Sidooh - Partie 1 - Actualité manga
Dossier manga - Sidooh - Partie 1

Le contexte des débuts - L'enfance bafouée


Sidooh nous plonge au coeur d'une période particulièrement trouble de l'Histoire du Japon, à l'aube de l'ouverture du pays aux étrangers, après plus de deux siècles et demi de repli sous le shogunat des Tokugawa. Nous voici en 1858, donc dix ans avant la fin de l'ère Edo (celle des Tokugawa) et le début de l'ère Meiji (marquée par l'ouverture du pays au monde et les débuts de son occidentalisation). Au beau milieu du Bakumatsu, période allant de 1853 à 1868 et durant laquelle le pays mit fin à sa politique isolationniste pour moderniser le système féodal du shogunat et donner naissance au gouvernement Meiji. Une période de quelques années particulièrement trouble, tendue et sombre au coeur de ce pays, alors submergé par les conflits entre les partisans de l'ouverture et ceux qui s'y opposaient violemment.

C'est dans ce contexte que Shotaro Yukimura, 14 ans, et son petit frère Gentaro, 10 ans se retrouvent bien trop jeunes livrés à eux-mêmes. Amenée par les navires venus de l'étranger, la maladie épidémique du choléra, qu'on ne savait alors pas soigner, a raison de leur mère, celle-ci ne pouvant que leur faire promettre de devenir forts pour survivre, en leur léguant pour seul héritage le sabre de leur père, samouraï qu'ils n'ont pas connu. Et de la force, les deux enfants en auront sûrement besoin pour s'extirper des horreurs qu'ils croiseront...

"Dans ce monde absurde, les faibles sont condamnés..."

Les tout débuts de Sidooh constituent une véritable claque, en ceci que Tsutomu Takahashi y pose parfaitement, d'emblée, une atmosphère particulièrement sombre et sans concession, qu'il peaufinera ensuite tout au long des pages.

Le mangaka nous fait bien comprendre, dès les premiers instants, toute la complexité et l'horreur de cette époque très troublée que fut le Bakumatsu, entre maladies, haine envers l'étranger voire envers l'autre tout court, conflits mortels entre les deux camps opposés... un contexte n'ayant fait que précipiter encore plus les méfaits de maladies comme le choléra ou de troupes de brigands comme Kiyozo Asakura, une rencontre faite par nos deux jeunes héros qui aura une grande importance par la suite.

En somme, un contexte sans foi ni loi, sans états d'âme non plus, où la mort rôde en permanence, et où Sho et Gen sont laissés seuls bien trop jeunes. Ne pouvant compter que sur eux-mêmes, les deux enfants se confrontent d'emblée à toutes les vicissitudes du monde: la mort de la mère, l'effroi d'un homme tailladé par un sabre et proche de la mort, viol, torture... Allant de mal en pis tout au long des premiers chapitres de la série, les deux gamins voient tour à tour, bafouées, leur innocence, leurs espoirs, ou encore les quelques valeurs encore présentes en eux comme la volonté de Sho de venir en aide à cette femme violée.

Mais trop de compassion dans ce monde-là semble ne pouvoir mener nos héros à rien de bon, surtout s'ils veulent survivre... C'est alors dans ce cadre malsain et violent à souhait que ces deux gosses vont devoir grandir, se forger pour essayer de survivre et devenir plus forts... sans pour autant pouvoir être maîtres de leurs choix, de leur destin, que certaines personnes essaient déjà de leur dicter, mais pas forcément dans la bonne voie.

"C'est ça, de tuer. C'est toujours la même chose, et quand tu l'as fait une fois, tu es obligé de recommencer à l'infini."





La secte des "coeurs purs" - Les héros jouets d'un sort qui leur échappe


Mais ils ont beau vouloir devenir plus forts et apprendre à se battre comme des samouraïs pour pouvoir survivre en ces temps troubles, Shotaro et Gentaro ont contre eux leur jeune âge, leur inexpérience face à la cruauté insondable du monde qui les entoure.

Ainsi, alors qu'ils décident presque naïvement de faire confiance à Kiyozo Asakura qui était censé les confier à un temple d'abord en tant que domestiques, ils ont été en réalité vendus par ce dernier à une bien inquiétante secte: les "coeurs purs", dirigés par un certain Rugi, et visant à "purifier" les "hommes d'en bas", que ce soit en les tuant, en les torturant plus ou moins ou en les enrôlant par une sorte de lavage de cerveau. Mais derrière cette façade, Rugi semble surtout plus intéressé par la "poudre" qu'il fait à partir des cadavres...

Tandis que Gen se retrouve emprisonné avec un groupe de femmes tuant le temps dans certains plaisirs, Sho, lui, semble avoir un sort encore moins enviable. Lui aussi derrière les barreaux, séparé de son petit frère, il ne comprend pas grand chose aux histoires de purification, de monde d'en bas et de "gudan" des gens qui l'entourent... et pourtant, il sera bientôt en première ligne d'un spectacle pour le moins sordide. Dans quelques jours doit avoir lieu la "fêtes des coeurs purs", un événement annuel organisé par Rugi et rassemblant parmi les spectateurs des dignitaires du bakufu. Le but de cet événement ? Permettre à Rugi de récupérer des cadavres pour sa poudre, sous couvert d'épreuves mortelles où les "hommes d'en bas" n'ont en réalité quasiment aucune chance de survivre. Et Sho, lui, a été choisi pour le plat principal: un duel à mort devant l'opposer à Asaji, un garçon de quasiment son âge, complètement obsédé (comme nombre de personnes de la secte) par son désir de plaire à Rugi, et évidemment surentraîné dans l'art du sabre...
  
  


SIDOOH © 2005 by Tsutomu Takahashi / SHUEISHA Inc.

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