Touch

C’est… la victoire

Au-delà des histoires de cœur, des tragédies, des doutes sur l’avenir et la vie, Touch est, à bien des égards, un véritable manga sportif. Il en possède en tout cas toute la puissance, tout le suspens, toute l’intensité, et toutes les valeurs : dépassement de soi, importance de la confiance dans ses coéquipiers, soif de vaincre, volonté d’évoluer… Tout ce qui rend un titre de sport si intéressant à lire et passionnant à suivre. Pourtant, rien ne prédispose le base-ball, jeu assez lent dans son déroulement, à générer un tel attrait. Mais c’est bien connu, un bon auteur de manga sait nous passionner sur n’importe quel sujet. Et Adachi y parvient à merveille.

Par contre, contrairement à des titres comme Slam Dunk par exemple, le base-ball de Mitsuru Adachi est peu didactique, et plus qu’avare en explications pour les néophytes. Pour ma part, j’ai appris les règles du base-ball à travers les mangas uniquement, et j’arrive maintenant à suivre assez bien les tactiques. Mais il m’a fallu plusieurs relectures et déductions pour réellement comprendre les enjeux de ce sport assez tactique, à la manière du football américain. S’il n’est absolument pas nécessaire de comprendre toutes les subtilités de ce sport pour apprécier la lecture de Touch, et que les phases sportives sont mises en scène de façon telle qu’on est plongé dans l’action, il est néanmoins dommage de se priver de ses phases d’action intéressantes et passionnantes. Ci dessous vous trouverez un petit cours rapide pour ceux qui veulent comprendre rapidement les grands principes et se plonger plus aisément dans la lecture.




Règles élémentaires du Base-ball

Chaque équipe est constituée de neuf joueurs. À tour de rôle, l’une sera en attaque, et l’autre en défense, et ce durant neuf manches. Si une équipe a sept points d’avance à partir de la cinquième manche, la victoire lui revient et le match s’appelle un « Called-game ». Il est en effet considéré qu’il est impossible de rattraper un tel retard en seulement quatre manches, et que donc il est inutile de poursuivre la partie.

Le but de l’attaquant (batteur) est de faire le tour du terrain intérieur, formant un losange et composé de trois relais (bases) aux extrémités. S’il y parvient, il obtient un point. Pour atteindre ces bases, l’attaquant (le batteur) doit frapper la balle lancée par le lanceur adverse. Évidemment, ce dernier fera tout pour qu’il ne touche pas la balle. Si le batteur parvient à frapper correctement, il peut courir autour du terrain. Cependant, en plus du lanceur, on trouve aussi des défenseurs. L’attaquant doit atteindre les bases (des marques blanches) avant que les défenseurs n’aient rattrapé la balle et l’ait envoyé aux joueurs à proximité de ces relais. S’il parvient à l’atteindre, il est « Safe », et peut attendre que le prochain batteur le fasse avancer. Dans le cas contraire, il est « Out », et doit quitter le terrain pour cette manche. Après trois joueurs éliminés, le tour de l’attaque est terminé, et c’est au tour de l’autre équipe de tenter sa chance.
Le but de la défense est bien sûr d’empêcher les batteurs adverses de faire le tour du terrain. Le pivot de la défense est donc le lanceur, celui qui met la balle en jeu, face au batteur. Un lanceur exceptionnel est un atout de poids dans les chances de victoire de l’équipe, évidemment. Pour éliminer un joueur, le lanceur a plusieurs possibilités.

Il peut tout d’abord éliminer le joueur directement au point de départ. Pour ce faire, il doit lancer trois « Strikes » à son adversaire. Il existe plusieurs types de « Strikes » : tout d’abord, si le batteur frappe et qu’il la rate, un « Strike » est compté. Si le batteur ne bouge pas mais que le lanceur a lancé dans sa « Zone de strike » (une zone qui dépend de la taille des joueurs mais qui va grosso-modo des hanches jusqu’au torse), un « Strike » est compté. Un arbitre est placé juste derrière le receveur du lanceur (qui joue lui aussi un rôle primordial, mais c’est assez tactique) pour s’assurer que la balle a bien été lancée dans cette zone. Dans le cas contraire, le lancer est considéré comme une « Ball ». Un lanceur a droit à 4 « Ball » pour chaque batteur. À la cinquième, le batteur peut avancer jusqu’au relais suivant, même sans avoir frappé. Enfin, un « Strike » est aussi compté quand le batteur frappe, touche la balle, mais ne l’envoie pas dans la zone du terrain (imaginez une forme de cône, formé par les deux côtés du losange partant du point de départ du batteur). On appelle cela une « False ball » Mais attention, un joueur est considéré au final comme « Out » par un lancer uniquement si le lanceur envoie la balle dans le gant du receveur au moins pour le troisième « Strike ».

Exemple : un batteur frappe cinq fois lors de son tour de batte. Pour les quatre premiers lancers, il frappe chaque fois la balle, mais ne l’envoie pas dans le champ du terrain (il l’envoie en arrière ou trop sur le côté). Au cinquième lancer, le batteur frappe dans le vide, et la balle arrive dans le gant du receveur. Les quatre premiers lancers étaient tous considérés comme des « Strikes », mais ce n’était pas suffisant, car pour confirmer ce statut, le lanceur doit réellement vaincre le batteur, en le faisant rater, que ce soit par la vitesse de sa balle ou un effet, qui l’empêchera de l’envoyer dans le champ du terrain, et donc de pouvoir marquer un point.

Si la balle est frappée, il revient aux défenseurs placés stratégiquement sur le terrain de récupérer rapidement la balle, et de l’envoyer de façon à éliminer les joueurs en train de faire le tour des bases, avant qu’ils ne les atteignent, et surtout n’atteignent la dernière (qui vaudra un point). Une bonne défense est aussi indispensable, car le lanceur ne peut évidemment pas toujours assumer l’entièreté du match tout seul, et a parfois des faiblesses, ou simplement des adversaires très forts en face.

Il ne s’agit là que des bases du jeu. On trouve aussi nombre de tactiques, on pourrait aussi parler de l’importance de l’ordre des batteurs, des différents lancers…
 
 
 
 
 
Quand Théo frappe la balle…

Mitsuru Adachi met quasiment toujours en avant l’affrontement psychologique entre le lanceur et le batteur. Tout simplement parce qu’il s’agit des posts où les responsabilités sont les plus grandes. L’un comme l’autre peut faire perdre son équipe s’il n’assure pas sa frappe ou son lancer. Pour cette raison, le base-ball est un sport très intéressant à mettre en œuvre en manga, car il illustre parfaitement le conflit intérieur, la pression ressentie par les différents joueurs, tous à un niveau individuel. Il s’agit d’un sport d’équipe, mais les joueurs sont également livrés à eux-mêmes, et leurs erreurs peuvent coûter cher sur le résultat final.

Le lanceur est aussi celui qui se démarque le plus, celui qui a le plus la pression, celui aussi qui doit tenir tout le match, et affronter ses neufs adversaires en combat singulier, alors que eux n’ont qu’un ennemi, le dit-lanceur. Responsabilité terrible pour ces joueurs, isolés au milieu du terrain, héros s’ils mènent leur équipe à la victoire, porteur d’une terrible responsabilité s’ils échouent, quelque part. Une position qui convient d’autant plus au personnage de Tatsuya, qui se bat contre le souvenir de son frère et contre ses propres peurs, et qui a donc un fardeau bien plus lourd à porter encore que la « simple » victoire de son équipe. Harada le dit d’ailleurs lui-même, le rival de Tatsuya n’est pas Nitta, c’est Katsuya Uesugi, soit ses sentiments de culpabilité et ses espoirs dans la vie, pour l’amour de Minami.