1982 marque aussi la sortie de deux albums présentant des BD japonaises avec un point commun, Hiroshima:
Gen d'Hiroshima, de Keiji Nakazawa, aux humanoïdes associés collection autodafé, histoire d'un enfant d'Hiroshima pris dans la tourmente nucléaire. La série est devenue très connue chez nous par divers tentatives de publication, on peut citer Mourir pour le Japon en 1990 chez Albin Michel et l’édition complète et, je pense, définitive de Vertige graphic parue entre 2003 et 2007. Cette première édition de Gen d'Hiroshima aux humanoïdes est de bonne qualité mais n’est évidemment pas aussi complète que la version de Vertige graphic préfacée par Art Spieglmann (auteur de la série Maus sur l’holocauste juif).
Que dire sur l’album Hiroshima de Yoshihiro Tatsumi paru chez Artefact. Il s'agit de la réunion de deux courtes histoires au scénario d’un intérêt limité. La première s’attache à la représentation du Japon après la bombe et la seconde histoire sur la cérémonie de commémoration de la chute de la bombe prise sous l’angle médiatique. Le dessin de Tatsumi est malhabile et fort dépouillé, ce qui offre, par là même, assez peu de plaisir de lecture.
Georges Bielec, le PDG d'Elvifrance (éditeur spécialisé dans la bd de gare italienne, donc plutôt gore et pornographique) découvre le manga au cours d'un voyage touristique. Revenu en France, il décide de lancer la publication en français de quelques seinen orientés vers l’érotisme.
Il monte une autre société d'édition, Idéogram, pour se libérer des contraignantes légales auxquelles étaient soumises les éditions Elvifrance. Deux revues sont publiées en 1985.
Tout d'abord il y a Mutants qui contient uniquement Androïde de Kazuo Koike (aussi scénariste de Crying freeman et Lone Wolf and Cub) et Sesaku Kanô. Androïde n'est en rien une série bas de gamme.
La série met en scène un spécialiste des robots d’apparence humaine. Le personnage, complexé par son impuissance sexuelle s’est dédoublé d’une personnalité disposant de remarquables facultés physiques mais qui se voit comme un androïde. Ayant choisi la liberté, éternel errant passant d'une femme à l'autre, le robot/héros de la série vit des aventures à tendance policière/espionnage dans une Amérique de fantaisie tel Bill Bixby dans la série TV Hulk. Par delà quelques fautes dues à la rapidité d'exécution, Androïde est une série qui, sans être exceptionnelle, se lit sans déplaisir. Le tout fait 11 tomes de 180 pages chacun soit prés de 2000 pages d’un manga totalement ignoré aujourd’hui.
Toujours aux éditions Idéogram, dans le magazine Rebels, on pouvait lire, parmi bon nombre de BD sans intérêt, une série intitulée Scorpia. Il s'agit d'une série policière se déroulant à New York, dont l'héroïne, Gill Landy, est agent de police au commissariat du 20ème District et a la particularité d'avoir une rose tatouée sur le pubis. L'ensemble est d'une rare noirceur - le suicide, par exemple, est ici un thème omniprésent - et l'on en aurait volontiers lu davantage d’autant que ces magazines sont extrêmement difficiles à trouver actuellement.
Les deux revues disparaissent en janvier 1986, victimes encore une fois d’un public pas attentif et peu attiré par ce genre de couvertures. J’ai mis les plus « soft » que j’avais, je vous laisse chercher les autres.
Un ouvrage broché intitulé Les secrets de l'économie japonaise en bandes dessinée illustré par Shôtarô Ishimori est publié par Albin Michel en 1989. Il s'agit du premier tome d'une série inachevée qui devait en compter 4. Voici un résumé:
"1980, une crise financière sans précédent secoue le pays du soleil levant. Dans la tourmente, deux hommes d’affaires amis et concurrents vont vivre et subir cette crise qui touche tous les aspects de l’économie du pays, automobile, pétrole, vie courante, hausse de la monnaie etc ...".
Le propos est complexe mais traité par l’exemple dans des histoires courtes qui démontent les mécanismes de l’économie internationale. C’est à la fois très intéressant et plutôt pédagogique mais ce n’est absolument pas une lecture divertissante.
Voici donc un bel historique d’échecs commerciaux en série, de tentatives avortées, de bonnes volontés non récompensées à l’époque, mais aussi une occasion de réhabiliter un certain nombre d'acteurs qui ont cru dans le manga bien avant la brèche, que dis-je, l’avalanche provoquée par Akira, le film.
Gen d'Hiroshima, de Keiji Nakazawa, aux humanoïdes associés collection autodafé, histoire d'un enfant d'Hiroshima pris dans la tourmente nucléaire. La série est devenue très connue chez nous par divers tentatives de publication, on peut citer Mourir pour le Japon en 1990 chez Albin Michel et l’édition complète et, je pense, définitive de Vertige graphic parue entre 2003 et 2007. Cette première édition de Gen d'Hiroshima aux humanoïdes est de bonne qualité mais n’est évidemment pas aussi complète que la version de Vertige graphic préfacée par Art Spieglmann (auteur de la série Maus sur l’holocauste juif).

Que dire sur l’album Hiroshima de Yoshihiro Tatsumi paru chez Artefact. Il s'agit de la réunion de deux courtes histoires au scénario d’un intérêt limité. La première s’attache à la représentation du Japon après la bombe et la seconde histoire sur la cérémonie de commémoration de la chute de la bombe prise sous l’angle médiatique. Le dessin de Tatsumi est malhabile et fort dépouillé, ce qui offre, par là même, assez peu de plaisir de lecture.
Georges Bielec, le PDG d'Elvifrance (éditeur spécialisé dans la bd de gare italienne, donc plutôt gore et pornographique) découvre le manga au cours d'un voyage touristique. Revenu en France, il décide de lancer la publication en français de quelques seinen orientés vers l’érotisme.
Il monte une autre société d'édition, Idéogram, pour se libérer des contraignantes légales auxquelles étaient soumises les éditions Elvifrance. Deux revues sont publiées en 1985.
Tout d'abord il y a Mutants qui contient uniquement Androïde de Kazuo Koike (aussi scénariste de Crying freeman et Lone Wolf and Cub) et Sesaku Kanô. Androïde n'est en rien une série bas de gamme.
La série met en scène un spécialiste des robots d’apparence humaine. Le personnage, complexé par son impuissance sexuelle s’est dédoublé d’une personnalité disposant de remarquables facultés physiques mais qui se voit comme un androïde. Ayant choisi la liberté, éternel errant passant d'une femme à l'autre, le robot/héros de la série vit des aventures à tendance policière/espionnage dans une Amérique de fantaisie tel Bill Bixby dans la série TV Hulk. Par delà quelques fautes dues à la rapidité d'exécution, Androïde est une série qui, sans être exceptionnelle, se lit sans déplaisir. Le tout fait 11 tomes de 180 pages chacun soit prés de 2000 pages d’un manga totalement ignoré aujourd’hui.

Toujours aux éditions Idéogram, dans le magazine Rebels, on pouvait lire, parmi bon nombre de BD sans intérêt, une série intitulée Scorpia. Il s'agit d'une série policière se déroulant à New York, dont l'héroïne, Gill Landy, est agent de police au commissariat du 20ème District et a la particularité d'avoir une rose tatouée sur le pubis. L'ensemble est d'une rare noirceur - le suicide, par exemple, est ici un thème omniprésent - et l'on en aurait volontiers lu davantage d’autant que ces magazines sont extrêmement difficiles à trouver actuellement.
Les deux revues disparaissent en janvier 1986, victimes encore une fois d’un public pas attentif et peu attiré par ce genre de couvertures. J’ai mis les plus « soft » que j’avais, je vous laisse chercher les autres.
Un ouvrage broché intitulé Les secrets de l'économie japonaise en bandes dessinée illustré par Shôtarô Ishimori est publié par Albin Michel en 1989. Il s'agit du premier tome d'une série inachevée qui devait en compter 4. Voici un résumé:
"1980, une crise financière sans précédent secoue le pays du soleil levant. Dans la tourmente, deux hommes d’affaires amis et concurrents vont vivre et subir cette crise qui touche tous les aspects de l’économie du pays, automobile, pétrole, vie courante, hausse de la monnaie etc ...".
Le propos est complexe mais traité par l’exemple dans des histoires courtes qui démontent les mécanismes de l’économie internationale. C’est à la fois très intéressant et plutôt pédagogique mais ce n’est absolument pas une lecture divertissante.

Voici donc un bel historique d’échecs commerciaux en série, de tentatives avortées, de bonnes volontés non récompensées à l’époque, mais aussi une occasion de réhabiliter un certain nombre d'acteurs qui ont cru dans le manga bien avant la brèche, que dis-je, l’avalanche provoquée par Akira, le film.
© 2008 Manga-news.com
De BenJsan [550 Pts], le 22 Novembre 2011 à 14h03
Très bel article. Merci pour toutes ces infos, je ne savais absolument rien de ces tentatives qui ont avortées, je ne connaissais que vaguement et de nom "le cri qui tue", je n'ai jamais eu l'occasion d'en feuilleter et pourtant j'aimerais bien :)
De Ikebukuro, le 14 Juillet 2011 à 13h08
Salut!
Je vais faire mon auto pub mais j'ai acheté les revues de la deuxième saison de Budo Magazine Europe, de 1970 à 1973, et chaque numéro contient des pages de mangas. Au total, sur quatre années, c'est une bonne centaine de pages qui ont été publiées.
http://japon.canalblog.com/archives/2011/03/11/20605141.html
De Gensen [909 Pts], le 01 Mai 2011 à 16h57
interessant ! surtout pour le budo magazine europe que je ne connaissais pas et pour les infos sur le cri qui tue
je m'intéresse pas mal à l'histoire du début du manga en France voir en Europe, et ça m'a appris deux choses supplémentaires ^^ bel article ^^
De Ikebukuro, le 24 Juin 2009 à 18h42
L'article dont tu parles se trouve plutôt dans le N°15, page 31 et non pas dans le 5 qui ne parle absolument pas de BD japonaise.
De Ikebukuro, le 28 Mars 2009 à 20h32
Bonsoir,
Je possède le N°5 de la revue Phénix et il m'est impossible de mettre la main sur cet entrefilet de 5 pages sur la BD japonaise. Pouvez-vous m'indiquer en quelle page il se trouve?
Par avance merci.
De Manga-News [3746 Pts], le 30 Novembre 2008 à 13h13
Faut regarder sur le site ;-)
https://www.manga-news.com/index.php...
on a mis les 2 couv d animeland 1
le 1 a été réimprimé par la suite en couleur
le 2 est sorti en NB aussi
https://www.manga-news.com/index.php...
De néun11septembre, le 30 Novembre 2008 à 13h09
Content que vous appreciez. le dossier est quasi exhaustif. J'ai juste laissé de coté les extraits de hentai non traduits et non retournés publiés dans les revues de bd pornographiques.
Je le savais pour animéland, mais l'image de couverture n'est données que pour exemple et la couverture noir et blanc était plutot mal imprimée à mon avis.
Qui sait? je ferais peut-etre un inventaire des revues consacrées au manga un jour ^^
De Cecilia28, le 29 Novembre 2008 à 18h41
Bravo !
Je n'ai connu qu'à partir du manga relié de Candy.
La première édition de l'Animeland était en noir et blanc, c'est après qu'ils ont réédité en couleur.
De Blood [2541 Pts], le 28 Novembre 2008 à 22h26
Sympa comme tout, ce dossier. Joli travail ! ;-)