Le monde du travail, ce monde impitoyable... - Actualité manga
Dossier manga - Le monde du travail, ce monde impitoyable...

Le harcèlement


Bon, je sais bien que le harcèlement ne prend pas que les femmes pour cible, je vous rassure, mais ici on va se pencher principalement sur ce thème, car on va se pencher sur une petite nouveauté de chez Akata: Moi aussi. Et si je l'ai choisie plutôt que d'autres, c'est parce qu'elle aborde le thème de manière assez crue, tout en n'allant pas trop loin. En effet, la force de cette série, en tout cas de son premier tome, c'est de montrer la force destructrice du harcèlement sur quelqu'un, tout en ne montrant pas forcément de scène choc. Je m'explique : on n'a ici que des scènes psychologiques, sans vraiment de violences physiques. Mais le climat est tellement lourd pour notre protagoniste que le moindre rapprochement, le moindre toucher de son agresseur va provoquer en elle de très violentes réactions de rejets. Le stress, les tremblements, la peur... Sa concentration et son travail vont en pâtir, créant un cercle vicieux car s'il y a bien une chose dont elle a peur, c'est de perdre son travail, et tout l'investissement qu'elle y a mis. Et la violence ne s'arrêtera pas là. Il ne suffira pas de s'éloigner de lui pour qu'elle se remette. Cet épisode sera un vrai traumatisme, que des médicaments ne suffiront pas à exorciser.

Dans les cas de harcèlements, on peut aussi prendre en compte ceux qui visent à pousser le salarié à bout, ce qui va l’inciter à démissionner. Une tactique assez ignoble des employeurs pour casser les gens pour économiser de l’argent sur les indemnités de licenciement. C’est bien évidemment le point de départ de l’intrigue d’Intraitable. Une décision des supérieurs qui poussera le courageux — à se rebeller envers sa hiérarchie. Mais cette tactique n’est pas née en Corée du Sud, et ne date pas d’hier. Un des cas les plus célèbres en France concerne la politique de France Telecom au début des années 2000, alors que l’entreprise comptait encore de nombreux fonctionnaires, au statut avantageux mais surtout protégé. Ce qui ne plaisait pas à cette nouvelle direction, qui tentera par tous les moyens de se débarrasser de ces employés si « particuliers ». Et cela aboutira à quel résultat ? Une vague de suicides. Car ces employés, fiers de contribuer directement à la société, habités par ce sentiment de service public vont recevoir un choc frontal, une toute nouvelle politique en total désaccord avec leurs principes. Parce qu’ils vont se faire harceler pour des bricoles, tout ce qui sera utile pour inciter la personne à partir d'elle-même. Et toutes les méthodes sont bonnes : le chantage, le harcèlement, la culpabilisation, l'isolation... Dans une moindre mesure, c'est ce qu'arrivera à faire le responsable de Satsuki dans le manga « Moi aussi », se servant de son autorité, de son bagou et surtout de sa réputation pour forcer la jeune femme à faire ce qu'il veut. Et c'est d'autant plus grave que le monde exacerbe les rapports de force entre les individus. Car vous avez des liens de subordination couché sur le contrat qui vous soumette à l'autorité d'un patron/supérieur. Et cela peut vite mal tourner, quand une personne qui dispose d'une certaine autorité va en abuser. Je pense que vous aurez, ou tout du moins que vous entendrez tous un jour cette phrase : si tu n'es pas content(e), tu n'as qu'à partir, rien ne te retient ici. Rien si ce n'est votre moyen de subsistance, et la perspective de plus en plus en sombre de ne ps trouver mieux ailleurs. Et quand on voit que les gens changent de plus en plus de travail, de carrière complètement, dans leur vie... Est-ce dû à une plus grande envie de diversité, ou tout simplement à des conditions de travail qui se détériorent, et qui empêchent les gens de rester 10, 15 ans dans une même boite ? La question a le mérite d'être posée, même si la réponse est loin d'être certaine.





Et je vais revenir ici en deux lignes sur un cas de discrimination bien connu : la discrimination féminine au travail. Comme vous le savez, les femmes sont moins bien payés que les hommes, elles ont moins de perspective de carrière, en général, mais elles sont aussi essentialisée à certains corps de métiers (assistante maternelle, infirmière...). Pourquoi donc ? Et bien quand un employeur sait qu'il risque de se retrouver avec des congés maternités, il ne va ba s'embêter à l'embaucher/à la promouvoir. Et je vous passerais les autres clichés... Il y a toujours une bonne raison d'écarter quelqu'un : son sexe, sa couleur de peau... Au final, n'est-ce pas plus des réactions de peur de l'inconnu et de bêtise qu'autre chose ?
  
  


Commentaires

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Hurleguerre

De Hurleguerre, le 03 Octobre 2020 à 12h50

un très bon dossier abordant la représentation d'une problématique sérieuse dans la fiction.

 

Personnellement, j'y ajouterai un autre problème : l'effort ériger en solution miracle. La plupart des mangas, shonen nekketsu en tête, nous présente des personnages réussissant grâce à leur motivation inébranlable leur permettant  d'accomplir ce que tout le monde croyait impossible pour eux. Ce trope se veux véhiculer des valeurs positives d'optimisme et d'épanouissement personnel, mais en réalité, il ne fait que reprendre, sur un ton plus amical, l'impitoyable philosophie du capitalisme : tu est libre, donc seul responsable de ton sort, et si quelque chose tourne mal c'est uniquement ta faute.

 

Dans la réalité, la chance joue un rôle non négligeable. Un point que la plupart des œuvres de fictions (et pas que les mangas) prennent bien soin d'occulter. dans le manhua  «tower of gods» ou les personnages doivent grimper les étages d'une tour en livrant différentes épreuves, l'une d'elle a le mérite d'aller à contre-pied de cette habitude. L'organisateur explique que l'épreuve consiste à franchir la bonne porte parmi plusieurs choix, en précisant bien qu'il n'y a aucun indice pour deviner quel est la bonne. Les candidats protestent en rétorquant que seul la chance déterminera les gagnants, ce à quoi il rétorque :  «C'est toujours uniquement la chance qui détermine les gagnants. La chance qui vous a fait naitre avec un corps puissant, avec un intellect supérieur, avec un grand talent martial, ou tout simplement dans une famille privilégiée vous permettant d'avoir une excellente éducation» 

 

La méritocratie portée au nues par la société actuelle, bien que préférable à l'hérédité des positions dans les sociétés anciennes, est loin d'être aussi équitable qu'on le prétend. Parce que les chances de départ ne sont pas égales, bien sûr, parce qu'avoir du talent n'est qu'un question de chance, mais surtout parce que même posséder de vrais capacités ne suffit pas. Le monde du travail est impitoyable, avec une demande disproportionnée par rapport à l'offre. Seul des individus, principalement au niveau des postes de directions, peuvent se faire passer pour indispensable et imposer leur conditions, les autres étants condamnés à la précarité, se voyant en plus accusés de mériter leur sort puisqu'ils ne sont pas à la hauteur. 

 

De nombreuses histoires ayant pour thème une profession mettent en scène l'ascension du héros jusqu'au sommet, mais quid des perdants de cette lutte ? Les rares fois ou l'on parle d'eux, c'est pour les montrer épanouit dans un autre rôle. Dans la réalité, l'échec est quelque chose dont on se relève beaucoup moins facilement.

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