Devilman - Actualité manga
Dossier manga - Devilman
Lecteurs
20/20

Quelques mots de plus sur les dessins


Ont déjà été abordés, entre autres, la mise en scène, l'horreur et la violence dans Devilman, mais voici quelques éléments supplémentaires à noter sur le style de Gô Nagai.

Si l'auteur s'en donne à coeur joie pour renouveler ici son dessin et essayer maintes choses, son coup de crayon de base s'inscrit dans la lignée de ses deux maîtres : Osamu Tezuka dont les oeuvres l'ont toujours bercé, et Shôtarô Ishinomori pour qui il a travaillé durant deux années, période pendant laquelle il a pu assimiler nombre de ses techniques. Ainsi, on retrouve aisément dans le design même des personnages des gimmicks s'inscrivant dans la continuité de Tezuka/Ishinomori, à commencer par le look des personnages principaux, mais aussi celui des protagonistes plus « mauvais » ou « désoeuvrés » comme la bande de Roku dont les physiques sont volontairement marqués.



Il y a aussi, à plusieurs moments, dans les visages ou les gestes, une petite impression de cartoon, inspirée sans doute de Tezuka, qui lui-même a connu une forte influence de Disney.





Les décors, eux, ne sont pas forcément ce qu'il y a de plus présent, sauf quand il sont un élément utile de mise en scène comme on a déjà pu le voir. Dans ces cas-là, l'auteur peut grandement s'appliquer à les dépeindre, que ce soit pour faire ressortir la beauté d'une scène (première image ci-dessous), pour l'utilité d'un combat, (deuxième image), ou encore pour faire ressortir l'ambiance militarisée (troisième image)  ou apocalyptique de la situation. On peut aussi noter régulièrement des pages saisissantes, comme la forêt vierge et sauvage du crétacé (quatrième image).






Enfin, il y a un certain érotisme, de celui qui commençait tout juste à apparaître à l'époque, celui avec lequel Nagai jouait à en choquer le PTA dans Harenchi Gakuen, et celui qu'il continuera ensuite régulièrement de mettre en valeur via des héroïnes inoubliables comme Cutie Honey. Ici, l'érotisme ne fait que transparaître et n'est qu'un élément supplémentaire du charme que dégagent l'humaine Miki, la démone Sirène, ou la fille-démon Miko.


L'héritage laissé par Devilman


Dans les éléments, si vous avez lu attentivement le dossier vous aurez déjà cerné tout ce que Devilman a pu apporter : une vision de l'homme plus noire et pessimiste que jamais, une critique très virulente et ne prenant pas de détour, de nouveaux éléments de mise en scène, une nouvelle façon d'aborder la violence (Nagai dénonçant la violence en exposant cette violence, et mettant en garde sur ce qui nous attend si l'on continue dans cette voie), la sexualité (que ce soit via l'érotisme ou via Ryô, par exemple) et les tourments accablant le héros...

Tant et si bien qu'un grand nombre de mangakas (entre autres) citent Gô Nagai et Devilman parmi les titres qui les ont le plus marqués.

On peut nommer plus précisément, et parmi beaucoup d'autres, deux cas célèbres.
Tout d'abord, Hideaki Anno, dont Devilman fut l'une des sources d'inspiration essentielles dans le principe même d'Evangelion et dans l'abord de concepts à connotation religieuse comme les Anges et l'Apocalypse. Qu'on se le dise, sans Devilman, nous n'aurions peut-être jamais eu Evangelion. Et de ce fait, il est moins étonnant d'avoir vu Mr Anno réaliser le film live de Cutie Honey !
Ensuite, Kentarô Miura : Devilman et Guts de Berserk ont pour point commun un sacrifice de leur humanité pour tenter de sauver le monde de hordes de démons. Miura ne cache pas que c'est bien l'oeuvre de Nagai qui a donné naissance à cet aspect de sa série de dark fantasy.

D'autres exemples sont bien connus, dans des genres parfois bien différents : les Clamp et Hitoshi Iwaaki ont été marqués par Devilman pour créer respectivement X et Parasite, les références à l'oeuvre de Nagai sont également évidentes dans Arms... Plus récemment, Nakatani D., l'auteur de Reversible Man, avouait aussi dans notre interview avoir été très marqué dans sa jeunesse par Gô Nagai.

De nombreuses références et clins d'oeil plus discrets à Devilman parsèment également les autres oeuvres de Nagai comme Mazinger Z ou Cutie Honey, mais également de nombreuses oeuvres d'autres auteurs. Par exemple, dans Young GTO Tôru Fujisawa offre quelques clins d'oeil. Dans le jeu Megaman, Keiji Inafune s'est inspiré de Devilman pour créer le casque de Zero. Suda51 glisse parfois des références à Devilman et à d'autres titres de Nagai dans ses jeux. Dans Yu-Gi-Oh, la carte du Démon Légendaire serait elle aussi inspirée de Devilman. Ou, plus, récemment, la série animée KILL la KILL est bourrée de références aux oeuvres de Nagai, à commencer par le look de Ragyo Kiryuin qui s'apparente à celui de Sirène.

Que ce soit dans l'étude qu'on continue de lui porter ou dans les nombreux artistes marqués par l'oeuvre, Devilman continue de faire parler.


Autour de Devilman


Et il continue d'autant plus à faire parler que les spin-off, adaptations et réinterprétations ont été très nombreux et continuent toujours à affluer !


Une saga conséquente en manga...


Du côté des dérivés manga, voici un plan non-exhaustif de ce que l'on peut appeler la saga Devilman, avec une tentative de chronologie.

Avant Devilman, la saga Maô Dante est souvent évoquée comme un prélude à Devilman. On y trouve :
- Maô Dante (1971).
- Shin Maô Dante, réinterprétation par Akira Fûga en 1994.
- Maô Dante: Kamima Taisenhen, réadaptation faite en 2002.
- Maou Dante Tai Getter Robo G , histoire alternative conçue en 2011 réunissant Maô Dante et Getter Robo G.

Devilman, la saga principale. On y trouve :
- Devilman (1971)
- Violence Jack, la longue suite de Devilman débutée en 1974, nous plongeant en plein univers post-apocalyptique, avant même un certain Mad Max qui est considéré comme fondateur du genre.
- Shin Devilman, one-shot conçu en 1979 et qui correspond en réalité aux voyages dans le temps du tome 3 de l'édition proposée par Black Box.
- Devilman Lady, histoire alternative conçue en 1997.
- Amon, réinterprétation dessinée par Yu Kinutani en 1999.
- Neo Devilman, une anthologie de plusieurs auteurs (dont Hitoshi Hiwaaki, Tatsuya Egawa, Sho-u Tajima...) conçue en 1999.
- Violence Jack - Demons in a War-Torn Land, one-shot séquelle de Violence Jack, sortie en 2001.
- Devilman Mokushiroku - Strange Days, one-shot de yu Kinutani conçu en 2005.
- Shin Violence Jack, séquelle de Violence Jack datant de 2005.
- Devilman G (ou Grimoire), histoire alternative dessinée par Rui Takatô en 2012.
- Sirene-chan, one-shot de 2012 consacré à Sirène.

En France, pour l'instant nous ne connaissons donc que le Devilman d'origine, Shin Devilman publié dans le tome 3 de l'édition de Black Box, et Amon.


  


… et qui l'est tout autant en adaptations TV


De ce côté-là aussi, c'est riche, et on aurait vite fait de s'y perdre ! Voici donc un petit point rapide.

1972-73 : Devilman, adaptation du manga Devilman en série.
1973 : Mazinger Z VS Devilman, film crossover.
1986 : Violence Jack (Harem/Harlem Bomber) Adaptation du manga Violence Jack.
1987 : Devilman. Adaptation du manga Devilman en OAV.
1988 : Violence Jack 2 (Evil Town). Prequel de Violence Jack.
1990 : Violence Jack 3 (Hell's Wind (Hen)). Suite de Violence Jack 2.
1991 : CB Chara Go Nagai World, parodie en 3 OAV des oeuvres de Nagai dont Devilman,
1998-99 : Devilman Lady, adaptation du manga Devilman Lady en série.
2004 : Devilman, film live.
2015 : Cyborg 009 vs. Devilman, crossover de 3 OAV.

En France, nous n'avons eu en DVD que les OAV de 1987, CB Chara Go Nagai World via le coffret Gô Nagai sorti chez Black Box, et le film live.


 


Pour finir...


Quand Devilman est sorti au Japon dans les années 1970, l'oeuvre a choqué et/ou fasciné pour son son propos profondément violent et pessimiste pour son époque, et a marqué nombre d'artistes qui revendiquent clairement son influence. Quarante ans plus tard, l'oeuvre de Gô Nagai a vieilli en ne prenant quasiment pas de ride, tant encore aujourd'hui elle fait école et la grande majorité de ses thématiques sont toujours d'actualité. Que dire de plus pour une conclusion sur une telle série ? Hé bien, que la possibilité d'enfin la découvrir ou la redécouvrir en français dans une édition enrichie est une chance à ne pas laisser passer.



  
  
Fiche de la série
Fiche vo de la série
Fiche de l'auteur
  
  
Sources :
Biographie de Gô Nagai par Matthieu Pinon dans l'édition française de Cutie Honey sortie chez Isan Manga.
Encirobot.
Nihon-Eiga.
Wikipedia.
Interview de Gô Nagai sur notre site.
Conférence de Gô Nagai au MAGS.
  
  
Mise en ligne le 25/12/2015.
  
  

Dossier réalisé par Koiwai


DEVIL MAN © 1972-1999 Go Nagai

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS
Jraph

De Jraph [60 Pts], le 05 Février 2016 à 16h03

Dossier très intéressant. Je savais que Nagai avait été au centre de polémiques, mais j'ignorait tout des détails.

Un auteur qui possède plus une grande aura que des titres marquants, je trouve. En tout cas, Devilman est sûrement son oeuvre la plus marquante, malgré quelques passages en deça.

Les délires avec Hitler, entre autres

 

Avis très personnel, Go Nagai s'est trouvé au bon endroit au bon moment. (Mais encore fallait-il répondre présent, on est d'acord.)

 

Spadeas

De Spadeas, le 26 Décembre 2015 à 20h47

20/20

Un bien beau dosseir sur une série culte et sur un bonhomme qui l'est tous autant. On cite souvent Tezuka comme le dieu du mange et Ishinomori comme son roi, mais avec Nagai on à la sainte trinité réunis. Son oeuvre est colossale et je suis bien content qu'on puisse enfin le decouvrir chez nous.

VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation