L’auteur
Né le 31 juillet 1963 à Nakatsugawa, dans la préfecture de Gifu, Junji Itô est un mangaka connu pour ses histoires horrifiques. Ancien prothésiste dentaire, il change de profession en 1990 pour se consacrer uniquement au manga, soit quelques années après qu’il participe à un prix organisé par le mensuel Halloween autour de Kazuo Umezu, auteur de L’école emportée ou encore Je suis Shingo dont Junji Itô est très fan. En réalité, il publie ses premiers mangas dès 1987, il alterne alors entre les deux métiers. Son point de départ est Tomie, qui deviendra son personnage emblématique et l’accompagnera au long de sa carrière. Durant les années 90, il se spécialise dans les histoires courtes terrifiantes, bien qu’il y mélange quelques autres genres comme la comédie, la science-fiction, la tranche de vie ou encore la critique sociétale. Il devient alors une figure emblématique de l’horreur japonaise, et son œuvre Tomie est souvent adaptée au cinéma. Sa notoriété explose en 1998 lorsqu’il publie Spirale dans les pages du magazine Big Comic Spirits des éditions Shogakukan, un éditeur grand public. Cette série en trois tomes montre à tout le monde l’immense talent de l’auteur en proposant différentes manières de faire peur qu’il avait pu explorer pendant une décennie d’activité dans la bande dessinée. Son incursion dans le monde du manga populaire se poursuit toujours avec des récits plus longs que la simple nouvelle tels que Gyo et Remina, tout en continuant à publier dans des magazines horrifiques. Après cela, Junji Itô explore de nouveaux types de narrations en collaborant avec Takashi Nagasaki, le co-scénariste de Naoki Urasawa, sur Yûkoku no Rasputin, en écrivant une comédie autobiographique sur ses chats ou encore en adaptant La déchéance d’un homme, roman culte d’Osamu Dazai. Il se recentre ensuite sur des récits horrifiques plus conventionnels avec la publication de Sensor, inspiré entre autres par son mentor de toujours Kazuo Umezu et principalement sa saga Orochi.
Si Junji Itô s’est fait connaître hors du Japon par un fidèle public de niche au cours des années 2000, notamment en France par l’intermédiaire des éditions Tonkam, ce n’est que durant la moitié des années 2010 que sa popularité devient phénoménale. De mangaka d’horreur, il devient un artiste dépassant le cadre de la bande dessinée, adulé par les amateurs de cinéma grâce notamment à l’influence de Guillermo Del Toro et de jeux vidéo, porté par Hideo Kojima qui le fait même intervenir dans Death Stranding. De Taïwan aux États-Unis, en passant par des pays plus proches de chez nous comme l’Italie ou l’Espagne, Junji Itô est devenu une star du manga. Il a été invité, primé, exposé, de nouveau publié, a séduit autant le public que les critiques. Pendant ce temps en France, on attendait en vain de nouveaux récits de l’auteur mais Tonkam, son éditeur historique alors allié à Delcourt, n’avait semble-t-il pas perçu le regain d’intérêt pour le maître de l’horreur auprès d’un public dépassant le cercle des amateurs de mangas. Il a fallu attendre 2021 pour que les choses bougent enfin sous l’impulsion des nouvelles éditions Mangetsu qui ont débuté une collection consacrée à Junji Itô avec la publication de Tomie, suivie de celle de Sensor.
Le manga
Débuté dans le numéro de septembre 2018 du magazine Nemuki + des éditions Asahi Shimbun, le manga s’intitule alors Muma no Kikô. Ne correspondant plus à l’idée de départ qui était d’en faire un carnet de voyages, il est rebaptisé Sensor à l’occasion de sa publication en volume relié, le 7 novembre 2019. Le livre contient alors six chapitres et un épilogue.
En France, Sensor est publié par les éditions Mangetsu dès le 1er septembre 2021. Le manga est traduit du japonais par Anaïs Koechlin de Black Studio, équipe qui se charge aussi de l'adaptation graphique. On retrouve plusieurs bonus comme une préface de Hideo Kojima, une postface de Junji Itô et enfin une analyse éclairante de Morolian pour conclure l’ouvrage.
© By Junji Ito 2019 ASAHI SHIMBUN PUBLICATIONS INC.
