Le monde du travail, ce monde impitoyable... - Actualité manga
Dossier manga - Le monde du travail, ce monde impitoyable...

Une entrée ultra-sélective


Je pense que la plupart des jeunes (ceux qui ont moins de 30 ans, et encore...) seront d'accord avec moi : il est de plus en plus compliqué, actuellement, de rentrer sur le marché du travail. Je pense que vous avez lu dans un manga, vu dans un drama, ces fameuses scènes où l'on voit des sessions de candidats qui ont postulé dans de grandes entreprises et qui sont reçus à la chaîne, ensemble, lors d'entretiens. Ces jeunes diplômés qui sont bardés de spécialisations, qui ont des stages à l'étranger, qui connaissent 2, 3, 4 langues... L'offre est bien en dessous de la demande et on écrème comme on peut. On demande de l'expérience à des jeunes qui ont poussés leurs études au maximum pour tenter de sortir du lot, et qui sortent de là à 25 ans. Et quand on a peu de diplômes, eh bien mes amis... Vous n'aurez pas beaucoup de choix. Vous allez devoir prendre ce qui se présente à vous. Prenons l'exemple du manga First Job, New Life!, ou quand le destin va vous amener dans une boite de graphistes publicitaires pour des pachinkos. Si vous avez de la chance, vous trouverez quelque chose qui correspond à votre profil, et sinon, ce sera supermarché/vendeur en CDD, intérimaire et pire... Livreurs, chauffeurs ou je ne sais quoi en autogestion, pour gagner en liberté... La liberté de vous exploiter vous-même en gros. Et tout cela avec des salaires de misère.

Il y a toujours des exceptions à la règle bien sûr, je l'ai souligné plus tôt : avec de la chance, vous vous en sortirez. Mais avec la crise économique qui pointe en raison du coronavirus... La bataille sera d'autant plus rude pour les nouveaux sortants. Et pour ceux qui voudront déjouer un minimum ces règles... C'est la douche froide assurée. Comme dans ReLIFE, avec Arata qui aura quitté rapidement son travail, au bout de quelques mois, et qui aura bien du mal à justifier ça auprès de ses employeurs.





Le gros problème de ce monde du travail, c'est celui qu'énonce Franck Lepage dans sa conférence gesticulée « Incultures 2 ». Le système a permis de créer beaucoup de diplômés du supérieur. Le problème, c'est que nos sociétés actuelles ont perdu petit à petit leurs industries, à cause d'une succession de délocalisations, et on se retrouve dans des sociétés de services. Et dans ce cas, on se retrouve avec un petit souci : le monde du travail va en grande partie se diviser en deux catégories : les « jobs à la con » de service (livreur, chauffeurs, caissière...) et les métiers hyper spécialisés qui demanderont aux diplômés encore plus d'investissement en temps/argent. Et la situation ne va pas en s'arrangeant malheureusement. Bien évidemment, ce que je viens d'expliquer, ce ne sont que de grandes généralités, il y aura toujours des exceptions pour nous donner un peu tort.
  
  


Commentaires

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Hurleguerre

De Hurleguerre, le 03 Octobre 2020 à 12h50

un très bon dossier abordant la représentation d'une problématique sérieuse dans la fiction.

 

Personnellement, j'y ajouterai un autre problème : l'effort ériger en solution miracle. La plupart des mangas, shonen nekketsu en tête, nous présente des personnages réussissant grâce à leur motivation inébranlable leur permettant  d'accomplir ce que tout le monde croyait impossible pour eux. Ce trope se veux véhiculer des valeurs positives d'optimisme et d'épanouissement personnel, mais en réalité, il ne fait que reprendre, sur un ton plus amical, l'impitoyable philosophie du capitalisme : tu est libre, donc seul responsable de ton sort, et si quelque chose tourne mal c'est uniquement ta faute.

 

Dans la réalité, la chance joue un rôle non négligeable. Un point que la plupart des œuvres de fictions (et pas que les mangas) prennent bien soin d'occulter. dans le manhua  «tower of gods» ou les personnages doivent grimper les étages d'une tour en livrant différentes épreuves, l'une d'elle a le mérite d'aller à contre-pied de cette habitude. L'organisateur explique que l'épreuve consiste à franchir la bonne porte parmi plusieurs choix, en précisant bien qu'il n'y a aucun indice pour deviner quel est la bonne. Les candidats protestent en rétorquant que seul la chance déterminera les gagnants, ce à quoi il rétorque :  «C'est toujours uniquement la chance qui détermine les gagnants. La chance qui vous a fait naitre avec un corps puissant, avec un intellect supérieur, avec un grand talent martial, ou tout simplement dans une famille privilégiée vous permettant d'avoir une excellente éducation» 

 

La méritocratie portée au nues par la société actuelle, bien que préférable à l'hérédité des positions dans les sociétés anciennes, est loin d'être aussi équitable qu'on le prétend. Parce que les chances de départ ne sont pas égales, bien sûr, parce qu'avoir du talent n'est qu'un question de chance, mais surtout parce que même posséder de vrais capacités ne suffit pas. Le monde du travail est impitoyable, avec une demande disproportionnée par rapport à l'offre. Seul des individus, principalement au niveau des postes de directions, peuvent se faire passer pour indispensable et imposer leur conditions, les autres étants condamnés à la précarité, se voyant en plus accusés de mériter leur sort puisqu'ils ne sont pas à la hauteur. 

 

De nombreuses histoires ayant pour thème une profession mettent en scène l'ascension du héros jusqu'au sommet, mais quid des perdants de cette lutte ? Les rares fois ou l'on parle d'eux, c'est pour les montrer épanouit dans un autre rôle. Dans la réalité, l'échec est quelque chose dont on se relève beaucoup moins facilement.

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