Gunslinger Girl

Autour de Gunslinger Girl

   

Les adaptations animées

Fort de son succès, le manga de Yu Aida a connu plusieurs adaptations animées.
  
La première série
Dès ses débuts, le manga a connu un tel succès au Japon qu'il eut droit à une adaptation animée de treize épisodes au sein du célèbre studio Madhouse (Beck, Black Lagoon, Boogiepop Phantom, Chobits...) alors que seulement deux volumes étaient parus. Au niveau du staff, on retrouve à la production Haruki Nakayama (qui a notamment travaillé sur Beck, Murder Princess ou encore Mushishi), à la direction Morio Asaka (Card Captor Sakura, Chobits, Nana...), au scénario Junki Takegami (Naruto, One Piece, Maison Ikkoku...), au chara design Hisashi Abe (Chobits, Petshop of Horrors, Devil May Cry...), et à la musique le très talentueux et prolifique Toshihiko Sahashi (Magic Knight Rayearth, Hunter X Hunter, The Big O, Full Metal Panic, Mobile Suit Gundam SEED...). C'est donc un casting prestigieux qui est à la tête de cette première adaptation animée. Et le résultat n'en est que plus convaincant.

On retrouve dans cette série les caractéristiques du manga: ne vous attendez pas à une bête série d'action, car il n'en est rien. Certes, l'action est régulièrement au rendez-vous et peut faire preuve d'une certaine violence visuelle, mais ici, à l'instar du manga: l'accent est surtout mis sur la psychologie des personnages. Ainsi, comme dans le manga, chacune des cinq jeunes filles que nous présente la série, malgré son statut de cyborg, subit régulièrement des tourments, souvent liés à leurs missions, à leur loyauté envers leur tuteur qui se rapproche parfois d'un amour aveugle, comme c'est le cas pour Henrietta, ou tout simplement à la conservation d'une part enfantine, à l'instar de Triela et de sa collection de peluches. Et comme dans le manga, les tuteurs ont chacun leur manière de s'occuper des jeunes filles: si certains se montrent attentifs ou essaient d'atténuer leur condition de tueuses, d'autres, comme Jean, le tuteur de Rico, ne leur montrent que peu de considération.
Bien entendu, le ton de cette série est lui aussi résolument dramatique et très dérangeant. En effet, qui ne serait pas perturbé face au spectacle d'une jeune fille en apparence ordinaire buvant calmement un thé, et commettant un véritable massacre deux minutes plus tard ?
Du fait qu'elle a été réalisée peu de temps après le début du manga, cette adaptation animée s'en démarque dans ses derniers épisodes, pour proposer une fin alternative profondément dramatique, que Yu Aida reprendra d'ailleurs plusieurs tomes plus tard dans son manga, et qui reste ouverte.

Sur le plan technique, bien qu'elle date de 2002-2003, la série reste un véritable bijou. En plus d'un chara design magnifique, cette première série animée jouit de décors très détaillés, forcément inspirés de l'architecture italienne, et ceux-ci sont très souvent pourvus de nombreux jeux de lumière tout en finition. Que ce soit durant les moments calmes ou les scènes d'action, l'animation est bonne. La mise en scène, souvent très posée, si bien que certains la qualifieront de lente, peut se montrer très nerveuse durant les scènes d'action. Enfin, signalons la bande-son de Toshihiko Sahashi: absolument magnifique, celle-ci puise très souvent ses sources dans la musique classique, et termine d'offrir à l'ensemble une ambiance résolument posée et classieuse.

La série a connu plusieurs éditions chez Kazé: 4 volumes unitaires (dont le premier avec ou sans artbox) en 2004-2005, puis une intégrale simple début 2006, mais surtout, une très belle intégrale collector fin 2006. Au niveau de cette édition collector, Kaze a mis les bouchées doubles. L'édition se présente sous la forme d'un grand coffret un peu plus petit qu'une feuille de format A4. celui-ci s'ouvre comme un livre, et laisse apparaître sur la partie gauche les quatre DVD, sérigraphiés d'un rouge uni collant fort bien au blanc du coffret et offrant à l'objet une certaine classe. Sur la partie droite du coffret ouvert, on retrouve le CD de la superbe BO, et, dans une pochette illustrée par une très belle image d'Henrietta, l'éditeur nous offre une grande carte collector en couleurs, ainsi qu'un livre de 90 pages contenant le storyboard du générique de début (réalisé par le célèbre Rintarô) et du premier épisode. Au niveau du son, cela reste très fluide. Quant à l'image, on y remarque par moments un léger flou, mais rien de grave. Par contre, on pourra être déçu par les sous-titres, qui ne sont pas exempts de coquilles. Enfin, nous avons droit, en plus de la version japonaise sous-titrée, à un doublage français assez réussi.
 

 
 
La deuxième série: Gunslinger Girl - Il Teatrino, et ses deux OAV
 
La série:
Cette deuxième série a été réalisée en 2008, cette fois-ci par le studio Artland (C'était nous, Macross, Mushishi). Qui dit changement de studio dit changement complet de staff. Ainsi, pas un seul membre de l'équipe de la saison 1 n'a travaillé sur la saison 2. On y trouve Hiroshi Ishiodori (Bubblegum Crash, Peach Girl, Step up love story) aux commandes, tandis que la réalisation est confiée à Rei Mano (Ghost Hunt). Le chara design, quant à lui, a été effectué par Noboru Sugumutsu (Infinite Ryvius, Argento Soma). Enfin, chose non négligeable, c'est Yu Aida en personne qui a supervisé cette deuxième saison, assisté(e) de Tatsuhiko Urahata (Monster, Master Keaton, DNA²).

On retrouve donc l'agence d'aide sociale et ses jeunes filles cyborgs, rééduquées et conditionnées pour aider le gouvernement italien à lutter contre le mouvement terroriste des Cinq Républiques. Cette fois-ci, les fillettes et leurs tuteurs auront fort à faire face à l'organisation mafieuse Padania, et plus précisément les terroristes Franco et Franca, accompagnés d'un mystérieux et redoutable adolescent assassin: Pinocchio...

Vous l'aurez donc compris: cette deuxième saison adapte en anime l'arc centré sur Pinocchio, ce qui correspond aux tomes 3 à 5 (alors que la saison 1 adaptait les tomes 1 et 2). Ainsi, alors que ce n'était pas le cas de la saison 1, nous sommes heureux de voir apparaître ici une véritable intrigue, un fil conducteur, d'autant que celui-ci, supervisé par Aida, est de ce fait plus fidèle à l'oeuvre d'origine que ne l'était la saison 1. Notons également que cette deuxième saison, fort logiquement, ne prend pas en compte la "fin" alternative de la première série.

C'est donc avec grand plaisir que l'on voit l'arc de Pinocchio, l'un des plus intéressants et travaillés du manga, adapté. Plus encore que dans la saison 1, l'accent est mis sur les relations entre les fillettes et leurs tuteurs respectifs, mais aussi sur le contraste malsain entre leur apparence et leurs loisirs de gamines et leur statut de tueuses dépourvues d'émotions.
Et à l'instar de la version papier, un travail a été apporté sur les ennemis à abattre: la rencontre et la relation entre Franco et Franca sont bien retranscrites, tout comme le personnage de Pinocchio, conditionné depuis l'enfance par son oncle pour tuer. De ce fait, on se surprend à s'attacher à ces personnages, et notamment à l'adolescent tueur, dont le sombre avenir semblait tracé depuis ses plus jeunes années, sans qu'il ait le choix. L'accent est également mis sur le personnage de Triela, qui, comme dans l'oeuvre originale, est ici au coeur de la série. Le tout suit fidèlement le manga jusqu'au dernier combat de l'arc, celui entre Triela et Pinocchio, qui revêt une saveur particulière pour les deux enfants, mais aussi pour le spectateur, qui ressent pleinement l'émotion de ce duel inévitable entre deux jeunes êtres finalement très loin d'être différents.

En ce qui concerne l'aspect technique, c'est un fait, la qualité est inférieure à la première saison. Les décors restent vraiment bons mais sont moins travaillés, les jeux de lumières et contrastes ont disparu, la mise en scène moins posée et élégante, et l'animation est moins soignée, notamment lors des scènes d'action. Les musiques, en dehors d'un opening magnifique signé Kokia et d'un ending plaisant, sont un peu plus passe-partout mais collent bien au titre. Enfin, le design des personnages pourra rebuter, du fait que les fillettes aient souvent de grands yeux, de grosses têtes par rapport à leurs corps parfois trop petit. De plus, le tout se montre vite très inégal lors des plans éloignés. Et pourtant, l'ensemble est beaucoup plus fidèle aux dessins de Yu Aida sur les derniers tomes parus du manga. Enfin, l'atmosphère est sans doute moins sombre et moins classieuse que celle de la première série.

Au final, Gunslinger Girl - Il teatrino est une deuxième saison beaucoup plus fidèle au niveau des relations entre les personnages, de l'intrigue et du style visuel que la première saison, mais techniquement bien en dessous sans être mauvaise. Les spectateurs qui en arriveraient à trop comparer les deux séries animées risqueraient d'être déçus. Au contraire de ceux privilégiant avant tout le rapport au manga, qui devraient être satisfaits.




Les deux OAV:
Après la série TV de 13 épisodes, les studios Artland ont prolongé l'aventure Gunslinger Girl - Il Teatrino avec deux OAV de 25 minutes chacune, où il ne sera plus question de l'affaire Pinocchio, mais de tout autre chose: les souvenirs douloureux et les regrets de deux frères plus que jamais unis par un même passé dramatique.

Dans la première OAV, Jean, parti se recueillir sur la tombe de sa fiancée décédée, tombe sur le frère de cette dernière, qui a rejoint un mouvement gauchiste pour venger sa soeur dans le sang des Padaniens. Mais bien malgré lui, il va mettre l'Agence d'Aide Sociale sur une piste qui va emmener Jean et Rico à Venise...
Se concentrant surtout sur Jean et Rico, cette OAV permet de découvrir une autre facette du taciturne Jean, dont on comprend un peu mieux la si froide personnalité. C'est également avec plaisir que l'on voit le duo Jean/Rico, si souvent en arrière plan, cette fois-ci sur le devant de la scène. Et malgré la brièveté de l'OAV, qui ne permet pas d'aborder les choses en détail, le spectateur pourra observer avec plus de minutie le lien entre la fillette et son fratello.

Plus intéressante, la deuxième OAV voit Jean et José, accompagnés de Rico et Henrietta, retourner en Sicile, dans leur villa de famille. Mais passé et présent vont venir se mêler, lorsque la présence des deux fillettes dans la demeure va faire remonter chez les deux hommes le souvenir de leur jeune soeur décédée... Une OAV où la mélancolie et la douceur se mêlent pour nous montrer Jean et José comme on ne les avait jamais vus, profondément troublés par les deux fillettes qui leur rappellent leur soeur. Un épisode qui, quelque part, permet d'approfondir et de nuancer encore un peu plus les liens qui peuvent exister entre les deux hommes et les fillettes dont ils ont la charge. Et contre toute attente, c'est surtout chez Jean que l'on ressentira le plus de trouble face à la situation.

Techniquement parlant, ces deux OAV conservent les caractéristiques de la série: un rendu global moins classieux et moins recherché visuellement que la première série, mais plus fidèle au manga original. On notera à nouveau le travail apporté aux décors. L'ambiance, toujours aussi posée, met parfaitement en valeur les personnages et leurs tourments.

Dans ces deux OAV, pas ou peu d'action, l'accent est avant tout mis sur Jean et José, sur leurs relations toujours plus subtiles avec Rico et Henrietta, sur leur passé dramatique. Deux OAV réussies malgré leur brièveté, où la mélancolie règne, et qui permettra notamment au spectateur de voir Jean comme on ne l'avait encore jamais vu. Au final, voici un approfondissement sympathique, qu'apprécieront surtout celles et ceux connaissant le manga original.
 



Les éditions:
Cette deuxième série est sortie en 2009 chez Kazé sous forme de deux coffrets regroupant respectivement 7 et 6 épisodes. Dans chacun des deux coffrets, l'image et le son sont de qualité. Les épisodes sont regroupés sur deux DVD aux superbes sérigraphies, eux-mêmes disposés dans un coffret digipack aux illustrations magnifiques. En guise de bonus, on trouve, sur l'ensemble des deux coffrets, des jaquettes alternatives pour le manga (10 au total), et des reportages nous présentant des conversations plus ou moins intéressantes entre les doubleurs japonais (Henrietta et  José dans le premier coffret, Angelica et Marco dans le deuxième). Enfin, notons qu'il n'y a pas de version française, uniquement une piste japonaise sous-titrée en français (des sous-titres dans lesquels se sont glissées quelques coquilles, mais rien de grave).

Du côté de l'édition des OAV, Kazé nous offre un DVD doté d'une jolie sérigraphie reprenant la jaquette du boîtier, un amaray simple lui-même protégé par un fourreau en carton du plus bel effet. Du côté des bonus, on retrouve deux interviews, l'une de Lia et Aoi Tada, les chanteuses du générique de fin "Doll", l'autre de Masaya Matsukaze, le doubleur de Hilscher. Enfin, image et son sont de bonne qualité.

Enfin, notons que l'intégrale de la série et des deux OAV seront regroupées en un seul coffret à paraître en octobre 2010.

Les goodies

Toute série connaissant le succès a droit à ses goodies, et Gunslinger Girl ne déroge pas à la règle.

Parmi ceux ayant eu droit à une parution en France, notons que les CD des BO des deux séries animées sont sortis chez Wasabi Records, en 2006 pour la première série, en 2009 pour la deuxième.
Quant à la figurine incluse dans l'édition spéciale limitée du volume 6, il s'agit d'une très jolie figurine de Henrietta éditée au Japon en 2006 par le fabriquant Good Smile Company.


 
 
Plusieurs autres produits dérivés sont sortis au Japon.
En 2005/2006, le fabriquant Amie-Grand a lancé sur le marché trois kits en résine, deux de Henrietta et un de Triela. En 2008, l'un des deux modèles de Henrietta est ressorti dans une version déjà montée et peinte.
De son côté, le fabriquant Beat a sorti deux séries de gashapon de qualité assez inégale, l'une en 2004, l'autre en 2007.
Gunslinger Girl a également connu trois adaptations en jeux vidéo, sorties uniquement au pays du soleil levant. Ces jeux ne sont rien de plus que des shoot'em up où le joueur incarne une des fillettes pendant sa mission. Notons également que ces jeux mettent en scène un nouveau Fratello, inédit dans le manga: la fillette se nomme Pia, et son tuteur Earnest.
Enfin, fin 2005, Marvelous Entertainment a sorti un "image album", intitulé Poca Felicità. Cet album contient diverses chansons en l'honneur des fillettes interprétées par les doubleuses de la première série animée, un morceau instrumental dédié à Pinocchio, et bien d'autres morceaux. La jaquette de cet album a été dessinée par Yu Aida en personne.

Notons que, malgré la renommée de Yu Aida dans le milieu de l'illustration, aucun artbook n'est sorti à ce jour.