Touch

Il faut apprendre à te défendre

Un des thèmes peut-être les plus importants de Touch est également l’acceptation à tous ses niveaux :


Acceptation de ses qualités

Certains ont un talent inné, contre lequel le commun des mortels ne peut rien faire. Même en travaillant beaucoup, il est souvent difficile d’atteindre le niveau des meilleurs, surtout si ces derniers font beaucoup d’efforts de leur côté aussi. Tatsuya par exemple, a toujours été gêné de ses facultés, de ses facilités, au point de les voir comme quelque chose qui fera de la peine à ses proches, et plus particulièrement à son frère, qui lui doit travailler très dur pour arriver bien plus laborieusement au même résultat. De plus, la peur de ne pas pouvoir répondre ensuite aux attentes des autres fut aussi un grand frein dans son émancipation, très certainement. Minami aussi quelque part a rechigné pas mal à accepter ses prédispositions pour la gymnastique rythmique. Pourtant, elle est naturellement à l’aise avec ce sport et s’est hissée à un très haut niveau. Mais elle ne le réalise pas, elle ne prend pas goût à ce « pouvoir », et reste dans le fond très simple. Nos dons sont une part de nous, tout ce que nous pouvons faire, c’est décider de les exploiter ou non. La façon dont ils nous changeront ne dépend que de nous.

C’est d’ailleurs une des caractéristiques majeures des héros d’Adachi. Malgré leur talent dans le domaine du sport, entre autres, jamais ils ne sont arrogants, jamais ils ne prétendent être les plus forts. Tous font énormément d’efforts pour atteindre leur objectif, et ne croient jamais la victoire acquise. Bien loin de ces génies à qui tout vient sans difficultés et à qui tout réussit, les personnages de Touch sont des personnages normaux avec des prédispositions, et qui ont fait de leur mieux parvenir là où ils en sont au final.
 
 


Acceptation de ses limites

Il est difficile parfois d’admettre que nous avons échoué, que nous ne pouvons pas aller plus loin, malgré tout nos efforts, ou que nos rêves ne deviendront jamais réalité. Accepter cet état de fait en toute connaissance de cause, en toute conscience, sans regrets et être capable d’avancer après coup, demande sans doute autant de courage que de ne jamais abandonner.

Harada est un très bon exemple de ceux qui savent où est leur place, qui ont un regard parfaitement lucide sur ce qu’ils sont, et savent renoncer de façon intelligente. Amoureux de Minami, il aurait pu persécuter ceux qui s’approchaient trop près d’elle, ou ceux de qui elle tomberait amoureuse. Il n’en est rien, il pense à son bonheur avant tout, aide Tatsuya à se relever, à se montrer digne d’elle et de ses attentes. Un étrange sentiment d’amitié lie les deux garçons de ce point de vue.

Un autre personnage apparu pour un temps, Yoshida, est quant à lui l’opposé de l’acceptation. Tout d’abord fan de Tatsuya, il en viendra à le jalouser grandement quand le jeune garçon aura atteint un niveau plus ou moins équivalent de lanceur. Le fait d’avoir bien lancé contre Sumi, l’équipe de Nitta, dans un match d’entraînement, l’a rendu extrêmement arrogant et détestable. Il se considérait comme bien plus digne du poste de lanceur que Uesugi. Ou du moins le croit-il. Car il a beau être doué, à croire qu’il a déjà atteint le niveau au point de pouvoir vaincre des batteurs comme Nitta, il se serait vite heurté à un mur. Il n’est pas conscient de ses limites, du chemin qu’il a encore à parcourir et des efforts qu’il a encore à fournir. Il faut savoir être patient, et accepter que changer prends du temps.


 
 
 
Acceptation de son passé

Pour devenir adulte, il faut savoir regarder en arrière sans trop de regrets, malgré les difficultés rencontrées et les coups bas des autres. Sinon, on risque de devenir aigri, rancunier, et incapable de renouer des liens avec les autres, ou de faire à nouveau confiance. C’est le cas de Kashiwaba, l’entraîneur sadique de Touch, et sans doute un des meilleurs personnages d’Adachi, toute œuvre confondue. Un homme rongé par l’amertume, le regret, qui a l’impression d’avoir tout perdu, et de détester tout le monde. Mais pourtant, derrière ce mur de haine, on se rend compte qu’il aime encore profondément le base-ball, qu’il a été profondément touché par l’attitude positive de ses élèves. Et son antagonisme avec Uesugi, dans lequel il se reconnaît beaucoup dans le fond, l’a au final aidé à prendre conscience de ce qu’il veut vraiment, même si ce n’est à la toute fin.

Certaines parties de notre passé sont parfois difficile à supporter. Cela dépend aussi beaucoup du caractère, de la sensibilité, et des circonstances. Mais si on ne peut pas revenir en arrière récupérer ce qu’on y a perdu, on peut toujours se rappeler de ce qui nous motivait à la base, pour se redresser et revenir à la vie, notre vraie vie. La remontée de son enfer personnel, un thème trop long à aborder, mais que vous pourrez ressentir assez clairement à travers le personnage du coach autoritaire et à l’esprit vengeur, qui pourtant nourrit toujours au fond de lui un profond respect pour les autres et pour le base-ball.