Junko Mizuno - Actualité manga
Dossier manga - Junko Mizuno
Lecteurs
18/20

Chapitre second, où les petites filles commencent à crier

 
 

Mémé, pourquoi t'es occupée à manger pépé ?

 
    En effet, pendant que l'on passe à côté des cadavres déchiquetés et fameusement rongés des pêcheurs ayant voulu aller se soulager auprès des sirènes locales, laissez moi expliquer le côté sombre de ce monde en apparence tellement accueillant. La maitresse des lieux, comme je vous l'ai déjà dit, est une adepte de l'horreur. Et ça, vous allez le sentir passer à travers des personnages névrosés, prêts à démembrer, tuer, cuire et manger tout ce qui passe à leur portée. Derrière leurs airs d'enfants sages se cachent de véritables diables qu'il ne serait pas bon d'énerver. Et c'est alors que le gore vient se mêler au kawai général pour former un mélange aussi étonnant que détonnant. Mais ce côté trash peut prendre bien des formes et ne se limite pas uniquement à des décharges de sang. Prenez ce petit coquin de gigolo qu'est Pilou. La venue au monde de ses consoeurs, dans le genre cru, c'est quelque chose ! Et les infirmières du centre 102, que vous pourriez bien rejoindre à un moment ou à un autre, c'est pas rien non plus ! Mais bon, dites-vous bien que c'est avant tout cette improbable dualité entre le côté barbie rose bonbon sucré bien comme il faut et celui sombre et dérangé que n'auraient pas renié bon nombre de psychopathes confirmés qui donne tout son charme à cet univers définitivement unique en son genre. Du coup, après tout ça, j'espère quand même que vous avez le coeur bien accroché et l'esprit bien aéré. Non pas qu'il soit des plus difficiles à supporter, loin s'en faut, mais parce qu'il est clair que cet aspect des plus particulier risque de surprendre et de déplaire à celles et ceux qui se cantonnent généralement aux histoires où le classicisme est de rigueur. Ces mêmes histoires que Mizuno ne supportent pas tant elles sont ennuyeuses et sans saveur. Enfin, entre nous, c'est quand même sacrément grisant de voir que l'imaginaire d'une seule et même personne est capable de transformer ce que l'on connaissait déjà ou de créer des choses nouvelles en mêlant des éléments que l'on pensait bien trop éloignés que pour un jour se marier. Par contre, ne vous attendez pas non plus à découvrir des trips s'orientant vers l'ero-guro. Le décor était pourtant planté. Mais sachez qui si Mizuno apprécie la mise en scène et le trait d'un Maruo par exemple, elle n'est pas pour autant particulièrement friande de ses histoires.
 
 
 
 
 

Attention, les couleurs, ça va gerber !


    Par contre, ce que Junko Mizuno semble fortement apprécier, ce sont les couleurs vives et éclatantes. Tenez, prenez un instant pour observer le paysage autour de vous. Arbres rouges, montagnes violettes, et... herbe verte. Tiens donc, ça fait presque tâche, pour le coup ! Personne n'a envie d'assortir le sol aux arbres, par hasard ? Enfin, ces couleurs aux teintes exacerbées sont surtout présentes dans Cinderalla et Hansel & Gretel. Dans La petite sirène, on sent une évolution vers quelque chose de plus sobre. Mais cela s'inscrit aussi dans la logique d'un récit nettement plus sombre et tragique, voir torturé, et l'ensemble est toujours aussi réussi, de toute manière. Car non, toutes ces teintes qui semblent mélangées de manière hasardeuse au premier abord, bien décidées à vous faire recracher votre déjeuner, s'assemblent finalement bien mieux qu'on aurait pu l'imaginer. Dans les versions retravaillées de ses oeuvres, en tout cas. Les couleurs ne sont pas choisies aléatoirement mais viennent renforcer l'ambiance du moment, l'étrangeté des lieux. Vous le savez, où vous l'apprenez à l'instant même, c'est selon, la reine du pays des bonbons ensanglantés n'aime pas beaucoup les choses trop compliquées. Dès lors, il n'y a aucune raison de s'étonner à la voir doubler les atmosphères et les émotions qui transpirent aux travers de ses bouquins. Une première fois par écrit, une seconde par l'intermédiaire des tons choisis pour illustrer l'instant ou le lieu. Ou les deux. En outre, cette colorisation qui fait parfois penser aux comic books, nous donne également l'occasion de faire ressortir des détails qui seraient probablement passés sous notre nez si l'on en était resté au noir et blanc. Et il suffit de lire Pure Trance pour s'en convaincre. Les pages ne sont pas forcement plus remplies que dans d'autres de ses oeuvres, mais le relief apporté par les couleurs fait là cruellement défaut et l'on a tendance à trouver certaines pages difficile à lire. Avec ou sans paire de lunettes. C'est moins vrai dans Pilou, où Mizuno semble avoir davantage trouver un juste rapport entre lisibilité et décors fouillés.
Mais, si vous avez bien suivi, tout ceci ne devrait pas vraiment vous surprendre. N'oubliez pas que Junko est d'abord et avant tout une illustratrice de talent et que la couleur est pratiquement indissociable de ses réalisations.
 
 

© Junko Mizuno / All Rights reserved

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS
Shaedhen

De Shaedhen [777 Pts], le 09 Août 2011 à 21h01

Merci à vous ! ^^

Niam

De Niam [230 Pts], le 09 Août 2011 à 12h10

18/20

Très bon dossier. L'univers de Junko Mizuno me fait de l'oeil depuis un petit moment. J'espère qu'Ihmo continuera à nous proposer des oeuvres originales de ce genre.

ikuko

De ikuko [1857 Pts], le 06 Août 2011 à 21h19

19/20

Vraiment génial comme dossier ;)

Koiwai

De Koiwai [12693 Pts], le 05 Août 2011 à 22h41

Une écriture diablement inspirée et fun, qui semble bien coller avec le ton des oeuvres de l'auteure ^^ Bravo Shaedhen, t'as réussi à réveiller mon envie de découvrir Junko Mizuno ! ^^

Arch

De Arch, le 05 Août 2011 à 10h13

17/20

Article passionnant.

Je ne connais pas du tout Junko Mizuno et je découvre l'auteur à travers ce dossier.

Je reste plutôt perplexe et je ne crois pas, à priori, que je m'intéresserai à ce qu'elle fait. Néanmoins, j'ai bien envie d'aller un peu plus loin et tester une de ses œuvres à l'avenir.

 

Merci pour le dossier. :)

VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation