judge) et vrais coups de cœur éditoriaux comme il y en avait aux débuts de l'éditeur (on ne publie pas Amanchu, Bride Stories, voire même Run Day Burst quand on voit le manque de succès de l'auteur en France, sans être fan), l'éditeur réussissant même à faire de l'un d'eux, Bride Stories, un succès.
La fin d'année et les annonces pour 2012, quant à elles, amorcent ce que l'on peut voir comme un retour aux sources. En effet, ce sont les fondamentaux de l'éditeur qui reviennent petit à petit : le thriller, le vrai, avec Hideout et le retour prévu de Tetsuya Tsutsui, la fantasy avec les annonces de Wolfsmund et le retour d'Übel Blatt...
  
  
  
  
  
2012 sera une année à suivre de près chez Ki-oon, et en attendant de voir ça, difficile de ne pas rester séduit par cet éditeur qui, après en avoir peut-être déçu certains en 2010 de par son orientation plus commerciale mais qui était une étape primordiale, a trouvé le bon équilibre, sans inonder le marché, en prenant le temps de promouvoir au maximum ses séries à coups d'énormes campagnes de publicité (rappelons-nous des statues de Judge à Japan Expo, par exemple), tout en créant une véritable relation de proximité et de confiance avec les clients, tant et si bien qu'il pourrait être capable de vendre même les plus mauvais titres en les faisant passer pour bons.
On pourra toujours signaler la malédiction des titres coréens avec les pétards mouillés que sont Baptist et Hell Blade, aux conclusions vendangées, mais cela, l'éditeur n'y peut pas grand chose.
Ki-oon continue donc son petit bonhomme de chemin de très belle manière, et les choses pourraient continuer de progresser en bien, puisque tout en continuant de piller le catalogue de Square Enix, l'éditeur signe avec Hideout sa première collaboration avec Shogakukan, et pourrait peut-être s'ouvrir les portes de Kodansha avec le retour de Blood Alone. Chapeau !