Le style visuel de SP Nakatema
Assez addictif dès ses premières pages, le récit doit d'abord beaucoup à la patte visuelle d'un auteur plutôt bien inspiré, qui sait mettre en avant ses brefs moments de baston assez nerveuse, ses décors urbains nocturnes, et ses mimiques très expressives des chats.
Le mangaka respecte bien le style furyo typique, avec échanges de coups bien violents et bas-fonds urbains immersifs. Généralement, il joue très bien sur de nombreuses cases assez petites et resserrées, pour un découpage bien agité.
Très bavard, son récit dégage aussi un certaine intensité dans sa narration, car il ne traîne pas.
Mignons chatons ou fous furyos ?
Dire que le « manga de chat » est à la mode ces dernières années est un euphémisme. Depuis le succès de Chi – Une vie de chat, plusieurs éditeurs y sont allés de leur(s) titre félin(s) : Komikku avec Oh My Cats et Yanaka – Histoires de chats, Soleil avec Plum, Choubi Choubi et Carnets de Chats, Tonkam avec le Journal des Chats de Junji Ito, nobi nobi ! Avec MIAOU !, ou tout simplement Doki-Doki avec Sa majesté le chat... Et si certains trouvent leur originalité, d'autres se contentent plutôt facilement et de façon opportuniste de surfer sur le phénomène Chi.
Mais vous l'aurez normalement déjà compris en lisant ce dossier, Street Fighting Cat s'inscrit dans un registre totalement différent des récits de chats classiques : avec ses conflits de territoires et de gangs et ses bastons dans les bas-fonds urbains, la série est surtout une transposition d'un vrai manga de furyo dans un cadre félin.
Si vous cherchez un manga de chats comme tant d'autres, à l'image d'un Chi, passez donc votre chemin. A contrario, l'oeuvre est faite pour vous si vous voulez un bon petit manga typé furyo un peu décalé, comme les éditions Doki-Doki aiment en sortir parfois (on se souvient du très fun Ping Pong Dash!! qui mêlait loubards et... ping pong, de Gewalt , ou encore de Guren Five).
L'édition française
Avec Street Fighting Cat, on retrouve le petit format shônen des éditions Doki-Doki (celui des séries Full Ahead! Coco, Ping Pong Dash!!, Reiko the zombie shop...), un format que l'éditeur n'avait pourtant plus du tout utilisé depuis quelques années.
Faciles à prendre en main, les volumes bénéficient d'un papier bien épais et d'une excellente impression effectuée en Italie chez Lego.
Le travail de lettrage du Studio Charon est de très bonne facture, mais la palme revient à la traduction bien inspirée de Julien Pouly, qui offre un travail très vivant, avec un parler adéquat et de nombreuses expressions félines très bien trouvées.
Sur la jaquette, l'éditeur a imaginé un logo-titre bien lisible et dans le ton avec ses pattes de chat et ses coups de griffe.
D'ailleurs, n'oubliez surtout pas de retirer les jaquettes à chaque tome, afin de découvrir sur la couverture des blablas assez longs et très intéressants de SP Nakatema, par exemple sur la façon dont la série est née, sur ses difficultés à la faire accepter à un éditeur, sur ses doutes en tant que mangaka, sur le rôle important qu'ont eu certains de ses amis et confrères mangakas comme Daiju Yanauchi (l'auteur de Gangking) ou Kôichi Nagata... Mine de rien, l'auteur se livre pas mal, ce qui est vraiment plaisant.
Le mot de la fin
Un manga typé furyo/yakuza, avec ses guerres de territoire, ses boss, sa hiérarchie, son code d'honneur... le tout en version féline : il fallait tout simplement y penser, et SP Nakatema l'a fait.
Conflits en gangs de quartier, alliances, désir de briser les anciennes règles, quêtes de pouvoir, manipulations... Dans l'ensemble, le mangaka exploite d'excellente manière ce qu'il a imaginé, afin d'offrir un manga drôle, survitaminé, immersif et addictif. Une excellente petite surprise, en somme, et qui a le mérite de ne pas traîner en longueur.
Fiche de la série
Fiche vo de la série
Fiche de l'auteur
Mise en ligne le 15/12/2017.
Dossier réalisé par Koiwai
NORANEKO SEKAI © 2015 SP☆NAKATEMA / SHOGAKUKAN
