Wish - Actualité manga
Dossier manga - Wish
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20/20

Les croyances contre la logique


Il y a pourtant des choses que l’on ne soupçonne pas dans Wish. Notamment, l’aspect très fort de certaines scènes qui paraissent banales mais qui ne le sont pas. Cette idée est merveilleusement bien retransmise par Mr Lapinou. Le personnage totalement énigmatique, qui ne parle pas, transmet les messages du Tout Puissant à l’aide de fleurs, parait totalement inoffensif ... et qui devient de plus rapidement la mascotte du manga. Au même titre que Mokona dans Magic knight rayearth, Tsubasa et XXXHolic, que Kero dans Card Captor Sakura ou que tout autre personnage un tant soit peu mignon, petit, souvent volant ... c’est l’emblème des CLAMP. Eh bien si l’on y regardait d’un peu plus près, à ces petites bestioles pleines de poils, si attendrissantes et adorables ? Mokona prend naissance dans le monde des Magic knight pour la première fois. Son rôle ? Créateur du monde (rien que ça !), mais surtout responsable de la décrépitude d’un rôle primordial de pilier qui condamne à la solitude la personne élue. Il est vu alors comme celui qui impose une injustice à quelqu’un sans dévier de ses principes, même si en théorie c’est pour le bien du monde en question. C’est là qu’il a le rôle de sa vie, bien plus profond que dans les deux autres séries qui l’utilisent d’avantage en tant que mascotte souriante. A noter tout de même qu’il s’y présente avec de nombreux secrets et une vision des choses parfois un peu ... déshumanisée. Normal, pour une sorte de peluche vivante, mais tout de même ... Kero aussi à sa manière impose son rôle à Sakura. Il lui explique qu’elle n’a d’autre choix que de se lancer dans une quête qui la dépasse, simplement pour le bien du monde. Sans lui, pas d’histoire mais, et même si Card Captor Sakura n’est pas une série très sombre, sans lui bien des malheurs auraient pu être évités. Tout ça pour dire que les mascottes ont souvent un rôle plus profond que de simplement agiter les pattes en guise de contentement, on le voit aussi dans le très récent Kobato ou son compagnon bleu à quatre pattes n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler un enfant de cœur ...

Eh bien Mr Lapinou n’échappe pas à la règle ! C’est, en effet, tout de même lui qui occupe ce rôle si important de messager. Sous son côté enfantin et son aspect humoristique, rajoutant une touche de « kawai » dans les planches de Mick Nekoi, ce petit lapin a tout de même une incidence primordiale sur le manga. En effet, c’est lui qui se voit dans l’obligation de ramener Kohaku au paradis. Dans un premier temps il ne fait que l’informer, mais à son retour il veut l’emporter réellement, sans lui laisser le choix. On le voit d’ailleurs bien dire non de la tête alors qu’elle lui demande encore un peu de temps, et Shuichiro en est réduit à l’enfermer pour l’empêcher d’emporter Kohaku. D’un frissonnement d’oreilles, il comptait détruire les espoirs de Kohaku et c’est d’ailleurs ce qu’il a fait en quelque sorte, en la préparant à partir. C’est un moment tout de même assez dur, camouflé derrière les airs sereins d’un petit lapin voletant tranquillement, avec le sourire. Ne pas se fier aux apparences semble alors être le maître mot pour appréhender ce petit personnage au rôle si primordial.




La logique est sans doute le principal défaut de la série, quand elle s’attache à façonner un scénario terre à terre qui se concentre plus sur les personnages et leurs sentiments que ce qui les entoure. Les CLAMP sont très pragmatiques et jouent sur les émotions pour tenir leur manga, sachant qu’on peut tout de même se permettre de reprocher à Wish un petit manque de profondeur et d’exploitation. C’est peut être, et même sans doute, voulu de la part du studio mais cela nous laisse un peu frustrés de ne pas avoir suffisamment de matière, de réponse à nos questions. Certains points majeurs du scénario passent ainsi un peu à la trappe, et on aimerait en savoir beaucoup plus sur les anges, les démons, les rapports enfer et paradis ... On n’en sait en effet pas beaucoup à ce sujet, sauf quand Kohaku est rappelée au Ciel, ce qui nous permet de comprendre une vague organisation, quoiqu’apparemment changeante et peu délimitée dans l’espace, qui change tout le temps d’ailleurs. Le Paradis ne serait pas alors un endroit fixe mais un monde en mouvance, dans lequel on se perd un peu sans points de repères tangibles. On découvre cependant l’ensemble des anges élémentaires, qui ne sont absolument pas développés, la naissance des angelots et chérubins, mais au final ... c’est tout. Les simples anges de bas étage ? On n’en croise pas. La hiérarchie ? On ne la connait pas. De plus, si l’organisation céleste est très vaguement évoquée, ce n’est pas le cas de celle de l’enfer, qui reste une vague notion bien incomprise de nous pauvres lecteurs. On est alors obligés de se construire le scénario sur nos représentations de ce monde ésotérique et rempli de croyances. On part sur le principe bien / mal, tout simplement et sans plus de nuance apportées par l’auteur, et on navigue sur nos idées reçues à propos de l’image angélique qui s’oppose à celle, démoniaque, que le vice nous inspire. De plus, nos notions sont un peu perturbées puisqu’un ange est supposé être pureté et virginité absolues, ce qui n’a que peu de possibilités de survie face à l’amour et à la tendresse qu’un couple partage normalement. Bref, la nature même de Kohaku nous échappe tant on ne parvient pas à définir ses valeurs, les concepts qui l’ont créée, les chemins empruntés par le Créateur quand il façonna ses anges.

Et puis, quand on parvient à se construire une image un peu plus claire, l’auteur nous fait redescendre de nos idées sans toutefois nous permettre de nous construire un nouveau pilier, une base de compréhension sur ce monde si nébuleux et si surfait, construit de manière un peu maladroite. En effet, elle nous projette la déchéance de la représentation céleste, mais aussi la purification d’une partie des enfers puisque un démon amoureux et fidèle, on ne voit pas ça tous les jours ! Tout comme un ange ouvert à ce type de relation ne court pas les rues, ou même les nuages. On apprécie alors énormément la relation entre Hisui et son démon, ce qui donne une alliance intéressante entre deux mondes au départ très différents ... mais qui nous laisse perplexe. Sur quoi se baser, que comprendre ? Se rajoute à cela une difficulté supplémentaire quant à la création même de ce monde : y croire, et alors vivre réellement le récit même si l’on ne s’imagine pas les anges ainsi, mais grâce auxquels on s’imprègne de l’univers, ou ne pas y croire et rester totalement hermétique à cette approche. Pas forcément religieuse, qui plus est, mais tout de même orientée en direction d’une certaine culture biblique, même si le manga ne l’aborde pas une fois. Cela reste, dans notre environnement, une idée persistante qui pourra éventuellement bloquer l’accès à la lecture pour certains, décevoir d’autres. Il faut arriver à accepter cet univers sans trop en attendre, sans croire y voir un sens supplémentaire et religieux, et c’est sans doute cela le plus difficile pour véritablement entrer dans le manga.

Le tout est de préciser qu’au départ, Wish ne devait pas compter quatre tomes mais un seul, et se développer en une petite histoire courte, insouciante et remplie de bons sentiments. C’est l’exploitation de thèmes intéressants qui l’a allongée, mais malheureusement pas forcément assez pour se montrer réellement exploitée sur tous les fronts et se révéler parfois maladroite. Entre une volonté d’étoffer le récit et celle de ne pas rentrer dans une situation trop complexe et une série trop longue, les CLAMP ont tranché au milieu pour nous offrir cette série. Construite, riche, mais souffrant de quelques défauts assez facilement repérables. Notamment, et en premier lieu, le manque d’exploitation des personnages secondaires qui ne sont là parfois que pour le décor. Koryu en est l’exemple type, puisqu’il n’est utilisé que pour le comique mal ajusté, pour former ce couple ange / démon facilement exploitable par l’auteur et pour créer un beau garçon en plus. A côté de ça, même Kokuyo est plus élaboré, même si avec Hisui il se trouve qu’ils manquent un peu de temps pour se développer : un seul bonus de fin de tome leur est entièrement consacré, et c’est dommage. Il en va de même pour les anges importants dans le ciel dont on connait à peine les noms et la fonction. Dommage, la série aurait pu avoir plus de relief avec juste un peu plus d’efforts au niveau des protagonistes secondaires, en oubliant quelques temps les principaux et leurs problèmes existentiels parfois un peu trop légers pour le sérieux profondément dissimulé de la série.
 
 

WISH © CLAMP/KADOKAWA SHOTEN Publishing Co., Ltd.

Commentaires

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NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 01 Novembre 2011 à 21h17

Merci à tous :)

PsychoticDemon

De PsychoticDemon [329 Pts], le 29 Octobre 2011 à 15h00

20/20

AH j'ai oubliée la note --'

PsychoticDemon

De PsychoticDemon [329 Pts], le 29 Octobre 2011 à 14h59

Très bon dossier, complet et clair :D

MaiHime

De MaiHime [2051 Pts], le 22 Octobre 2011 à 18h27

20/20

un excellent dossier =)

ikuko

De ikuko [1857 Pts], le 21 Octobre 2011 à 21h44

20/20

Super dossier!! Bravo ^^

mangashojo

De mangashojo [2568 Pts], le 21 Octobre 2011 à 16h41

20/20

bravo nidnim pour ce beau dossier bien réalisé . j'ai appris pas mal de chose sur clamp et  aussi wish . je te donne la note 20/20 .

 

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