Wish - Actualité manga
Dossier manga - Wish
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20/20

Le temps ne s’arrête jamais


La notion de temps est une dimension toute particulière dans Wish. Parce que ce manga se conjugue au passé, au présent à l’avenir. Au passé, parce que les souvenirs et les incidences de la vie ont une grande influence pour nos héros, notamment Shuichiro dont le caractère est partiellement expliqué par son lien à sa mère. Etant le seul humain véritablement important dans la série, tout prend son sens au regard de sa vie précédant sa rencontre à Kohaku, puisque les anges ne semblent pas avoir de passé. Encore un point intéressant, tant nos protagonistes angéliques ou démoniaques semblent figés dans le temps, comme des gravures qui attendent et regardent le monde grandir et les gens évoluer sous leurs yeux sans que cela ne puisse les affecter. On ne sait pas ce qui leur est arrivé avant que nous ne les rencontrions, ou si peu, et nous ne saurons probablement pas ce qui les attend. Comme si ce temps qui passe ne les affectait pas de la même manière que nous, qu’ils avaient confiance en ce temps si flexible à notre regard, si immuable au leur. Toutefois, le temps qui passe ne doit ici pas se contenter de se rapporter aux heures, aux jours ou au mois qui s’égrènent mais bien à l’évolution des protagonistes. Kohaku, par exemple, est une gamine quand on la rencontre. Elle ne connait rien de la vie, est déterminée à s’acharner contre quelque chose auquel elle ne peut rien et fait tout pour y parvenir. Puis, les sentiments la transportent, la font chavirer et elle prend soudainement et brutalement conscience de sa condition de femme, d’être humain. C’est un véritable passage à l’âge adulte pour elle qui n’était qu’une petite fille, par le délicat moyen qu’est l’adolescence ou la découverte de l’autre, des émotions qui s’y rattachent et des conséquences qu’un tel amour peut entraîner. Mais ce temps, si bénéfique pour faire fleurir le cœur de Kohaku, peut être traitre en emportant Shuichiro loin de Kohaku, les deux êtres devant à un moment donné se séparer. Toutefois, la scénariste des CLAMP ne les abandonne pas là, aussi facilement. En effet, le studio a comme thème cher à son cœur celui de la réincarnation. La constance avec laquelle une âme traverse les générations, le temps, les mondes est une règle de vie dans leur manga, et Wish n’y échappe pas en exploitant cette voie comme étant la base de sa conclusion. On le voit tout particulièrement dans Tsubasa Reservoir Chronicles et les différentes générations qui se rencontrent pour s’unir, mais là c’est un moyen plus doux de nous promettre l’alliance éternelle de Kohaku et Shuichiro, malgré le temps qui passe rapidement pour l’un et pas du tout pour l’autre.

En cela, on remarque assez vite que finalement, le style des CLAMP n’évolue pas vraiment. Particulièrement attachée à la notion de temps qui sépare, rapproche et finit par réunir les uns et les autres, on l’observe aussi dans RG Veda où les générations passées conditionnent le présent, et où les personnes qui sont destinées l’une à l’autre ne peuvent être simplement séparées par les contraintes du temps, un obstacle que les mangaka n’hésitent pas à franchir. Comme excuse ? Un autre de leur thème favori, la destinée. Si deux êtres se retrouvent malgré tout c’est parce que leurs destins sont intimement liés et dépendants l’un de l’autre, c’est parce que la vie de l’un sans celle de l’autre n’est qu’incomplète. Là encore on voit bien que sur ce point, rien n’a changé depuis Wish : toujours cette même importance d’une force supérieure qui guide nos pas et dont on ne peut dévier, toujours cette écrasante puissance qui se fait plus impérieuse que tout et même que la notion la plus rationnelle possible : le temps.

 

 
 
L’ambiance de la série et le style de la narration jouent beaucoup sur le rendu et sur l’impression qu’on a du manga. En effet, l’auteur prend son temps, et en quatre volumes où l’évènement principal pourrait s’étendre sur un seul, il y a de quoi combler ! Des digressions, des flash-back, des dérives et des moments où l’on se perd dans l’admiration et la contemplation d’une histoire parallèle. Wish, c’est un peu l’expérience vécue dans un vieux cinéma, ou à bord d’un train de campagne. On voit les images défiler, parfois sans raison, parfois sans commentaire pertinent ni même raison d’être. Elles sont simplement là, et l’on en profite ou non. Celui qui s’en délecte et se remplit les yeux de la douce contemplation sur laquelle est basée le manga sera à même d’en apprécier pleinement la lecture et d’en comprendre les codes. Tandis que son opposé n’y trouvera qu’un récit qui n’a rien d’extraordinaire, ne révolutionne pas du tout le genre, ce qui en soit est vrai. Mais il ne comprendra pas non plus la simple jouissance de lire des détails, des instants qui n’ont pas toujours de sens. Kohaku arrosant un jardin ou rencontrant un chat, ce n’est pas utile. C’est simplement un ensemble de moments emplis de poésie, de douceur et d’un charme décalé évident. On ne se presse jamais et en se laissant voguer sur le long fleuve tranquille qu’est le manga on découvre un cours d’eau qui se reforme sans hésiter malgré les barrages, les critiques, les ennuis que rencontrent nos protagonistes. Car au final, tout revient à la douce innocence des premiers instants, et la vie quotidienne de Kohaku chez Shuichiro prend des airs de club de vacances où chacun apporterait son sac de couchage pour partager un bon moment à la lueur d’un feu de camp. Tous les protagonistes se réunissent, échangent, se disputent, se rapprochent, s’affrontent pour au final toujours retomber vers la quiétude tranquille, et une avancée progressive qui malgré tout est bien réelle. Certes, cela a pour défaut de masquer quelque peu l’émotion réelle qui se dégage de certains passages. En outre l’ambiance, primordiale dans le manga, supplante bien ces sentiments que l’on finit par identifier et il est important que la série garde cette ligne de conduite durant les quatre tomes ...

En parlant de sentiment, quid es de l’amour ? Il reste le thème qui, en filigrane, guide l’instinct des CLAMP dans leur écriture. Les amours sont ici taboues, tragiques, mais surtout au-delà des âges, des races, des limites. Le plus évident est effectivement l’exemple d’Hisui et de son démon Kokuyo, qui vivent une idylle contre nature qui les chasse d’ailleurs du paradis tant ils seront rejetés par leurs pairs de vivre une véritable histoire. Kokuyo a déjà fricoté avec des anges et n’a jamais eu à imaginer un plan de sortie, puisque jamais auparavant il ne s’est réellement impliqué comme il le fait auprès d’Hisui, ce qui le pousse à vouloir s’exiler sur le seul terrain neutre de la Création puisque le Ciel ne peut recevoir de démons, et l’Enfer d’anges. Ils seraient alors dénaturés et ne pourraient vivre dans un environnement créé à l’image et pour leurs adversaires ancestraux. On apprécie beaucoup cette vision des choses, d’autant plus quand l’auteur dérive sur une mise en danger de l’assez surprenant au début mais finalement habituel couple formé par Hisui et Kokuyo. Eux-mêmes commencent à devoir craindre pour leur bonheur, et c’est tout le petit monde contemplatif et d’ordinaire si plat de Wish qui se met en mouvement. Car cette union, au départ étrange et vue d’un mauvais œil, est stable et parait immuable, largement ancrée dans le cœur et la vision de chacun. Aussi, quand cet équilibre vacille ce sont les plus grandes convictions de tous qui chavirent dans le même temps. Si Kokuyo et Hisui ne sont plus ensemble, qu’est ce qui pourra perdurer ? Sans doute pas l’ersatz d’amour que Kohaku et Shuichiro tentent de construire au début de la série, sans parvenir à nommer cela ainsi. Ils ne se rendent que peu à peu compte que la présence de l’autre a un caractère indispensable et impérieux, ce qui permet de présager une fin agréable et pleine de douceur. Car il est certain que voir Kohaku émue par la compréhension de ses émotions, elle qui ne pleurait jusque là que de frustration quand on la malmenait un peu, c’est réellement un moment plein d’intensité. Le seul problème, c’est que les CLAMP élèvent ce sentiment, dans Wish, à la sacralisation d’une finalité et lorsque tout se clarifie, on se rend bien compte que la très naïve Kohaku est passée de l’ignorance totale de ses sentiments, avec ses interrogations de jeune fille en fleur, à la certitude totale et inébranlable de ressentir de l’amour. Comme si elle savait ce que c’était mais qu’il lui avait fallu tout ce temps pour l’identifier ... Ce qui en soit une belle vision de ce sentiment, quoiqu’un peu trop facile.



WISH © CLAMP/KADOKAWA SHOTEN Publishing Co., Ltd.

Commentaires

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NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 01 Novembre 2011 à 21h17

Merci à tous :)

PsychoticDemon

De PsychoticDemon [329 Pts], le 29 Octobre 2011 à 15h00

20/20

AH j'ai oubliée la note --'

PsychoticDemon

De PsychoticDemon [329 Pts], le 29 Octobre 2011 à 14h59

Très bon dossier, complet et clair :D

MaiHime

De MaiHime [2051 Pts], le 22 Octobre 2011 à 18h27

20/20

un excellent dossier =)

ikuko

De ikuko [1857 Pts], le 21 Octobre 2011 à 21h44

20/20

Super dossier!! Bravo ^^

mangashojo

De mangashojo [2563 Pts], le 21 Octobre 2011 à 16h41

20/20

bravo nidnim pour ce beau dossier bien réalisé . j'ai appris pas mal de chose sur clamp et  aussi wish . je te donne la note 20/20 .

 

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