L'autre monde - Actualité manga
Dossier manga - L'autre monde

Les victimes de la folie d’un homme

   
 
Le titre de cette partie sied à l’intrigue de L’Autre Monde, mais s’est maintes fois vérifiée dans la réalité malheureusement : combien de personnes ont souffert et souffrent encore des lois d’un despote ? Lors des premières réunions, le staff avait décidé de créer une série plus fantaisiste, plus drôle aussi. Ils ont décidé finalement de ne pas faire quelque chose de «simpliste». Cette décision aura été à l'origine d'un animé intelligent, qui dénonce des faits bien réels.
  
   
 

Les enfants : innocence détruite et pervertie

   
Ce n’est pas anodin si les personnages principaux de l’intrigue sont des enfants. Les réalisateurs de la série se focalisent la majeure partie du temps sur Shûzo, Lala-Ru, Sarah, Nabuca, Boo, Sun et Tabur.
    
Les enfants représentent l’innocence et la spontanéité. Ils n’ont pas de jugement sur autrui pour sa différence. Au contraire, ils essaient de toujours voir le bon côté des choses. C’est ce qu’on retient de Shûzo, qui ne perd jamais espoir, au point de rassurer Sarah lorsqu’elle tombe dans un désespoir profond, et que sa situation ne cesse d'empirer. Shûzo est profondément altruiste, et il n’y a guère que pour Hamdo qu'il ne peut décemment pas tenter de justifier ses actes et pardonner son âme damnée. Pour tout le reste du casting, il va jusqu’à se faire frapper, jusqu’à se faire torturer, jusqu’à tenter de libérer des prisonniers tout juste en face d’un général dont il est sensé servir l’armée… Shûzo est totalement inconscient, mais c’est dans sa nature de ne pas abandonner les personnes qui souffrent. Le scénariste de l’histoire a retenu cette bonté naturelle qu’un enfant peut avoir et s’en est servie pour créer le personnage principal, qui n’est aucunement un bête archétype manichéen, mais tout un symbole de force, de courage et de gentillesse.
   
Le staff va un peu plus loin dans les dérives des horreurs qu’on peut faire aux enfants avec Sarah, Sun et Boo. Sarah est la représentation de l’injustice, du fait qu’elle va faire l’objet des pires sévices en tant que jeune personne et en tant que femme, alors même qu’elle n’a strictement rien à voir avec ce monde. On pense immédiatement aux viols en masse que des soldats exercent dès lors qu’ils pénètrent en territoire ennemi, ou aux bordels dans les camps de prisonniers. Ces pratiques moyenâgeuse ont perduré pourtant, et rappellent que la malfaisance humaine existe encore et qu’elle peut toucher des êtres faibles et extérieurs. Boo est une autre icône, toute aussi scandaleuse : Hamdo l’oblige à faire la guerre, à manipuler des armes, à tuer et à enrôler à son tour d’autres enfants, alors qu’il ne doit guère avoir plus de huit ans. Faire de telles choses à un si jeune âge, c’est voir sa vie détruite. Sun, qui apparait tardivement dans la série, apporte une nuance supplémentaire : elle ne connait pas la guerre, elle en vit éloignée, mais elle en est une victime indirecte. Hamdo lui a pris ses parents et sa joie de vivre. Elle attend désespérément que son père revienne tous les jours alors qu’il est mort par la faute du dictateur. Et ce n’est pas parce qu’elle vit loin de la guerre qu’elle en ignore totalement l’enjeu. Le jour où Hamdo lance sa « ruée vers le chaos » en rasant le village de Zarrybacht, Sun va de son plein gré prendre les armes pour protéger ses camarades, alors qu’elle n’est pas plus vieille que Boo. En déclenchant sa conquête massive, Hamdo a même permis qu’une telle chose arrive à une âme si pure. La fin du douzième épisode nous montre d’ailleurs les conséquences terribles de cet acte, qui ne peuvent que marquer profondément le spectateur.
   
Enfin, Nabuca et Tabur évoquent deux dernières facettes d’une enfance détruite. Ces deux enfants sont un peu plus vieux que les autres. On les a, comme les autres, arrachés à leur village natal pour les enrôler, sauf que eux ont pour partie grandi en tant que soldat. Nabuca et Tabur ont participé plus activement à la guerre, ont tué plus régulièrement, et ont tristement fini par se faire une raison à leur condition. Nabuca a toujours en tête la promesse de retourner retrouver une vie paisible dans son village, et de ce fait, il n’est pas profondément mauvais. Mais il participe toutefois activement aux directives d’Hamdo pour y parvenir. Tabur a subi un traitement plus pervers, et malgré son absence dans le générique, c’est peut-être le symbole le plus important de la série. Il est l’incarnation de l’enfant innocent, qu’on a arraché à ses racines, mais qui a fini par assimiler complètement la doctrine de son tortionnaire, pour finalement être convaincu que sa situation est satisfaisante, malgré les tueries qu’elle implique. Il est la nouvelle génération qui doit succéder à ces adultes profondément mauvais, il est inclus dans le cycle éternel de l’horreur humaine, et pourrait bien être l’instigateur de nouvelles menaces, d’autant plus qu’il développe l’ambition de prendre la place d’Hamdo, par le sang s’il le faut.
 
  
  
    
     

Les adultes : parfois des enfants comme les autres

   
Voilà donc ce qui arrive aux enfants qu’on maltraite, qu’on manipule, ou qu’on touche indirectement du fait de ces problèmes d’adultes que sont les guerres. Sont-ils pour autant tous mauvais ? Quelques exemples pour prouver que l’espoir ne se trouve pas uniquement chez les enfants : Sis, premièrement, qui élève et recueille les enfants devenus orphelins à cause d’Hamdo. Leur avenir est sa seule priorité, qu’importe ce que cela lui coûte. Son caractère est malheureusement trop rare. Viennent ensuite le père de Sun et Elamba. Avant de mourir exécuté, le père de Sun, pour s’en sortir, à été jusqu’à menacer Boo en le prenant en otage pour pouvoir s’échapper. Elamba, lui, a été rendu aveugle de rage par la traumatisme qu’il a subi, au point de perdre la notion de la valeur d’une vie humaine. Ces deux personnages ne sont pas différents des enfants cités plus hauts, ce sont également des victimes qui ont tellement souffert, qu’elles ont été obligées de commettre des actes répréhensibles pour tenter de s’en sortir. Enfin, Kazam, le soldat qui a violé Sarah, finira par, si ce n’est se racheter, faire une ultime bonne action à la fin de la série, preuve qu’il n’est jamais trop tard pour faire le bien.
  
   

La Nature : source d’avarice

   
Manque-t-il quelqu’un à l’appel ? Lala-Ru évidemment. Malgré son apparence, ce n’est pas une enfant. C’est l’incarnation de la Nature et des convoitises humaines. Celle dont on se sert jusqu’à épuisement sans aucun merci en retour. Celle pour qui on tue pour en avoir le monopole, et celle qui finit par rétablir l’ordre, car rien ne peur arrêter une gigantesque catastrophe naturelle, pas même une ambition à la démesure de celle de Hamdo.
   
La Nature nous offre tellement que les réalisateurs ont décidé, en la personnifiant, de lui donner une identité bénéfique. Lala-Ru a aidé autrefois les hommes, car elle pensait pouvoir leur être d’un grand secours. C’est là la preuve de sa bonté. Et comme une femme trompée, elle a été déçue, et ne veut plus l’aider, pour aucune raison. Cette Nature, qui possède un corps pour sentir, des yeux pour voir, et des oreilles pour entendre, a bien de la chance d’avoir rencontré Shûzo. Sans lui, elle aurait laissé l’Humanité courir à sa perte, car il a déclenché en Lala-Ru le sentiment qu’effectivement, tout n’était pas perdu.
     
     

© 1999 AIC / Pioneer LDC

Commentaires

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fragolette

De fragolette [320 Pts], le 28 Juin 2013 à 21h37

Très bonne présentation! J'ai également beaucoup aimé cet anime surtout grâce au scénario et aux personnages très fouillés. J'ai particulièrement été touchée par le destin de Sara. L'une des scènes restera d'ailleurs gravée à tout jamais dans mon esprit je crois! Je pense que l'autre mmonde fait partie de ces séries qu'il faut voir pas uniquement pour se faire plaisir mais pour se poser les bonnes questions sur les dérives de la société qui ont malheureusement trop tendance à se répéter.

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