Me and the Devil Blues - Actualité manga
Dossier manga - Me and the Devil Blues
Lecteurs
19.50/20

Traveling riverside Blues

 
L'un des derniers points forts de la série est indiscutablement sa patte graphique impressionnante. Au départ, c'est la qualité des décors qui frappe. Ces grands champs qui s'étendent à perte de vue sous un soleil harassant, ces longues fourches qui transpercent la nuit et au milieu desquelles se perdent un juke joint, un cimetière, une église, ou encore notre âme égarée hors de son temps. C'est à la fois surréaliste et tellement palpable que c'en est saisissant, fascinant, diabolique.

Par la suite, c'est le rendu de l'ambiance de ces juke joints qui vient nous frapper de plein fouet. Tout y est tellement vrai, tellement précis et tellement réel. Le summum est atteint lorsqu'un bluesman attrape sa guitare, écrase sa cigarette et se met à jouer. C'est à la limite du caricatural dans l'attitude adoptée, mais dieu que c'est bon ! Nul besoin de connaitre le blues pour entendre l'air entonné, il se ressent. Instantanément. Mais l'auteur sait également faire de même lorsqu'il s'agit de mettre en scène de l'action, de la vrai. La course poursuite entre Clyde, RJ, et les chiens de MacDonald dans le quatrième volume est une véritable référence du genre. On sent pratiquement le souffle des bêtes sur notre peau, on entend pour ainsi dire leurs grognements au coin de notre oreille. D'un point de vue immersion, il était probablement impossible de faire mieux. D'autant plus que le travail effectué sur les visages, notamment, est lui aussi excellent. C'est particulièrement vrai pour Clyde, qui se retrouve parfois méconnaissable lorsque le sang lui monte à la tête. Effrayant, mais jouissif !

En outre, Akira Hiramoto a plus d'une corde à son arc et ne se contente pas de reproduire le même style de dessin d'un bout à l'autre de l'aventure qu'il nous conte. Si certains auteurs alternent souvent avec deux types de traits différents suivant les situations, ici, on en retrouve beaucoup plus. Tant et si bien qu'il est parfois difficile de croire que tout ça est l'oeuvre d'une seule et même personne. Tantôt le trait est fin et excessivement précis, tantôt il est gras et esquissé. Tantôt l'ensemble se veut épuré, tantôt il se veut d'une noirceur malsaine. Hiramoto n'hésite pas à user de pages entières voire de doubles pages pour rendre au mieux ce qu'il se passe à l'écran, pardon, sur le papier, ou encore à varier ses méthodes d'ombrages. Pour ses pages colorisées, il choisi d'utiliser la monochromie et ce, avec 5 tons différents: rouge, bleu, jaune, vert et violet. Cela donne un rendu qui se marie particulièrement bien à l'œuvre.

Au final, Akira Hiramoto nous offre un voyage en plein Mississippi impressionnant en terme de réalisme et passionnant en terme d'intensité. Du tout grand art, art que peu, vraiment peu de dessinateurs maitrisent à ce point. Alors oui, on pourra reprocher ça et là l'une ou l'autre petite maladresse au niveau des proportions mais, en toute honnêteté, elles sont balayées d'un revers de manche aussi vite qu'elles sont apparues. Tant le talent de l'auteur transpire à travers chaque page, tant chacune de ces même pages est une nouvelle occasion de frissonner de plaisir.

On notera également que l'édition de Kana rend parfaitement hommage au reste de l'œuvre. Outre des pages couleurs présentes dans le premier tome, une postface par volume et une traduction qui tient tout à fait la route, on constate que, initiative inhabituelle et, que l'on apprécie ou pas, à saluer, les bords de chaque pages sont teints dans le même ton que celui de la couverture afin d'être fidèle à l'œuvre originale.
    
    
   
   
   

Hellhound on my trail


Me and the devil Blues, c'est avant tout une série complètement inattendue. Inattendue et réussie sur tous les points, si ce n'est évidemment sa fin, inexistante. Certains conseillent de lire la série tout en écoutant les chansons de Robert Johnson. Je ne suis pas tout à fait d'accord. Selon moi, mieux vaut d'abord découvrir ce qu'a produit l'artiste et ensuite se plonger entièrement dans la lecture, afin de pouvoir profiter pleinement des deux. De toute manière, le travail d'Hiramoto permet de s'immerger suffisamment dans son récit pour que les sons nous parviennent à travers le dessin. Et ce, que l'on soit amateur de blues ou néophyte du genre.

Voila en tout cas une série qu'il serait dommage de manquer, tant elle s'éloigne des productions habituelles tout en étant d'une très grande qualité globale. Encore une fois, notre seul regret est de ne pas avoir droit à une suite. D'un autre côté, pouvait-elle vraiment connaitre une conclusion classique ? Voila de quoi entretenir encore un peu plus le mythe, après tout...
 
 
Mise en ligne le 22/10/2010. 
Mise à jour le 20/09/2012.
     
    
  
Fiche de la série: Me and the Devil Blues
Fiche de la série VO: Ore to Akuma no Blues vo
Fiche de l'auteur: Akira Hiramoto

Dossier réalisé par Shaedhen


ORE TO AKUMA NO BLUES © 2005 Akira Hiramoto / KODANSHA Ltd.

Commentaires

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jojo81

De jojo81 [7208 Pts], le 28 Octobre 2010 à 19h02

20/20

Super dossier sur l'un des tout meilleurs manga parus en France. Je VEUX la suite !!! c'est trop dur...

Koiwai

De Koiwai [12690 Pts], le 23 Octobre 2010 à 13h20

Je garde un excellent souvenir de ce manga, unique en son genre !  Mais quel dommage qu'elle soit à l'abandon au Japon !

Je n'ai pas encore lu le dossier en entier, mais ça ne saurait tarder ^_^

le gritche

De le gritche, le 22 Octobre 2010 à 15h59

19/20

Il y a donc un 4ème tome, je sne savais pas...et j'ignorais d'autant plus que c'était le dernier ! Rien ajouter au dossier, que je n'ai pas lu, étant déjà un admirateur convaincu de ce manga.

Kakunoshin

De Kakunoshin [551 Pts], le 22 Octobre 2010 à 11h48

19/20

Comment résumé ce manga ? Une claque ! c'est tout.Je connaissais déjà un peu la légende R.L.Johnson avant et je me souviens avoir commencé la lecture un peu à reculons me demandant comment un Japonais pourrait retranscrire l'ambiance de l'Amérique de ces années la... Le résultat ? Une ambiance qui prend aux tripes ! Des bars crasseux aux grandes routes la nuit.La légende pouvait se suffire à elle même tant le vaudou et le mysticisme se mélange à cet univers.L'auteur évidemment va s'en servir et ajouter à cela d'autres pistes avec la rencontre de Bonnie Parker et Clyde Barrows.Le tout servit par un graphisme de malade ! Photo réaliste dans les décors, des visages criants de vérité parfait pour nous faire ressentir l'oeuvre et les affres de la vie du Bluesman.Hélas, mille fois hélas les bonnes choses ont une fin mais la c'est beaucoup trop tôt ! Pourquoi la série à fut-elle interrompue si précipitamment ? Manque de succès ? Problème de droits ? Un nouveau mystère qui mériterait d'être éclaircit tant cette oeuvre mérite un suite !

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