Junko Mizuno - Actualité manga
Dossier manga - Junko Mizuno
Lecteurs
18/20

Chapitre troisième, où l'on se met à penser

  
    Nous voila déjà arrivés aux deux-tiers de notre traversée ! Comme vous avez pu le constater, les gens ici sont pas mal allumés et le décor vachement dégénéré. Et si la maitresse des lieux aime la simplicité sans faire dans la sobriété, ce n'est pas pour autant qu'il n'y a rien à retirer de ses créations sur un plan un peu plus  orienté vers la réflexion et la pensée. Loin s'en faut !
 

Et après s'être bien vidé, faut remplir le garde-manger !

 
    Tenez, prenez par exemple ce bon gros cochon qui n'attend qu'une chose, qu'on lui découpe une côtelette tout en lui taillant une bavette. La nourriture chez Mizuno, c'est quelque chose d'incontournable. Quelque soit l'endroit où l'on se situe, c'est un thème qui reviendra quoi qu'il advienne. Boulimiques, anorexiques, obèses et créatrices de pilules minceur miracles, on en voit des vertes et des pas mûres. Par contre, si vous voulez savoir où je vous emmène avec cela, c'est bien difficile à dire et, à vrai dire, je ne saurais vous répondre. Mizuno jouant si souvent la carte du délire, il est parfois difficile de savoir où elle veut en venir. Si elle veut arriver quelque part, bien entendu. Si dans certains cas tels qu'Hansel & Gretel ou La petite sirène cette voracité se justifie de part l'histoire en elle-même, dans d'autres cas elle semble être là juste comme un élément indissociable à l'univers de l'auteur. Difficulté à se renouveler, message caché ? Simple manque de clarté ? Faut-il seulement chercher ? Rien ne sert d'être trop médisant pour autant. Ce genre d'interrogations donne aussi son charme et son originalité à l'ensemble du décor, après tout. Puis bon, une fille avec des radis qui lui pousse sur le crâne, par exemple, fallait quand même y penser !
 
 
  
 
 

Moi, j'me shoot à la féminité

 
    Quand on y pense, Pilou, notre petite boule de poils lubrique à quand même une sacrée chance d'être l'un des seuls mâles dans un monde où le nudisme est de rigueur. Comme je vous en parlait il y a quelques lignes de cela, Junko Mizuno se plait à mettre la femme très fortement en avant. Le genre masculin est rare et occupe souvent une position assez discrète. Plutôt dominé que dominant, vous voyez ? Bref, cela n'est pas sans raison aucune. Il faut notamment savoir que l'auteur est une grande fan d'un certain Russ Meyer, le "king of nudies", cinéaste prolifique ne se privant pas d'user des charmes de ces dames, en général à fortes poitrines, dans ses films. Chose qui correspond parfaitement bien à ce que produit Mizuno dans ses travaux. Nudité et violence. Un cocktail qui a fait ses preuves et qui reste fort agréable à déguster !

    Qui plus est, il faut garder à l'esprit que, dès le départ, elle a toujours voulu faire les choses autrement que les mangaka adeptes des shojo à l'eau de rose où l'on retrouve en général le bel appolon de service et la jeune fille prude et peu assurée qui tombe inéluctablement sous son charme. Dans notre pays, où les zombies sont aussi sexy que le reste de la populace, c'est plutôt l'inverse qui se produit. Les femmes qui enlèvent les hommes pour assouvir leurs désirs, c'est monnaie courante. C'en devient même problématique, toute cette délinquance ! Prenez ce pauvre Joichi, enlevé par les fées du pays des merveilles pour être ensuite éduqué à leur manière... Le temps qu'il trouve le moyen de s'enfuir, ses amours passés avaient déjà toutes trouvées chaussure à leur pied, ou globe oculaire à leur lampadaire, pour les adeptes de cendrillon version déjantée. Du coup, il a été forcé d'y retourner, chez les fées. Et qui sait ce qu'il est devenu depuis... Enfin, voila pour Joichi. Pour nous, c'est donc cette féminité à outrance qui nous préoccupe. Est-ce un mal ? Encore une fois non, pas vraiment dans la mesure où Mizuno ne donne même pas l'impression de se rendre compte elle-même de cette disproportion entre hommes et femmes dans ses récits. Cela semble s'installer naturellement de part son bagage et ses influences, voila tout.
 
 
  
 
 

Et nous, dans tout ce bazar ?

 
    Il aura fallu être patient mais, petit à petit, on voit apparaitre dans cet univers pop art pétillant et sanglant des éléments qui viennent se rapporter à une analyse de l'être humain en général. C'est donc l'heure de reprendre notre sérieux ! Ce changement, il commence à se faire ressentir dans La petite sirène, et il devient d'autant plus flagrant une fois que Pilou entre en scène. Et, évidemment, le contraire ayant été décevant, Mizuno n'est pas des plus tendres avec le portrait qu'elle dresse de nous, pauvres âmes perdues dans un monde bien trop limité. Chasseurs aveugles et sans pitié face aux sirènes, race en pleine décadence devant les yeux du gigolo. D'ailleurs, la dernière série en date de l'artiste est une vraie réussite à ce niveau-là et s'en est presque dommage de ne pas voir Mizuno continuer, jusqu'à présent, dans cette direction. D'autant plus qu'elle le fait avec une pointe délicieuse d'humour qui aide indéniablement à faire passer la pilule. En outre, elle réalise le tout sans pour autant délaisser ce qui fait la base de son univers. Et ça, c'est rudement bien !
 
 

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Commentaires

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Shaedhen

De Shaedhen [777 Pts], le 09 Août 2011 à 21h01

Merci à vous ! ^^

Niam

De Niam [230 Pts], le 09 Août 2011 à 12h10

18/20

Très bon dossier. L'univers de Junko Mizuno me fait de l'oeil depuis un petit moment. J'espère qu'Ihmo continuera à nous proposer des oeuvres originales de ce genre.

ikuko

De ikuko [1857 Pts], le 06 Août 2011 à 21h19

19/20

Vraiment génial comme dossier ;)

Koiwai

De Koiwai [12681 Pts], le 05 Août 2011 à 22h41

Une écriture diablement inspirée et fun, qui semble bien coller avec le ton des oeuvres de l'auteure ^^ Bravo Shaedhen, t'as réussi à réveiller mon envie de découvrir Junko Mizuno ! ^^

Arch

De Arch, le 05 Août 2011 à 10h13

17/20

Article passionnant.

Je ne connais pas du tout Junko Mizuno et je découvre l'auteur à travers ce dossier.

Je reste plutôt perplexe et je ne crois pas, à priori, que je m'intéresserai à ce qu'elle fait. Néanmoins, j'ai bien envie d'aller un peu plus loin et tester une de ses œuvres à l'avenir.

 

Merci pour le dossier. :)

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