Un concept basique...
Divines - Eniale & Dewiela est une série qui repose sur une idée assez simple: une succession de petites péripéties au fil desquelles Kamome Shirahama joue sur la relation d'opposition et de complémentarité entre ses deux héroïnes, voire un petit peu plus encore.
Dans le tome 1, nos héroïnes devront essayer de retrouver la mère d'un bébé abandonné, faire du shopping dans la capitale de la mode Paris, venir en aide à une fillette voulant guérir la maladie incurable de sa mère, ou encore se construire un étonnant spa aux allures de Jardin d'Eden.
Dans le volume 2, elles ne manqueront pas de s'attirer le courroux des divinités japonaises en essayant de mettre la main sur leurs "protégés", puis elles s'acharneront à lutter l'une contre l'autre pour faire d'un beau prêtre soit un ange soit un démon, à veiller sur les derniers instants d'une dame âgée tout en devant faire avec un chat irascible, ou même à chercher une boucle d'oreille de Dewiela qu'Eniale a perdue quitte à mettre une partie du monde sens dessus dessous.
Et dans le troisième et dernier opus, les chemins des deux miss se divisent un peu plus.
Quand Eniale utilise à contre-emploi un remède de Dewiela qui lui fait pousser de multiples ailes, l'ange ne trouve rien de mieux que de s'associer à la jeune Maria pour se lancer dans un commerce de plumes miraculeuses aux trop grandes proportions. Puis lorsqu'elle doit s'occuper de Kyriel, une jeune ange beaucoup plus rigoureuse et sérieuse qu'elle, Eniale préfère l'emmener en séance shopping. Une séance qui risque fort d'énerver la stagiaire, mais au bout de laquelle elle risque pourtant de recevoir une petite leçon sur la façon dont les anges doivent accompagner avec charme et douceur les âmes au Paradis.
Pendant ce temps, Dewiela, elle, choisit de s'infiltrer au sein d'une troupe de théâtre pour corrompre la patronne et engranger un maximum d'âmes en peu de temps. Mais tandis que la comédie musicale menace de dégénérer à tout moment, l'ombre d'un certain exorciste risque de planer...
Du Japon à la Côté d'Azur en passant par Londres, Kamome Shirahama fait volontiers voyager ses deux héroïnes opposées à différents coins du globe pour leur faire vivre différentes petites aventures dont les tournures seront parfois étonnantes. Et dans l'ensemble, on a droit à des cadres ainsi qu'à des situations de départ diversifiées, qui permettent sans difficulté de renouveler les choses tout au long des trois volumes.
... pour un schéma simple mais plein de ressources
Que ce soit en "aidant" les autres ou en se lançant dans certaines lubies, les deux héroïnes de Divines - Eniale & Dewiela amènent à chaque fois un point de départ assez simple, partant même parfois d'une bonne volonté (plus chez l'ange que chez la démone, forcément, puisque cette dernière n'hésiterait pas à pousser une fillette à vendre son âme, entre autres choses).
Mais dans chaque cas, leurs rixes, leur caractère extravagant ou leur zèle font que la situation ne va cesser de déraper toujours plus, ne serait-ce que dans le premier volume histoire de citer quelques exemples: piratage des médias et matraquage d'affiches dans le monde entier pour retrouver la mère du bébé, irruption d'un caniche géant semant la panique en ville, course-poursuite contre un exorciste bien fêlé lui aussi, élaboration d'un spa qui se transforme en pluie diluvienne partout sur la planète...
On a alors droit à des récits où l'autrice va parfois un peu vite dans sa narration, mais au fil desquels l'ensemble se veut plutôt amusant. Et au-delà de l'humour pur, Kamome Shirahama a plusieurs mérites. Comme, bien sûr, faire montre de pas mal d'imagination et de petites idées saugrenues. Mais aussi varier les ambiances, car à côté de l'humour prédominant il y a des surprises, notamment dans le tome 2 autour du prêtre, voire un peu d'émotion, comme dans l'histoire avec le chat., toujours dans le second volume.
Là où la mangaka s'avère également assez douée, c'est dans sa manière de parvenir à multiplier divers brefs clins d'oeil. Il y a notamment tout ce qui tourne autour du monde des anges et des démons, mais surtout des démons et de la démonologie avec Glasya, Gaap, Lemegeton, Crocell... créatures que Kamome Shirahama se réapproprie un petit peu à sa sauce. Mais plus généralement, on pense aussi multiples petites références religieuses (avec, entre autres, l'opposition de la religion japonaise aux croyances dont font partie nos deux héroïnes), et aux clins d'oeil qui, au contraire, ne sont pas religieux (on pense, par exemple, au clin d'oeil à la chanson et au clip Thriller de Michael Jackson).
Enidewi © Kamome Shirahama 2013 / KADOKAWA CORPORATION
