La dure condition de vampire
Parmi ces fameuses grandes qualités, on trouve le statut de vampire. Un brin original par certains aspects comme nous avons pu le voir, il est en plus, la plupart du temps, exploité par la mangaka de manière suffisamment habile pour parvenir à prendre aux tripes et à émouvoir à quelques reprises.
Tout d'abord, on reste longuement intrigué par la place qu'ont ces êtres de la nuit dans notre société contemporaine. Le récit le dit, les vampires sont petit à petit en voie de disparition, la descendance se fait de plus en plus rare, les repères sont en perte et il n'est plus forcément facile de passer inaperçu au sein d'une société où les humains n'ont cessé de prospérer.
Bref, la lignée vampirique, toujours plus fragile au fil du temps, risque de s'éteindre si aucune solution n'est trouvée... Une solution qui pourrait bien se trouver en Karin.
Mais vivre parmi les humains sans rien risquer est-il faisable ? Là aussi, Karin pourrait montrer une voie possible, via sa relation avec Kenta, que nous avons abordée précédemment.
Tout au long du récit, les exemples de conditions de vie délicates sont présents, se veulent parfois pesants, parfois comiques. Mais il convient aussi et surtout de revenir sur le plus bel exemple d'une condition difficile, un exemple bien loin des considérations de toute la lignée vampirique, un exemple beaucoup plus personnel, une épreuve intime dure à supporter pour tout vampire : la transformation en vampire adulte, visible dans le tome 11, à travers une réalité qui rattrape la jeune Anju de manière fort cruelle.
Bien qu'elle n'ait que 12 ans et soit donc encore jeune, les prémices de sa transformation en vampire adulte se font sentir, et l'issue semble inéluctable : bientôt, elle ne pourra plus profiter des petits plats préparés par sa soeur, ne pourra plus aller à l'école où l'attendent ses amis, ne pourra plus faire ce qu'elle a toujours aimé... La fillette parviendra-t-elle seulement à le supporter ?
Dans ce onzième volume où l'humour se fait beaucoup plus discret, Yuna Kagesaki met de côté les tourments habituels de Karin, Kenta ou Yuriya pour mettre en avant Anju, la petite soeur renfermée, qui arrive à une étape cruciale de sa vie, l'une des plus cruelles, qui vaut à nombre de vampires une période de grande faiblesse : la transformation définitive en vampire, et tout ce que cela sous-entend. Bientôt, la jeune fille devra changer radicalement son mode de vie et ne pourra plus profiter de ce qu'elle a toujours aimé. Elle devra bientôt laisser tomber les bons petits plats de sa grande soeur pour se nourrir de sang, abandonner sa vie diurne à l'école pour vivre uniquement la nuit, loin des autres... et ne pourra plus veiller sur Karin comme elle l'a toujours fait.
Ces différentes étapes, c'est ce que nous propose de suivre l'auteure, les unes après les autres, au fil des tourments de la fillette, qui ne peut que se rendre compte de l'inévitable issue tandis qu'elle essaie vainement de poursuivre le rythme de vie qu'elle a toujours mené et, comme toujours, de cacher ses émotions. Ainsi la voit-on désormais souffrir et s'évanouir face aux rayons du soleil, perdre le sens du goût, tenter de s'éloigner de ses camarades de classe... La situation est touchante, car elle permet d'entrevoir la fillette taciturne comme on ne l'avait encore jamais vue, cherchant à se montrer forte alors qu'elle n'a jamais été aussi fragile, mais aussi parce que Kagesaki parvient à mettre subtilement en avant la tristesse et la dureté de la situation, notamment en revenant sur les instants de bonheur passé qui animaient les journées de la jeune fille et qu'elle ne connaîtra plus jamais, et également parce que l'auteure n'oublie pas le ressenti des autres personnages. On pense bien sûr à Karin, également à Ren qui se montre enfin un peu plus en jouant son rôle de grand frère, et surtout au jeune Koibuchi, camarade de classe d'Anju qui voit ses sentiments pour elle, ses doutes et sa situation familiale joliment exposés de manière à rendre le récit encore plus intense. C'est d'ailleurs la conclusion de l'amitié entre Anju et Koibuchi qui sonnera comme le point culminant du volume, car elle concrétise définitivement et cruellement la nouvelle vie de la fillette.
En fait, avec ce tome 11, Yuna Kagesaki montre pour la première fois une capacité à mener réellement d'un bout à l'autre un focus en développant tout correctement, sans rien oublier, pas même d'évoquer le fait qu'Anju devra désormais définitivement laisser sa place à Kenta pour veiller sur Karin.

Amour familial
Malgré des faiblesses, des inégalités et le sentiment que tout n'est pas toujours pleinement exploité, Yuna Kagesaki démontre des qualités certaines dès qu'il s'agit d'utiliser la condition de vampire de ses héros. Pourtant, il y a un aspect de la série où elle fait encore plus fort, où elle se montre encore meilleur. Un aspect qui ne frappe pas forcément tout de suite car il s'immisce discrètement mais tout naturellement tout au long de la série sans jamais disparaître, avant de prendre tout son sens dans la poignante conclusion de l'oeuvre : l'amour familial, tout simplement.
Cet amour familial, il est présent de manière constante, sans qu'on en ait forcément conscience. Mais il est là. Et il passe par chaque membre de la famille de Karin, car chacun fait attention à l'autre de la plus sincère des manières.
Ainsi, si l'amour ultra-protecteur de Henry pour ses filles est un bon facteur d'humour, il est par dessus tout la plus belle preuve d'amour parental. Pouvant paraître très drôle, trop strict au point d'être un peu "risible", le père de famille devient surtout tout naturellement touchant dans un rôle de papa poule qu'il assume totalement... au point qu'il n'hésiterait pas à se sacrifier pour protéger sa progéniture. Carla n'est pas en reste : en bonne maîtresse de maison, elle incarne une figure d'autorité qui peut parfois être amusante, mais qui est surtout une jolie preuve de bienveillance et de rigueur pour protéger les siens. Et entre ces deux-là, le poids des années ne change rien : à plusieurs reprises, on sentira bien qu'ils sont toujours aussi attachés l'un à l'autre, et que l'un n'est rien sans l'autre. Le séjour de Carla dans sa famille en sera un joli petit exemple.
Tout au long de la série, on reste également marqué par l'omniprésence discrète d'Anju aux côtés de Karin. La fillette le sait, sa grande soeur n'est pas très dégourdie, et elle redouble alors d'efforts pour veiller sur elle, quitte à mettre sa propre santé en danger car arrivera le moment cruel et fatidique de sa transformation en vampire adulte. Une transformation qui est aussi un bel exemple d'amour familial, puisque tous, de Ren aux parents en passant par Karin, seront là pour soutenir la fillette dans cette épreuve difficile.
Moins mis en avant, Ren incarne pourtant lui aussi un figure du grand frère protecteur, car s'il est souvent nonchalant et ne montre que très peu ses sentiments, il est souvent de la partie pour protéger ses deux petites soeurs, que ce soit en se faisant épaule réconfortante pour Anju, ou en partant à la recherche de Karin quand celle-ci est kidnappée.
Enfin, n'oublions pas Elda. Si l'on peut avoir le sentiments que la grand-mère de Karin est finalement sous-exploitée et peu mise en avant, son évolution, tout aussi secondaire soit-elle, reste intéressante, car pour le bonheur de sa petite-fille, elle n'hésitera pas à remettre en cause ses convictions dépassées.
En fait, tout au long de la série, le thème de la famille est constamment présent. En plus de la famille de Karin, on reste touché par la famille Usui, Fumio étant particulièrement attachante dans son rôle de jeune mère-courage. Et de fil en aiguille, Yuna Kagesaki aborde nombre de sujet forts autour de la famille : amour passé encore douloureux à travers Elda, souci d'assurer sa descendance et sa lignée, dureté de voir un proche s'éteindre petit à petit via la mère de Fumio, impossibilité de se reproduire via Yuriya... La famille est sans doute le sujet-clé de la série, celui qui amène les focus les plus intéressants, les meilleurs instants, les plus drôles et les plus tristes. C'est aussi celui qui permettra à la conclusion de la série d'être vraiment réussie, au-delà d'une dernière ligne droite sur Psyché et les Brownlick convenue.
Facile, rapide et moins dramatique que ce à quoi on s'attendait, la conclusion du face à face contre Glarck et Brigitte manque de panache... et l'on est alors d'autant plus heureux de voir arriver une fin aboutie et très touchante. En effet, si l'ultime lutte contre les Brownlick déçoit un peu, cela n'empêche pas Yuna Kagesaki d'apporter une véritable conclusion tout en nuances à sa série. Pendant la moitié de ce dernier tome, l'auteure prend le temps de revenir sur les différents personnages, de montrer ce qu'ils deviennent. Certains rebondissements amusent, comme celui liant Ren et Brigitte, tandis que d'autres perspectives d'avenir, comme celles de Tachibana, tendent à toucher un peu plus. Dans tous les cas, les choses tournent surtout autour de l'amour familial, de la fondation de nouveaux foyers, histoire de perpétuer les choses. Le ton est juste, le mangaka nous fait dire au revoir à ses personnages en douceur, avant que les dernières pages, superbes, apportent une fin tout en nuances, heureuse sur certains points, profondément triste sur d'autres, les inévitables sacrifices d'une famille qui a toujours été unie devant faire le bonheur de celle qu'elle a toujours protégée, dans l'ombre.
C'est donc simple : tout ce qui tourne autour de la famille, c'est tout ce que Yuna Kagesaki a parfaitement réussi dans sa série.
KARIN © 2003 YUNA KAGESAKI / Kadokawa shoten publishing Co., Ltd.
De StrawberryFruit [629 Pts], le 07 Décembre 2013 à 20h39
J'adore ce manga, peu banal et très attachant ^^
De Vickylartiste [375 Pts], le 05 Janvier 2013 à 19h20
J'adore Karin Chibi Vampire, malgré les défauts comme le montre ce dossier, il reste mon manga préféré ^^
De Alixa90 [584 Pts], le 05 Janvier 2013 à 17h20
Je suis en cours de ce manga jai aussi vu l'anime l'histoire est bien marante j'adore
De Tonytonychopper34 [471 Pts], le 04 Janvier 2013 à 13h57
Trop marrant ce manga je suis en cours mais il me plait bien