Second Summer - Never see you again - Actualité manga
Dossier manga - Second Summer - Never see you again

Quand la maladie fait revivre


A cette question, une réponse assez simple: Second Summer - Never see you again est une oeuvre qui a pour elle un récit bien campé, tout simplement, chose que l'on doit essentiellement à ses personnages.

En effet, l'un des enjeux essentiels du récit est assurément l'évolution que vont connaître des adolescents qui, au départ, ne sont pas forcément bien dans leur peau.


  


Prenez notre héros, Satoshi. Au départ, il est d'un naturel plutôt solitaire, réservé, plongé dans ses pensées et communiquant assez peu. Il est très intériorisé, en somme, et ça ne s'arrange pas vraiment au départ puisque, avant l'irruption de Rin, les groupes de musique sont interdits dans le lycée alors que jouer de la guitare semble la seule chose qui suscite son intérêt.

Himeko, la batteuse du groupe, est une jeune fille souffrant d'autres types de tourments: totalement introvertie, n'ayant aucune confiance en elle pour certaines raisons, elle a même peur du monde qui l'entoure au point d'avoir été déscolarisée, et panique voire tremble rien qu'à l'idée de devoir parler avec d'autres personnes ou de devoir mettre un pied dehors. Et elle n'est aidée en rien par le fait que sa longue chevelure noire effraie les gens qui la surnomment parfois Sadako, en référence à l'effrayant fantôme des films The Ring.

Quant à Rokurô, le bassiste et parolier du groupe, il semble être presque le contraire de Himeko: sans doute trop imbu de lui-même, il tend à se replier un peu sur lui-même justement à cause de ça, alors qu'il a pourtant en lui un profond goût pour la musique ainsi qu'une âme de poète. Peut-être est-ce un peu à cause de ça, mais aussi à cause de son esprit et de son comportement parfois tordus, qu'il est quelque peu marginalisé.

En somme, on a en quelque sorte ce que l'on pourrait appelé des "freaks", dans la mesure où aucun de ces trois jeunes ne parvient à bien s'adapter, voire et marginalisé. On a des petits portraits d'une jeunesse qui peine à trouver sa place. Des portraits d'adolescents qui ne parviennent pas à avancer et à être vraiment positif dans la vie... jusqu'à l'irruption d'un rayon de soleil éphémère: Rin.

Pourtant, Rin aurait pu être la plus à plaindre, car c'est carrément la maladie et la mort qui planent en permanence sur sa jeunesse, chose dont elle a parfaitement conscience. Mais pour répondre au sort qui l'attend inévitablement et pour lui résister, elle a adopté un comportement radicalement différent: loin de se morfondre, loin d'être inerte, elle montre en permanence de l'optimisme, une profonde énergie, une réelle joie de vivre, une façon bien à elle de croquer la vie à pleines dents tant qu'elle le peut encore. Elle se montre très sociable, extravertie, toujours enjouée quitte à passer parfois pour une écervelée, et ne lâche rien en montrant quasiment toujours sa bonne humeur.





Là non plus, les auteurs ne montrent pas forcément quoi que ce soit de très original, car dans le fond Rin montre un caractère jovial similaire à celui de Sakura dans Je veux manger ton pancréas, ou de Kaori dans Your lie in april. D'ailleurs, on pourrait étendre la comparaison à Your lie in april au fait que la musique a une place très importante dans les deux oeuvres en étant le témoin privilégie de l'évolution des personnages. Mais si ça fonctionne, c'est bien parce qu'on ressent à quel point Rin est forte dans son optimisme et sa joie de vivre, et à quel point sa personnalité lumineuse face à la mort va marquer son entourage et les faire évoluer, autour du groupe de musique dont elle rêvait tant.

C'est bien grâce à elle que chacun de ses trois amis apprendra à surpasser ses tourments personnels pour avancer dans la vie, et elle restera alors forcément comme une étoile dans leur vie, même s'il s'agit d'une étoile filante d'été.


Le cas d'Eiko Kanno


Dans tout ceci, il y a un personnage que, délibérément, je n'ai pas évoqué auparavant, dans la mesure où il s'agit d'un cas un peu à part par rapport aux membres du groupe de musique.

Amie d'enfance de Satoshi, Eiko est un peu le contraire de Rin: hyper stricte et sévère dans son rôle de déléguée des élèves, très sérieuse et bonne élève, elle colle autant qu'elle le peut et avec intransigeance aux règles du lycée, allant même jusqu'à s'opposer fermement à la création du groupe de musique même si cela signifie briser le rêve de nos héros. Son leadership lui vaut d'être très populaire auprès des autres et d'être toujours très entourée, ce qui là aussi en fait un peu le contraire de Satoshi, Himeko ou Rokurô.

Psycho-rigide, la miss ? En réalité, il en est tout autre. Satoshi, qui la connaît depuis toujours, dit lui-même qu'elle n'a pas toujours été ainsi. Et bien évidemment, on finira par découvrir son vrai fond, voire, peut-être, ses tourments personnels et ses vrais sentiments

Dans les faits, de par sa position d'amie d'enfance du héros et la nature réelle de ses sentiments, Eiko se pose un petit peu comme l'équivalente d'une Tsubaki de Your lie in april, en étant malgré tout un pilier pour le héros, quand bien même sa personnalité et son comportement sont souvent bien différents de la pétillante et immédiatement attachante Tsubaki.


  


Chose intéressante: dans sa postface, la mangaka Motomi Minamoto avoue que son traitement du personnage d'Eiko est différent du roman, dans la mesure où elle a accordé une plus grande place à ses sentiments, chose qui apparemment n'est jamais dite clairement dans le roman. Bien sûr, ces différences ont été faites en accord avec le romancier d'origine et l'éditeur, et d'après Minamoto c'est même son responsable éditorial qui l'a poussée à se démarquer un peu du roman d'origine sur ce point. On se dit qu'il serait alors intéressant de comparer ave cle roman, s'il venait à sortir en langue française un jour...
  
  


© 2017 Motomi MINAMOTO, Hirotaka AKAGI, booota / SHOGAKUKAN

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