Sensor - Actualité manga
Dossier manga - Sensor

Un concept tiré par les cheveux


Kyôko Byakuya est une jeune femme à priori normale qui se rend au mont Sengoku. Elle emprunte un sentier et le suit le long de la montagne alors qu’elle ne sait même pas pourquoi elle est là. Se sentant attirée par quelque chose, elle continue à avancer jusqu’à ce qu’elle rencontre Aizawa, un étrange homme qui prétend attendre sa venue. Un présage qui viendrait du grand Amagami en personne. Il guide la promeneuse dans un village caché au cœur du mont Sengoku nommé Kiyokami, et cette dernière découvre que tout est recouvert de cheveux dorés, des animaux aux habitations. Les locaux lui expliquent que ce phénomène date d’une époque où Miguele, un missionnaire chrétien, a été protégé par les villageois avant d’être exécuté par les hommes du shôgun. Depuis, le volcan recrache sur le village des filaments qui seraient les cheveux de Miguele. Ceux-ci permettraient à celles et ceux qui en sont coiffés de ressentir l’univers, lire dans les pensées et s’approcher de la vérité. À la nuit tombée, les habitants la convient à leur rituel mystique consistant à fixer le ciel pendant que le volcan recrache des cheveux d’or. Ce phénomène décuplant leurs sens propulse leur esprit aux confins de l’univers, au sein duquel ils recherchent le martyr Miguele. Malheureusement pour eux, ils tombent sur une gigantesque figure maléfique aux cheveux noirs de jais. Coiffée de sublimes cheveux dorés, Kyôko Byakuya se réveille au sein d’un cocon alors que le village de Kiyokami aurait disparu depuis 60 ans. Bien des énigmes entourent la jeune femme qui ne semble plus être la même.





Ainsi débute Sensor, avec un premier chapitre qui fait office d’introduction, voire même de prologue puisque la suite du récit est narrée selon le point de vue d’un autre protagoniste que Kyôko Byakuya. On suit en effet Wataru Tsuchiyado, un journaliste parmi tant d’autres qui décide d’enquêter sur un phénomène surnaturel s’étant produit au Mont Sengoku après avoir vu une photo sur Twitter. Sur place, il découvre à sa grande surprise Kyôko Byakuya, la rescapée de l’éruption volcanique qui avait eu son quart d’heure de gloire dans la presse avant de s’évaporer dans la nature. Le journaliste part à sa poursuite avant de rapidement se rendre compte que la jeune femme semble poursuivie par une bien mystérieuse organisation.

Avec Sensor, Junji Itô nous livre un manga horrifique dont il a secret. Un peu à la façon de Spirale et ses autres récits longs d’une manière générale, l’auteur base son œuvre sur un concept et tourne autour au fil des chapitres. Il s’agit ici des cheveux et de leur rapport avec le cosmos. Même s’il existe un fil rouge et des personnages récurrents, l’histoire progresse selon un rythme épisodique dans lequel chaque chapitre est une nouvelle occasion de créer de l’effroi autour de son idée originelle. Comme si elle était une obsession dont il ne peut se défaire, Junji Itô explore son idée dans les moindres recoins, il va au bout de son concept en multipliant les pistes, quitte à le pousser jusqu’à l’absurde. Le résultat de cette préoccupation que l’on pourrait presque qualifier de monomaniaque est que l’auteur arrive à proposer des épisodes très différents les uns des autres avec toujours la même thématique et une continuité narrative. Qu’il parle de secte occulte, d’hypnose, d’insectes étranges ou de miroirs routiers, l’artiste continue de naviguer autour de son concept de cheveux dorés permettant de percevoir la vérité et d’atteindre les confins de l’univers. Centré sur un thème ne faisant à première vue pas peur, Sensor parvient à créer l’effroi, le dégoût ou même l’angoisse en explorant les thématiques qui y sont greffées et en se basant sur le savoir-faire de Junji Itô.
  
  

© By Junji Ito 2019 ASAHI SHIMBUN PUBLICATIONS INC.

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation