Le monde du travail, ce monde impitoyable... - Actualité manga
Dossier manga - Le monde du travail, ce monde impitoyable...

Introduction


Bon, pas d'introduction un peu défaitiste aujourd'hui, ni qui va résumer en deux lignes le dossier. Aujourd’hui, on va plutôt démarrer en faisant un petit topo sur les points positifs du travail ? Parce qu'après... On va plutôt être dans la critique, je ne vous le cache pas. Car le travail, ou en tout cas la critique du monde du travail, c'est un petit peu mon cheval de bataille. Pour l'avoir expérimentée sous différentes formes, cette thématique a fini par devenir très importante pour moi. Chacun, au travers de son vécu, aura un ou plusieurs thèmes qui le toucheront tout particulièrement : pour certains, ce sera l'écologie, d'autres le féminisme, ou d'autres encore la cause LGBT... Bref, pour moi, c'est plutôt le monde social, et tout particulièrement celui des travailleurs.

Mais qu'est-ce que le travail ? Eh bien c'est une activité sociale importante dans nos sociétés actuelles, qui nous permet de nous définir, de nous trouver une place dans cette société. Pour certains, c'est une activité qui leur permettra de s'accomplir, mais pour la plupart, c'est surtout un moyen de créer du lien social. Que l'on soit quelqu'un de cérébral de manuel ou autre, le travail est théoriquement réparti dans la société pour permettre à chacun/chacune de trouver son utilité sociale.





Voilà, maintenant qu'on a posé le postulat, plutôt négatif, voyons voir ce qui ne va pas dans ce qu'on appelle « le monde du travail ». Et le problème vient sans doute du fait que l'on distingue le travail du monde du travail.

Prenons un exemple tout simple. Une femme au foyer s'occupe de ses enfants. Elle les fait lever tous les matins, leur prépare le petit déjeuner, les emmène à l'école. Elle vient ensuite les chercher le midi, leur prépare leur déjeuner, et les remmène à l'école. À 16h, elle va les chercher, leur fait prendre leur goûter, vérifie les devoirs, leur fait prendre un bain, leur sert un dîner et les couche. Nous serons d'accord pour dire que cette femme ne perçoit pas de salaire pour ce qu'elle a fait de sa journée.

Prenons un autre exemple. Ce coup-ci, nous nous trouvons dans une famille avec des parents qui travaille à des horaires qui ne leurs permettent pas de s'occuper de leur enfants. Ils vont donc faire appel à une nounou qui viendra chez eux tous les matins et tous les soirs pour garder leurs enfants jusqu'à leur retour. Et le midi, ils resteront à la cantine. La nounou s'occupera alors de lever les enfants, de leur servir un petit déjeuner et de les emmener à l'école. Le soir, elle les récupérera, leur donnera un goûter, vérifiera leurs devoirs, leur donnera un bain et enfin, leur servira le dîner, avant le retour des parents. Dans ce cas-ci, la nounou recevra un salaire de la part des parents.

Quel est la différence entre les deux situations ? C'est simple : au regard de la société, ce que la femme au foyer a fait ce jour-là n'était pas du travail. Car si cela était reconnu comme tel, elle aurait reçu un salaire. Même si c'était un homme au foyer d'ailleurs. Pourtant, la nounou et la femme au foyer ont fait quasiment la même chose. Mais dans un cas, l'activité est reconnu comme un travail, et est donc rémunéré, dans l'autre non. On estime qu'il est tout à fait normal qu'une mère ou un père s'occupe de son enfant.

Je ne suis pas ici pour lancer ce débat, même si j'ai un avis assez tranché sur la question. En revanche, cet exemple et vraiment parfait pour vous montrer que ce qu'on appelle « travail » aujourd'hui découle de beaucoup de facteurs. Ce sont souvent les grands acteurs économiques qui vont décider de ce qui est « utile » pour la société, et qui mérite d'être rémunéré. Quand je parle de grands acteurs, je parle évidemment de l'Etat, des grandes entreprises mais on pourrait parler aussi du tourisme, de certains effets de mode qui ont lancé certaines carrières... Ce qu'on appelle travail n'est pas une chose évidente, c'est une construction sociale sur le long terme. Tout le monde ne peut pas s'improviser médecin, on vous impose de passer par certains canaux universitaires, par certaines formations...

Le problème dans ce genre de cas, c'est qu'il y a des risques que le travail ne soit pas réparti correctement. Le bien sur le long terme de la société ne sera pas forcément en premier plan, mais plutôt le profit immédiat, la mondialisation vous dépouille de vos savoir-faire, ou encore certaines personnes seront payées des fortunes pour des postes auxquels personne ne comprend rien tandis que soignants, des caissières de supermarché, indispensables au bon fonctionnement du pays, seront payés une misère.

Bref, rentrons maintenant dans le vif du sujet de ce dossier, notamment la première étape : l'entrée même dans ce monde du travail.
  
  


Commentaires

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Hurleguerre

De Hurleguerre, le 03 Octobre 2020 à 12h50

un très bon dossier abordant la représentation d'une problématique sérieuse dans la fiction.

 

Personnellement, j'y ajouterai un autre problème : l'effort ériger en solution miracle. La plupart des mangas, shonen nekketsu en tête, nous présente des personnages réussissant grâce à leur motivation inébranlable leur permettant  d'accomplir ce que tout le monde croyait impossible pour eux. Ce trope se veux véhiculer des valeurs positives d'optimisme et d'épanouissement personnel, mais en réalité, il ne fait que reprendre, sur un ton plus amical, l'impitoyable philosophie du capitalisme : tu est libre, donc seul responsable de ton sort, et si quelque chose tourne mal c'est uniquement ta faute.

 

Dans la réalité, la chance joue un rôle non négligeable. Un point que la plupart des œuvres de fictions (et pas que les mangas) prennent bien soin d'occulter. dans le manhua  «tower of gods» ou les personnages doivent grimper les étages d'une tour en livrant différentes épreuves, l'une d'elle a le mérite d'aller à contre-pied de cette habitude. L'organisateur explique que l'épreuve consiste à franchir la bonne porte parmi plusieurs choix, en précisant bien qu'il n'y a aucun indice pour deviner quel est la bonne. Les candidats protestent en rétorquant que seul la chance déterminera les gagnants, ce à quoi il rétorque :  «C'est toujours uniquement la chance qui détermine les gagnants. La chance qui vous a fait naitre avec un corps puissant, avec un intellect supérieur, avec un grand talent martial, ou tout simplement dans une famille privilégiée vous permettant d'avoir une excellente éducation» 

 

La méritocratie portée au nues par la société actuelle, bien que préférable à l'hérédité des positions dans les sociétés anciennes, est loin d'être aussi équitable qu'on le prétend. Parce que les chances de départ ne sont pas égales, bien sûr, parce qu'avoir du talent n'est qu'un question de chance, mais surtout parce que même posséder de vrais capacités ne suffit pas. Le monde du travail est impitoyable, avec une demande disproportionnée par rapport à l'offre. Seul des individus, principalement au niveau des postes de directions, peuvent se faire passer pour indispensable et imposer leur conditions, les autres étants condamnés à la précarité, se voyant en plus accusés de mériter leur sort puisqu'ils ne sont pas à la hauteur. 

 

De nombreuses histoires ayant pour thème une profession mettent en scène l'ascension du héros jusqu'au sommet, mais quid des perdants de cette lutte ? Les rares fois ou l'on parle d'eux, c'est pour les montrer épanouit dans un autre rôle. Dans la réalité, l'échec est quelque chose dont on se relève beaucoup moins facilement.

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