Sensor - Actualité manga
Dossier manga - Sensor

Conclusion


Si Kyôko Byakuya semble autant échapper au protagoniste qu’à l’auteur, il ne fait aucun doute que Sensor est bel et un bien un manga signé Junji Itô. L’artiste y fait même un retour aux sources en puisant dans des thèmes qu’il affectionne comme le suicide, le harcèlement, la fascination, l’hypnose, les insectes, les organisations secrètes sans même évoquer à nouveau les cheveux ou encore le cosmos. Ses plus fidèles lecteurs ne seront donc pas dépaysés, car même dans sa manière de concevoir l’horreur l’auteur renoue avec les formules qui ont fait son succès en articulant notamment le récit autour d’une jolie femme. Mais ce sont l’ambiance et la narration, en plus de la finesse de son style de dessin, qui comptent le plus. En faisant d’un journaliste banal son protagoniste, Junji Itô déclare à la fois son amour à l’écriture sous toutes ses formes, lui qui a adapté de nombreux textes en mangas, tout en donnant un aspect humain au personnage principal impliqué dans une affaire qui s’étend jusqu’aux confins de l’univers. Ainsi, le lecteur peut s’identifier dans l’homme et ses faiblesses, tant ses limites face à la situation qu’il tente de démêler sautent aux yeux, et mieux ressentir la peur à travers son regard. Le fait qu’il voyage sans cesse à la recherche de Kyôko Byakuya est aussi important, car visiter un lieu inconnu contribue à la perte de repère. De ce fait, il n’a plus d’endroit qu’il connaît où se réfugier quand il subit l’horreur de plein fouet, sauf dans l’épisode des miroirs routiers où il parvient à rentrer chez lui pour faire sa crise d’angoisse sous ses draps. Mais il s’agit là de la conséquence de la peur qu’il a connu auparavant au sein de ces petites rues se ressemblant toutes, lorsque que les miroirs routiers ont été désorientés, avec comme effet de faire perdre les sens. Un sentiment de vertige qui est d’ailleurs accentué par le fait d’être harcelé par une femme qu’il est incapable de voir dans la réalité mais qui se rapproche progressivement de lui par l’intermédiaire des miroirs. Les sens sont donc très importants dans Sensor, qu’ils servent à percevoir l’univers et les pensées des gens ou au contraire qu’ils soient mis à mal comme dans les miroirs déformés mais aussi par l’hypnose ou la sensation d’écraser un insecte visqueux. Ne plus arriver à les contrôler signifie alors tomber dans un état de terreur.

Après quelques récits différents mais néanmoins excellents comme en témoigne La déchéance d’un homme, Junji Itô revient donc au manga d’horreur comme il sait le mieux en faire. En se laissant guider par Kyôko Byakuya jusqu’à changer le titre de son œuvre devenu désuet au moment de la parution, il renoue avec sa marque de fabrique en plaçant l’humain au cœur de l’horreur. Qu’importe les éléments surnaturels issus de l’imagination de Junji Itô, ce sont toujours les hommes et les femmes, à travers l’obscurité de leur cœur, qui provoquent les effroyables tragédies. Qu’il soit conscient ou non, ce retour aux racines du mal intervenant en même temps que le regain de popularité de l’artiste à travers le monde semble bénéfique et laisse entrevoir encore quelques superbes mangas effrayants à l’avenir, Zone Fantôme en tête de liste.





Remerciements


Merci à Sullivan Rouaud et ses équipes pour avoir relancé Junji Itô en France et publié notamment Sensor, à Morolian pour ses analyses et son activité plus générale autour de l’auteur, ainsi qu’aux éditions Tonkam qui ont permis de faire découvrir les mangas de l’artiste en France et de me faire rencontrer Junji Itô pour de précieux échanges.
  
  
Fiche de l'oeuvre
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Fiche de l'auteur
  
  

Dossier réalisé par jojo81


© By Junji Ito 2019 ASAHI SHIMBUN PUBLICATIONS INC.

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