Nadia, le secret de l'eau bleue - Actualité manga
Dossier manga - Nadia, le secret de l'eau bleue

L'essor d'un nouveau monde

    

Voyages Extraordinaires

    
Nadia, le secret de l'eau bleue est donc une adaptation très libre de Vingt mille lieues sous les mers, célèbre roman de Jules Verne publié entre 1869 et 1870. Ce récit classique d'aventures nous présente la traque d'un mystérieux monstre marin par une équipe de militaires et de scientifiques, réunis sur un navire. Trois membres de son équipage finiront par découvrir que la créature est en réalité un véhicule sous-marin, le Nautilus, guidé par le capitaine Nemo, qui les capturera après qu'ils aient été projetés hors de leur bateau. Après un tour du monde dans les profondeurs marines, les trois héros découvriront que Nemo se sert du Nautilus comme d'une machine de guerre, pour lutter contre une « nation maudite ». 
   
Le propos du récit originel a été quelque peu édulcoré et les héros rajeunis dans le cadre de l'adaptation qui nous intéresse aujourd'hui. Toutefois, on retrouve plusieurs séquences-clefs figurant dans le roman : la traque du « faux » monstre marin, la récupération de Nadia et Jean à bord du Nautilus, les intentions de Nemo et les nombreux voyages de par le monde, jusque sous le Pôle Sud. De plus, le voyage original du Nautilus passe par les ruines de l'Atlantide, mais la série puise davantage dans ce mythe pour en faire le fond de son intrigue principale. 
   
On note d'autres emprunts aux œuvres de Jules Verne dans la série : le segment de « robinsonnade » de Nadia, Jean, King et Marie est une référence directe à L'île mystérieuse (qui constitue une suite à Vingt mille lieues sous les mers) : dans les deux cas, l'île est baptisée Lincoln, l'action se déplace sur une île voisine avec d'autres survivants, dont Ayrton, qui apparait dans les deux versions. En outre, le prologue de la série, où l'on découvre une inscription en swahili récitée par une voix d'homme défiant les spectateurs de partir à l'aventure, est une référence à Voyage au centre de la Terre
      
   
   
      
A première vue, Nadia s'inscrit dans le registre du steampunk. Le rapport au progrès et à la science y est prédominant, et la série s'ouvre d'ailleurs sur l'Exposition Universelle de 1889. Toutefois, la série ne propose pas un monde uchronique où la vapeur aurait remplacé le pétrole, mais propose plutôt des éléments futuristes s'ancrant dans une époque réaliste. On abordera ainsi des notions avant-gardistes, voire anachroniques, comme les réacteurs nucléaires ou les ordinateurs, appréhendés par l’œil curieux de Jean. Le tout est rendu possible par les vestiges de la civilisation atlante, ayant développé sa technologie à un niveau impensable pour les hommes du 19ème siècle. La série s'éloigne ainsi rapidement du steampunk pour prendre des allures de space-opera, voire de retro-future, surtout lors de la bataille finale des derniers épisodes. 
    
Jean et Nadia croiseront au fil de leurs aventures de nombreuses figures mythologiques et historiques, comme le Kraken, l'arbre d'Yggdrasil ou la cité de Tartessos. Les références religieuses sont nombreuses et, bien avant Neon Genesis Evangelion, Hideaki Anno avait déjà envie de proposer une alternative aux origines de l'Homme. Il revisite ainsi certains éléments de la Bible, comme la Tour de Babel, l'arche de Noé, Adam,... pour les lier à son intrigue. 
       
   

Science-fantasy

   
Des évocations Verniennes aux prodiges de la technologie atlante, la Science est au cœur de la série et constitue même son sujet principal. Les quelques éléments qui nous paraissent magiques ou surnaturels au début (la pierre bleue, le « monstre marin ») trouveront rapidement une explication scientifique dans l'univers posé par cette histoire. Cette époque de fin 19ème-début 20ème est d'ailleurs une ère de progrès faramineux, portée par les révolutions industrielles et par les nouveaux progrès en matière de transport et d'aéronautique. Jean préfigure ces pionniers qui viendront secouer les générations futures, grâce à son imagination débordante en son ingéniosité. 
   
Cependant, cette époque annonce également les grands conflits mondiaux à venir, un thème davantage exploité dans le film, mais déjà implicite dans la série. La course au progrès est aussi une course à l'armement, représentée du côté des Hommes par le US Abraham, un navire américain suréquipé, où Nadia et Jean se rendront au début de l'aventure. Mais les vestiges de la technologie atlante, qu'il s'agisse du Nautilus du capitaine Nemo ou des armes utilisées par Néo-Atlantis, sont avant tout des machines destinées à la guerre. L'avance scientifique des néo-atlantes sert surtout la cause de Gargoyle : imposer sa domination sur le monde, impuissant devant des armes pouvant détruire une ville en un instant. La disparition de sa civilisation semble avoir été provoquée par ces mêmes armes, mais le despote préfère se risquer à répéter les mêmes erreurs. Quant à Nemo, ses intentions n'en sont pas moins belliqueuses, en témoigne son intransigeance lorsque de lourds sacrifices seront en jeu. 
      
    
    
     
La Science est donc à la fois synonyme de rêve et de cauchemar : un rêve d'avenir et de progrès, un cauchemar de violence et de destruction. Si Jean porte un regard positif, voire naïf, sur les avancées technologiques, Nadia, farouchement attachée à la Nature, exprime quant à elle la crainte, le rejet de ces forces inconnues. Pacifiste dans l'âme, elle ne peut accepter que l'on s'en prenne à un être vivant, quand bien même la fin justifie les moyens, ou en cas de légitime défense. Au fil de leurs aventures, Nadia et Jean auront ainsi souvent l'occasion de se disputer sur le sujet, chacun acceptant quelques compromissions pour avancer vers la théorie de l'autre. Au final, la Science n'est ni bonne ni mauvaise : elle ne dépend que de ce que les hommes en font. 
  
   

© by NHK / Gainax

Commentaires

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winipouh

De winipouh [2147 Pts], le 30 Août 2014 à 11h50

tres bon dossier comme d'habitude

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