Letter Bee - Actualité manga
Dossier manga - Letter Bee
Lecteurs
18.50/20

De la fable à l'épopée

  

Les petites histoires....

    
Cet aspect émotionnel, plus mesuré dans I'll car dépendant d'un contexte plus réaliste, est ici poussé parfois à l'extrême. D'aucuns pourront critiquer le penchant « lagrimal » de notre héros, ne pouvant traiter une situation sans se répandre en sanglots. Et avec les nombreuses situations houleuses il sera confronté, autant dire qu'il lui faudra un sacré paquet de mouchoirs ! Mais derrière ces hectolitres de pleurs, Hiroyuki Asada nous présente toute la sincérité de son héros, et de son esprit encore enfantin. Lag n'hésite pas à clamer son incompréhension, sa colère, ses chagrins. Cette émotivité à fleur de peau est en harmonie avec son pouvoir psychométrique : Lag pleure pour les autres, pour ceux qui intériorisent leurs peines et qui s'enferment dans une situation qui ne leur convient guère. Il est le miroir de leurs doutes, de leurs désirs, fait éclater la vérité au grand jour, et permet ainsi aux gens d'avancer, qu'il s'agisse des expéditeurs de ces précieuses pensées ou de leurs destinataires. 
     
   
   
     
En outre, l'on pourrait penser que les petites missives qui ponctuent l'aventure, assez peu nombreuses au final, servent peu à l'intrigue générale de l’œuvre. Mais avec le recul, ces petites missions s'avèrent essentielles pour comprendre les motivations de Lag, et son engouement pour ce métier parfois ingrat mais nécessaire, au-delà du seul désir de suivre les traces de son modèle. Lag sera confronté à bien des situations, aux diversités singulières. Il y est souvent question de mensonges, mais sans méchanceté aucune. On pensera notamment à ce fils qui envoie des lettres à sa mère où il décrit un quotidien fictif pour ne pas l'inquiéter, au lieu de l'alerter sur sa situation précaire. Ou encore cette employée de maison qui déclare son amitié à sa patronne par des moyens détournés.  Tandis que le ciel est désespérément sombre et que l'Amberground frémit, la chaleur se réfugie dans le « cœur » de ses habitants. Si les abeilles transportent le pollen de fleur en fleur, les bees d'Asada apportent cette source de vie si précieuse d'habitants en habitants.
     
En marge de ces rencontres fugaces, Lag tisse également des liens solides avec ceux qui l'entourent. Cela débute évidemment avec Gauche, et même si leur voyage commun est relativement court, cette rencontre inoubliable constitue encore le moteur de la série. Puis il y a Niche, que Lag a parfois encore du mal à comprendre, mais qui voue une fidélité sans bornes envers celui qu'elle doit protéger. Cela passe par quelques détails assez cocasses mais très symboliques, comme la culotte offerte par Lag ou le point d'orgue qu'elle met à clamer son rôle de dingo. On pourrait d'ailleurs ressentir une certaine rivalité avec Sylvette, du même âge que Lag et se rattachant à lui par leur manque commun de la présence de Gauche. Sans oublier, bien sur, tous les autres membres de la ruche postale, chacun possédant ses talons d'Achille et jardins secrets. L'auteur n'oubliera personne dans la description des tourments intérieurs, même s'il faudra parfois passer par quelques errements scénaristiques pour les mettre en scène. On en arrive même à quelques situations proches du fan-service, dans l'exploitation des héros dans un contexte les mettant gratuitement en valeur. Mais le reste est si bien décrit que l'on pardonnera ces quelques clins d’œil au lectorat. 
   
    
   

… qui font la grande

     
Si Letter Bee n'était qu'une histoire peuplée de bons sentiments exprimés à gorge déployée, elle pourrait plonger très rapidement dans une profonde mièvrerie. Mais les rencontres du quotidien s'inscrivent dans une trame beaucoup plus complexe. L'Ambergound, monde sombre par essence, se scinde en trois région séparées par des clivages sociaux évidents. Et qui dit inégalités dit vociférations latentes de ceux qui n'ont pas eu la chance de naître au bon endroit. Ainsi, au plus profond du territoire réside un sentiment d'animosité envers le gouvernement. Paradoxalement, ce sont les letter bees qui sont les premiers à être critiqués en tant que seuls représentants de l'Etat en contact avec ces habitants reculés. Un comble, pour ces fonctionnaires censés apporter des bonnes nouvelles aux gens ! La grogne peut même prendre de l'ampleur dans des mouvements plus prononcés, proches de la révolte, et certaines villes affirment même leur opposition au système en place. C'est dans ce contexte que l'on découvre Reverse, la faction révolutionnaire bien décidée à renverser les choses, par la force s'il le faut. Elle est notamment l'instigateur du fil conducteur de la seconde moitié du premier grand arc scénaristique de la saga, en faisant littéralement planer une menace contre laquelle tous les bees seront amenés à faire front, pour un déluge d'action et d'émotion. 
     
   
   
     
On se dit alors qu'on tient avec Reverse les véritables antagonistes de la série, mais tout n'est pas si simple... En effet, les membres de cette faction semblent avoir de bonnes raisons d'en vouloir aux autorités en place, en particulier celles qui régissent la capitale. Nous sommes donc loin d'un manichéisme primaire, chaque camp ayant sa propre part d'ombre. Les mystères autour des agissements du gouvernement et le flou artistique sur Akatsuki deviennent peu à peu un pillier de l'intrigue, et viendront rééquilibrer la balance, un peu à la manière d'autres pointures du shonen comme Fullmetal Alchemist ou Kekkaishi. Les éléments sont liés, ont des répercussions les uns sur les autres, jusqu'à former un immense tout où chaque personnage à un rôle à jouer. La chronologie de la saga est ponctuée par de nombreux événements marquants, qui seront remis en cause en fonction de certains points de vue. Parmi eux, le jour de l'Extinction, tournant dans l'histoire qui marque également la naissance de Sylvette et Lag. Lag qui est d'ailleurs le centre de toute l'attention, pour son caractère certes, mais aussi pour sa nature très particulière. Pourquoi a-t-il un œil en ambre ? Quelle est sa véritable origine ? Qui a enlevé sa mère, et dans quel but ? Toutes ces questions grandissent au fil de l'aventure tandis que le jeune garçon prend conscience de son potentiel, représentant petit à petit l'espoir d'un monde plongée dans une crise de plus en plus présente. 
  
  

LETTER BEE © 2006 by Hiroyuki Asada / SHUEISHA Inc.

Commentaires

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De ..., le 15 Mai 2016 à 12h39

20/20

Pour moi, il s'agit du meilleur manga que je n'ai jamais lu

Karakuri

De Karakuri [3196 Pts], le 10 Janvier 2015 à 15h06

16/20

Je suis allé jusqu'au tome 7 de cette série et je n'ai pas du tout aimé. J'ai trouvé ça trop niais, trop pathos, sans imagination hormis l'univers initial qui finalement a du mal à se dévoiler et est gâché par des personnages vides...

Pourtant, à la lecture de ce dossier je constate que je suis sûrement passé à côté... Du coup on peut dire que ce dossier est une réussite car il ma ouvert les yeux sur ce que j'ai raté :-)

Par contre je ne réessaierai pas la série, je pense malgré tout qu'elle n'est pas pour moi.

Bref série pas pour moi mais dossier intéressant, bravo !

Tehanu

De Tehanu [205 Pts], le 12 Janvier 2014 à 18h16

16/20

Dossier bien écrit et bien constuit, avec une bonne réflexion de la part de Tianjun sur ce titre qu'il semble affectionner particulièrement. Mention spéciale au "lagrimal", où j'allais crier à la coquille avant de me dire "ah mais non, suis-je bête". 

 

Pour ma part, comme pour I'll, je vois beaucoup de qualités dans le trait d'Asada et son scénario, avec quelques moments excellents, mais je bloque à chaque fois. Il y a une forme d'émotion qui ne passe pas chez moi, qui me semble "froide" (ce qui est normal dans Letter Bee en tenant compte du contexte, mais je ressens une impression semblable dans I'll) et me fait sortir de l'histoire à chaque fois. Je ne me l'explique pas vraiment, en fait, mais je crois que cela a un rapport avec les expressions faciales. "Letter Bee" contient aussi une dimension loli/moe avec des personnages comme Sylvette ou Niche à laquelle je n'adhère pas et qui me dérange. Je trouve par contre les illustrations couleurs de toute beauté (notamment la dernière dans la conclusion), et je me dis que je préfèrerais sans doute davantage l'artbook que le manga. 

Dim12

De Dim12 [4930 Pts], le 05 Janvier 2014 à 19h40

20/20

Merci pour le dossier :)

raitto

De raitto [2150 Pts], le 05 Janvier 2014 à 18h59

Manga alléchant sur le papier mais bizarrement j'ai pas réussi à accrocher, dommage!

kowazoe

De kowazoe, le 05 Janvier 2014 à 10h17

20/20

Excellent dossier, rien à apporter de plus. 

Tomoyochan

De Tomoyochan [1626 Pts], le 04 Janvier 2014 à 09h11

Merci pour ce dossier sur cette série à l'ambiance très particulière. Le dossier est très complet, montrant bien les différents aspects de la série.

Yuminekoi

De Yuminekoi [2120 Pts], le 03 Janvier 2014 à 18h50

20/20

MErciiiiiiiiiii, pour ce dossier. Depuis I'll Asada Sensei est l'un des mangaka que je préfére.

Très bon dossier, et merci de rappeler que I'll ce n'est pas du Slam dunk, aucun rapport à part la basket.

Encore merci.

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