La quête de Yachiho, un objectif bien mené ?
Au-delà de ses différentes confrontations avec les esprits, n'oublions pas que Yachiho a une tâche à accomplir: retrouver ce fameux écrit qui pourrait l'aider à en apprendre plus sur la disparition de sa mère.
La mangaka n'oublie jamais d'évoquer ce fil rouge, elle en profite aussi pour apporter un peu plus de background sur l'histoire de la demeure et de son précédent habitant, et elle finit même assez rapidement par installer des problèmes plus concrets à travers un mystérieux personnage, Kamô, qui a une vision des esprits bien différente de notre héroïne, et qui a lui aussi un but qui risque fort d'être incompatible avec celui de la lycéenne.
A partir de là, Ushio Shirotori va s'appliquer, au moins sur les deux premiers volumes, à distiller ce qu'il faut de nouveaux éléments, de petites avancées. Ainsi, l'irruption du père de notre héroïne permettra d'apporter quelques petits éléments supplémentaires. Puis, tandis que Kamo finit par s'installer dans les environs en tant que nouveau professeur de notre héroïne et qu'il lui fait part un petit peu plus de l'étrange organisation dont il fait partie, la relation conflictuelle que cet homme entretient avec Moro reste également intéressante, chacun soupçonnant l'autre de préparer quelque chose... Dans ces conditions, vers qui Yachiyo doit-elle se tourner ?
Les recherches concernant la mère de la jeune fille mais aussi de Tachibana se poursuivent, elles, de façon bel et bien assez régulière, telles un lent fil conducteur... mais pour quel résultat une fois la dernière page de la série tournée ?
Le drame d'une fin précipitée
Il faut bien l'avouer: après deux premiers volumes séduisants parus chez nous en 2019, on ne s'attendait certainement pas à ce que Mes Voisins les Esprits s'achève seulement quelques mois plus tard au Japon avec son troisième volume, tant rien, dans le tome 2, nous laissait présager cela. L'oeuvre a-t-elle été annulée faute de succès ? La mangaka a-t-elle elle-même décidé de l'abréger pour se lancer dans son projet d'adaptation de ligh novel ? On ne le saura probablement jamais. Mais ce qui est sûr, c'est que la première partie du tome 3 ne laisse toujours pas deviner une fin imminente.
Dans ce dernier volume, on continue d'abord de suivre Yachiho alors qu'approche le festival du "yomi-okuri", un festival consistant au renvoi dans le monde des morts. Tout en continuant de chercher les fameuses "notes sur le royaume des morts" qui pourraient peut-être l'aider à retrouver la trace de sa mère disparue, l'adolescente s'applique à apporter son aide à Moro et plus généralement à son entourage, au gré de nouveaux événements étranges qui impliquent toujours des esprits.
Ainsi, on a beau arriver, avec ce troisième volume, à la fin de la série, Mes voisins les esprits conserve dans un premier temps son schéma assez spécifique, autour de nouveaux problèmes. Dans l'un, la jeune fille doit résoudre le mystère de souvenirs qui disparaissent de la tête de ses amies. Dans l'autre, elle doit épauler Moro dans la recherche d'un nouveau lieu pour Kado no Mori, un esprit à part qui occupe une place assez importante dans l'oeuvre. Et dans les deux cas, c'est très intéressant. On a toujours des créatures au design et aux idées très réussis, comme le tsuzurigumo qui se sert des pensées immédiates des humains pour tisser sa toile, ce qui permettra à Yachiho d'en apprendre un petit peu plus sur l'état d'esprit de l'une de ses proches. Puis on entrevoit encore mieux le rôle important qu'avait Kado no Mori, le fait que de plus en plus d'esprits étranges apparaissent depuis qu'il a été renvoyé dans le monde éternel, et tout compte fait le besoin de faire venir un nouveau Kado no Mori pour la bonne cohésion entre les deux mondes.
Puis la question du lien entre le monde des vivants et le monde éternel, ces deux mondes en rapport étroit mais ne devant pas trop se frotter l'un à l'autre, reste au coeur du récit, et sans doute plus encore dans la dernière ligne droite de l'oeuvre, dès lors que la quête "fil rouge" de Yachiho s'accélère enfin. De ce côté-là, Shirotori Ushio s'applique suffisamment pour nous apporter certains réponses nécessaires et pour souligner l'importance de certains liens: le passé de Moro avec Tachibana, les rêves entretenus par l'auteur des notes, la relation de Yachiho et Moro, ce qui arrive quand on enfreint les lois entre les deux mondes... Y a-t-il une possibilité, en connaissant mieux leurs différences, de relier un jour les deux mondes et les faire coexister ? Yachiho peut-elle changer les choses ? Les idées sont là, sont jolies, et on sent que la mangaka a à coeur de bien les mener... mais malheureusement, cela ne suffit pas à satisfaire totalement: on sent bien que le tout est quelque peu précipité... Et, surtout, il est difficile de ne pas ressentir une pointe de frustration concernant certaines pistes qui restent très, très ouvertes, en tête desquelles la recherche par Yachiho de sa mère, pourtant un point qui était au premier plan de l'oeuvre.
Alors, d'un côté, il y a clairement des manques trop évidents pour que la fin soit totalement satisfaisante. Et de l'autre côté, le charme de la série ainsi que l'application d'Ushio Shirotori fonctionnent jusqu'au bout.
© 2018 Ushio Shirotori / MAG Garden
De CTI, le 15 Octobre 2021 à 23h29
Personnellement, si j'ai plutôt apprécié le fond des récits et la qualité individuelle de chaque dessin, j'ai trouvé que les planches étaient bien trop brouillonnes, nuisant grandement à la fluidité de la narration. Plus d'une fois, il m'a fallu faire une pause pour décortiquer tout ça et finalement le titre m'a plutôt déçu, la lecture étant de plus en plus laborieuse au fil des chapitres.