Tokyo Magnitude 8 - Actualité manga
Dossier manga - Tokyo Magnitude 8

Tokyo Magnitude 8, une critique de la société japonaise contemporaine



Les standards sociétaux remis en cause


L’amorce de Tokyo Magnitude 8 est étonnante de par la manière d’entamer un récit catastrophe. Les débuts de l’œuvre insistent sur les personnages de Jin et Nanako, aux antipodes l’un de l’autre. Jin est le modèle du japonais parfait telle que la société l’entend, il est universitaire et projette d’avoir un emploi stable en vue de fonder une famille. A côté de lui, Nanako se berce dans un monde factice teinté de musique et de mode gothique, une personnalité qu’on ne pourrait voir s’épanouir dans la société que nous connaissons.

A première vue, l’opposition des deux personnages est sujette à plusieurs interprétations. Est-ce Jin qui est ridicule dans sa manière d’être un brave petit soldat de notre cadre de vie, ou alors est-ce que Nanako devrait mûrir et accepter la réalité et le monde tels qu’ils sont ? Tout le long de l’intrigue, on peut penser que celle-ci donne davantage raison à Nanako qui, bien que vivant de visual-kei et de fantasmes musicaux, a su y mettre justement du sien et aider ses prochains au cours de la catastrophe là où Jin, brave futur salarié, s’est perdu dans ses illusions de héros. Le mangaka brise ces schémas, ne serait-ce par le biais du personnage de Rika qui, derrière ses allures de pimbêche, mènera elle aussi un combat humain et remettra en cause la volonté de Jin.

Finalement, le message pourrait être le suivant : notre rôle dans la société et notre image sont des critères bien futile car lorsque l’Homme est mis dans ses derniers retranchements, il ne reste plus que sa volonté et sa nature. Qu’importe que l’on soit un citoyen modèle ou un marginal, ces schémas que la société cherche à décrire n’ont finalement aucune valeur sur le plan moral, et encore moins lorsqu’un drame pareil s’impose à nous. Usamaru Furuya est donc très critique par rapport à notre monde et pour lui, l’être humain devrait davantage s’intéresser à ceux qu’il aime et à l’harmonie entre les individus plutôt que de se soumettre bêtement aux codes que la société a établi pour lui.





Le Japon, un pays raciste ?


Tokyo Magnitude 8 s’interroge sur une idée à laquelle on ne pense pas forcément lorsque l’on imagine le Japon : le racisme. Pourtant, il est bien connu dans nos esprits d’occidentaux que le pays du Soleil Levant est une nation fermée qui ne s’ouvre que peu aux étrangers, et encore moins aux personnages dont la couleur de peau reflète des origines africaines. Certaines dérives de la société nippone sont alors mises en lumière lorsque la série s’intéresse au cas des étrangés, véritables laissés pour compte au cour de la catastrophe. Bien-sûr, les personnalités étrangères sont les premiers à être secourus, question d’images et de liens économiques obliges, mais qu’en est-il des populations et des touristes ?

Usamaru Furuya brise certains tabous, montrant un peuple globalement raciste et privilégiant ses propres intérêts plutôt que ceux des étrangers. L’une des paroles de la Rika désorientée des débuts est même particulièrement choquante, « pourquoi se préoccuper des étrangers alors que le peuple souffre ? », un discours pas si éloigné de celui de certains extrémistes de l’hexagone… A travers cette problématique grave, on peut y voir une volonté de l’auteur de rassurer les esprits et de vouloir les faire changer. En optant pour la ficelle narrative assez classiques des marginaux venant en aide aux héros, le mangaka cherche avant tout à faire comprendre qu’étrangers ou pas, les barrières n’ont encore une fois aucune importance et que les qualités humaines brillent avant tout au sein du monde.
  
  
  


© 2006 by USAMARU FURUYA /Shinchosha Publishing Co.

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