My Girl

Être père

 
On devine rapidement que l'évolution de Masamune dans son nouveau rôle de père sera l'un des principaux ressorts de l'histoire, ce qui ne tarde pas à se confirmer. Jeune adulte célibataire, notre héros va devoir changer son mode de vie peu palpitant (lever - travail - retour à la maison - télé - dodo), pour réorganiser toute son existence autour de Koharu, dont il apprend tout juste l'existence.

Masamune fait du mieux qu'il peut, mais rien n'est facile, le doute est permanent sur la façon de gérer telle situation, tel problème, et c'est au fil du temps qu'il apprendra et évoluera dans son rôle de père, d'autant que sa petite fille, loin d'être un handicap, fait tout pour l'aider, mais nous y reviendrons.

A travers les scènes quotidiennes que peut vivre un jeune papa, Masamune prend donc petit à petit conscience de son rôle de père, et en même temps, c'est également sa condition elle-même qui change. Dans une société au sein de laquelle il se contentait de vivre sans y chercher autre chose, le jeune homme, grâce à sa nouvelle vie de famille, et au fil des rencontres qu'il fera (les parents de la défunte, les employés de la garderie, d'autres parents d'élèves, d'autres enfants...) et qui enrichiront considérablement le background de l'oeuvre, va s'ouvrir un peu plus aux autres, s'épanouir, retrouver plus de goût en une vie qui était jusqu'à présent à moitié éteinte.

Plus tard, quand Koharu émettra le souhait d'entrer dans le même collège que sa défunte mère, il travaillera de plus belle, d'arrache-pied, pour soutenir du mieux qu'il peut le rêve de sa fille. Mais le doute habite de plus en plus le jeune homme.

Se donner à fond, redoubler d'efforts, même maladroitement, quitte à commettre de nombreuses erreurs, pour apprendre à bien élever son enfant et lui offrir une vie décente. Tel est le rôle d'un père, et Masamune l'a bien compris. Rendu attachant de par sa volonté et son imperfection totalement humaine, le jeune homme a de quoi retenir l'admiration tant il fait face à toutes les épreuves sans chercher à en ressortir grandi, mais tout simplement en cherchant à mieux endosser son rôle de père. Il reste imparfait dans ce rôle, mais fait tout pour l'assumer du mieux qu'il peut, et c'est bien ce qui le rend si humain et touchant. Mais plus d'une fois, le doute l'envahit. Pourquoi fait-il tout ça ? N'a-t-il pas en partie gâché sa vie jusqu'à présent, en vivant dans le souvenir d'une femme qui l'a quitté cinq années auparavant ?
 
 
  
  
 

His girl

  
Fort heureusement, Koharu est là pour soutenir son père autant qu'il la soutient, et il suffit finalement à Masamune de voir cette gamine haute comme trois pommes pour comprendre qu'il n'a en rien perdu du temps dans sa vie, et que ses trésors sont là, tout près de lui.

Pour comprendre cela, il suffit d'observer attentivement Koharu et son comportement. On découvre alors un véritable petit bout de chou qui a tout de la gamine attachante: gentille, compréhensive et capable d'apprendre de ses erreurs, sociable, et parfois dotée d'une petite dose de caprices qu'elle refoule tant bien que mal, encore plus quand elle sait qu'ils sont irréalisables dans l'immédiat.

Ce courage, il se voit par exemple une fois que la première année de cette nouvelle vie est écoulée. L'enfant est à présent à l'école, et Masamune redouble d'efforts au travail pour offrir un avenir convenable à ce petit bout de chou. Au fil des chapitres, des difficultés s'enchaînent (moqueries des camarades de classe de Koharu, projets de Masamune rejetés...), mais en se soutenant mutuellement, les deux êtres continuent d'avancer. Plus loin, Koharu affiche une certaine maturité de par la volonté d'aller de l'avant, même si le souvenir de sa mère est toujours bien ancré en elle : le temps continue de passer, la fillette passe en CE1 et fait tout son possible pour avoir un niveau digne du collège de sa mère.

Cette petite fille, loin d'être un handicap pour Masamune, fait tout pour l'aider ou lui faciliter la tâche, se montre toujours compréhensive, ne demande pas grand chose, si ce n'est de l'attention. On a affaire à une enfant mature et intelligente, qui reste toujours aussi mignonne et attachante, surtout au détour de certaines pages où son regard innocent est mis en exergue. Mais Koharu reste avant tout une enfant, innocente, fragile, qui a avant tout besoin d'une présence maternelle qu'elle n'a plus... Sa volonté d'entrer dans le même collège que sa mère est un parfait exemple de cet état de fait : affichant une maturité admirable dans sa volonté d'aller dans le même collège que sa mère, Koharu laisse également apparaître à travers cette volonté un rattachement toujours aussi important à la figure maternelle...