L'école emportée - Actualité manga
Dossier manga - L'école emportée
Lecteurs
18/20

Horreur x SF


Deux genres qui se mêlent avec brio dans l’école emportée.

L’auteur use du sentiment d’insécurité pour provoquer la peur chez le lecteur. Les personnages se retrouvent dans un monde dont ils ne savent dans un premier temps rien, et très vite, les figures rassurantes qu’auraient dû représenter les adultes s’avèrent être tout sauf fiables. Plusieurs centaines d’individus (qui rappelons-le, sont tous en maternelle ou en primaire) se retrouvent alors livrés à eux-mêmes dans un univers qui prend la forme d’un huit clos, puisque même si l’espace est ouvert, l’école est isolée au beau milieu d’un désert qui semble infini, et l’absence apparente de toute vie qui puisse leur venir en aide achève de les « enfermer » dans un milieu totalement insécurisé. On retrouve donc tous les ingrédients qui rendent ce type de récit angoissant, à commencer par des personnages pour qui la situation est si éprouvante qu’ils sombrent dans les folies, et deviennent dès lors dangereux pour leur entourage. L’instinct de survie des individus en danger est exacerbé, et ils entreprennent alors de conserver leur bien-être tout relatif à grand renfort de manipulation, vols et autres meurtres. Cette folie, elle sommeille en chacun de nous, et se dévoile au grand jour plus ou moins facilement selon les individus, elle est imprévisible et d’autant plus dangereuse. De nombreux personnages de L’école emportée en seront victimes, l’un des exemples le plus flagrants étant celui de Sekiya, l’employé de cantine si gentil avant l’incident, si foncièrement mauvais après. Bien évidemment les pertes humaines sont foisons au fil du manga, et Umezu sait s’affranchir d’une certaine bienséance pour accentuer l’horreur des situations, les protagonistes étant pour la plupart des enfants en bas âge. Certains de ces enfants sont des meurtriers, deviennent fous, se suicident, et s'adonnent même au cannibalisme, Umezu pousse le survival jusqu'au bout. Se mêle à cela une angoisse inhérente au côté urgent de la situation dans laquelle les personnages sont plongés, les ressources vitales leur manquent cruellement, et elles n’iront qu’en s’amenuisant.

Un huit clos angoissant où les protagonistes sont en proie à la dangerosité de leurs camarades et à l’absence de  nourriture et d’eau, les ingrédients parfaits pour un récit horrifique, et c’est là qu’intervient le côté science-fiction du manga… clairement pas pour le bien des héros.
En effet, être perdu dans un environnement d’une extrême hostilité dans un univers réaliste, c’est déjà mortellement dangereux, puisqu’à l’instar de nos héros, on peut déjà se prendre dans la face des tsunamis, des incendies, des éruptions volcaniques et des épidémies de peste. Alors quand en plus le fantastique s’en mêle, tout peut arriver. Et effectivement tout arrive : créatures intelligentes meurtrières, robots tueurs, insectes géants, champignons vénéneux du futur, et j’en passe. Et la série ne fait que six volumes, c’est dire à quel point les personnages enchaînent les catastrophes.

Kazuo Umezu profite donc de son univers futuriste où tout peut arriver pour accentuer le côté horrifique de son manga, plus précisément en créant un climat d’insécurité extrême, tout étant possible.
  
  
  
  
  

SF x SF


Car la science-fiction dans l’école emportée n’est pas qu’un faire-valoir de l’horreur. On trouve en effet nombre de poncifs du genre, utilisés à bon escient, et également nombre d’idées très originales (n’ayant pas connaissance de toutes les fictions du monde, je ne peux cependant pas savoir avec certitude ce qui est une innovation et ce qui ne l’est pas).

Si le voyage dans le temps et un classique du genre, il est utilisé ici de façon particulièrement intelligente à travers des interactions passées/futures, dans un premier temps pour isoler un espace défini (l’école), puis dans un second temps pour faire parvenir des objets du présent vers le futur (ou du passé vers le présent, tout dépend) via la mère de Shô, ou encore pour agir sur un élément du présent/passé pour influer sur le futur/présent . Si ce ressort scénaristique est un peu tiré par les cheveux, il est néanmoins efficace. On remarque d’ailleurs que la mère de Shô finit par entreprendre un périple pour empêcher un volcan de surgir du sol (volcan qui, dans le futur, pose problème à son fils), idée qu’elle doit finir par abandonner. Peut-être un signe d’auto dérision de la part d’Umezu, s’amusant avec la frayeur mêlée de curiosité du lecteur face aux projets de plus en plus désespérés et irréalisables de madame Takamatsu.

On retrouve également les monstres assassins et autres insectes géants carnivores qui, s'ils sont utilisés à des fins parfaitement banales, ont le mérite d'avoir une provenance et une histoire originale (que je vous laisse découvrir par vous-même).  On regrette seulement que l'arc avec les « humains du futur » s'achève si précipitamment, sans finalement trop revenir sur les motivations de ces antagonistes fascinants, mais un brin sous exploités.
  
  
  

YORYU KYOSHITSU by Kazuo UMEZU © 1998 by Kazuo UMEZU / Shogakukan Inc.

Commentaires

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darkjuju

De darkjuju [67 Pts], le 10 Septembre 2014 à 22h40

18/20

Excellent dossier comme toujours :)

Peut être qu'il spoile un peu trop, mais difficile de faire sans ;)

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