Jojo's Bizarre Adventure - Stardust Crusaders - Actualité manga
Dossier manga - Jojo's Bizarre Adventure - Stardust Crusaders

Walk Like an Egyptian



Un voyage dépaysant


Si on devait résumer en un seul mot Stardust Crusaders, ce serait « voyage ». En effet, le titre brise les codes du genre en nous proposant une épopée se déroulant sur le globe terrestre, notre univers, et ciblant des pays d’Orient en les rendant crédibles. Ce que veut Araki à travers le troisième acte de sa saga phare, c’est nous dépayser, mais aussi nous enrichir. Si l’aventure part du Japon, elle n’hésite pas à nous mener en Chine, en Inde, au Pakistan, et évidemment en Egypte sur sa phase finale. Stardust Crusaders n’est ainsi pas une série comme les autres. Si dans le manga d’action nous sommes habitués aux cadres typiquement nippons ou à des univers teintés de fantaisie, le mangaka choisit ici notre monde et ses différentes cultures. Araki n’a jamais été quelqu’un qui cherchait à transposer son propre pays et préfère s’intéresse aux dehors du Japon, afin de faire voyager ses lecteurs. Nous nous trouvons alors face à un périple déstabilisant tant il nous prend à contrepied. Aurions-nous cru, un jour, voir une troupe de héros s’aventurer sur les terres de l’Inde et avoir affaire à son cadre déstabilisant et ses autochtones clamant l’aumône à tout bout de champ ? Naturellement, non. D’une manière générale, ce genre de titre nous renvoie une image cadrée du manga, pour ne pas dire du Japon. Ainsi, un cadre d’aventure si déroutant a de quoi déstabiliser, mais c’est bien ce qui rend Stardust Crusaders si particulier, si unique. Les situations rencontrées par nos héros, lorsqu’elles ne proposent pas des joutes de Stand, chacun pourrait les rencontrer, et certains en ont peut-être connu. Plus que divertir, ces 16 volumes reflètent certains pans de différentes cultures, et c’est bien ça qui fait le charme de ce voyage.

Notons aussi les particularités ethniques de chaque protagoniste. Si Jotaro et Kakyoin sont japonais (c’était d’ailleurs une première pour une saison de Jojo de proposer un protagoniste aux origines nippones), tous leurs compagnons ne sont pas issus du Pays du Soleil Levant. Joseph est américain, Abdul est égyptien, Polnareff est français… Vous l’aurez compris, Hirohiko Araki refuse de se restreindre aux frontières japonaises et souhaite nous en faire voir de toutes les couleurs, et de toutes les cultures.
  
  
  
  
  

Des personnages variés et atypiques


Stardust Crusaders brille par sa galerie de personnages véritablement nombreuse, entre les héros formant la troupe de Jotaro et les innombrables manieurs de Stand que les protagonistes rencontreront sur leur route. Les héros sont les premiers à nous surprendre. Chose inédite dans Jojo, ils sont désormais six au lieu de deux ou trois. Plus que leurs origines qui diffèrent, c’est ces caractères variés qui séduisent. Si Jotaro représente le taciturne de base, les excentriques Joseph et Polnareff ou les plus mesurés Kakyoin et Abdul font de ces compagnons une troupe véritablement attachante que l’on prend plaisir à suivre d’un bout à l’autre du récit. Sur la fin, on peut assimiler sans grand mal ces six camarades à une bande d’amis que cette flopée d’aventures a rapprochés. Et forcément, lorsque vient le moment des adieux pour certains d’entre eux, le choc est violent et rude.

Et les ennemis, comment sont-ils ? Outre Dio, monstre de charisme qui ne s’illustre que sur la toute fin du récit, Araki a créé une palette d’ennemis variés, allant de la pourriture de base à l’adversaire aux nobles idéaux, en passant par le méchant pas si méchant, mais juste un peu couillon. Toutefois, le faible temps d’apparition d’un ennemi se limitant à son combat, difficile de s’attacher véritablement à eux, ni même de les développer. Alors, ces figures restent en mémoire pour le combat mémorable ou non livré face à Jotaro et sa bande, ou alors par les interactions avec les protagonistes de l’histoire. Ainsi, si J-Gail et Enya ne restent pas très longtemps, c’est bien leur importance vis-à-vis de Polnareff qui nous fera nous souvenir d’eux sur le long terme.


Linéarité rime parfois avec efficacité


Le schéma de Stardust Crusaders est d’une simplicité étonnante, peut-être un peu trop de prime abord. En effet, on pourrait résumer le titre à la formule suivante : Un ou deux manieurs de Stand apparaissent et mettent nos héros en difficulté avant d’être vaincus. Répétitif diront certains, et pourtant non. Grâce à l’ingéniosité des concepts de Hirohiko Araki sur lesquels nous reviendrons dans la deuxième partie de ce dossier, chaque affrontement est bien différent du précédent, son traitement diffère, mais aussi son ambiance et ses références.  La formule a aussi un avantage certain d’un point de vue plus marketing. L’intrigue étant simpliste, car consistant à défaire Dio, le lecteur qui a loupé un ou deux chapitres, ou qui souhaitait simplement prendre l’aventure en route, pouvait le faire à sa guise. Le récit renvoie rarement aux chapitres précédents et mis à part quelques coups de théâtre survenant suite à quelques évènements précis, rien n’empêchera le lecteur de saisir la continuité du titre. En revanche, il pourra éventuellement regretter d’être passé à côté d’un ou plusieurs combats exaltants, mais c’est une autre histoire.

Si le propos peut s’avérer évasif si on ne traite pas le concept des Stand avec précision, il permet néanmoins de soulever l’une des habitudes d’Araki lorsqu’il nous raconte une histoire de la saga Jojo. Les affrontements se succèdent, la formule est souvent la même, mais chaque combat est bien différent. Notons d’ailleurs que l’auteur ne se prive pas pour réitérer sa formule, notamment dans la cinquième partie de son titre portant le doux nom de « Golden Wind ».
  
  
  
  
  

Stardust Crusaders et le cinéma d’horreur


Nous l’avons déjà évoqué en parlant de Hirohiko Araki, l’auteur de Stardust Crusaders. Néanmoins, quelque chose frappe lors de notre lecture et nous vient presque immédiatement à l’esprit lorsque l’on déguste chaque affrontement proposé par le titre. C’est un fait, une grande part de l’inspiration de Stardust Crusaders issue du cinéma d’horreur. La chose était déjà frappante dans les deux premiers arcs de la saga, mais ici, chaque Stand ayant ses particularités, nous pouvons presque mettre un titre de film sur les différents ennemis se dressant contre Jotaro et sa troupe.

Une voiture piégée ? Répondez Christine. Un Stand vous attaquant dans vos rêves ? Voyez-y une référence à Freddy Krueger. Un manoir lugubre ? Pourquoi pas un soupçon de Shining. Les liens entre le cinéma d’horreur et Stardust Crusaders sont particulièrement forts, ce qui confirme l’ambiance oppressante souvent adoptée par le titre. Il arrive à Araki de jongler avec les tonalités, alternant un combat à suspense et un duel burlesque, mais l’angoisse se fait souvent ressentir dans Stardust Crusaders. Par exemple, l’auteur n’hésite pas à tuer les figurants de l’intrigue de la manière la plus crue qui soit, voire de faire d’une population de civile une horde de zombies. C’est bien en prenant ce risque de partir loin dans l’horreur qu’Araki fait parfois frissonner. Notons toutefois que lorsque l’auteur reprend certains concepts d’horreur, ce n’est pas systématiquement pour générer un climat aussi angoissant. En reprenant Christine, roman de Stephen King adapté au cinéma par John Carpenter en 1983, le mangaka ne propose pas forcément une histoire terrifiante, mais davantage vouée à faire monter l’adrénaline. En somme, Arakie s’approprie ce qu’il puise dans la culture occidentale pour créer un récit qui s’affranchit des barrières traditionnelles du manga d’action.

Ainsi, l’univers et les ambiances de la série constituent les grandes qualités de Stardust Crusaders. Toutefois, difficile pour votre serviteur d’exprimer tout le bien qu’il pense de ce troisième arc de la saga Jojo sans parler précisément de ses concepts. Vous l’aurez compris, voilà qui fait l’objet de notre seconde partie.
  
  
  

JOJO’S BIZARRE ADVENTURE © 1986 by Hirohiko Araki/SHUEISHA Inc.

Commentaires

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darkjuju

De darkjuju [67 Pts], le 09 Octobre 2014 à 15h17

Excellent dossier :)

Kamen Majo

De Kamen Majo, le 19 Septembre 2014 à 18h45

Un dossier complet qui présente l'oeuvre et ses différentes adaptations de manière détaillée, en plus de proposé une analyse du succès et de la qualité indéniable de cette excellente série.

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